1. Soigner l'annonce

Quand annoncer votre grossesse à votre enfant ? De fait, il n’y a pas de moment idéal. Tout dépend de son âge, de son caractère. Si au premier trimestre, il se pose des questions, car il ne vous sent pas comme habitude, dites-lui que vous attendez un bébé plutôt que de lui cacher la vérité. S’il venait à l’apprendre d’une tierce personne, il se sentirait trahi, et ce serait un mauvais départ ! Sinon, il est préférable d’attendre la première échographie pour le lui annoncer.

Choissisez un moment calme, avec le papa, et utilisez des mots simples : « Papa et maman ont fait un bébé, tu vas bientôt avoir un petit frère ou une petite sœur ». Précisez-bien, surtout s’il est petit, que ce n’est pas pour tout de suite. Comme il n’a pas encore la notion du temps, donnez-lui un repère du type : « le bébé naîtra un peu avant Noël », « quand tu entreras chez les grands à la maternelle », « au début des grandes vacances ». Prenez le temps de répondre à ses questions et de le rassurer quant à ses éventuelles inquiétudes... seulement s'il en a. 

« Nous avons annoncé la grossesse le plus simplement possible, sans trop en faire et surtout, sans lui dire « n'aie pas peur, maman et papa t'aimeront toujours » ou quelque chose dans le style. Cela risquerait au contraire de l’inquiéter ! De même, il me semble inutile de dire que cette grossesse pourrait s'arrêter, alors qu'il n'y pense pas. Cela pourrait l'angoisser. », conseille Mélanie, maman de trois enfants.

Lors de l’annonce de votre grossesse, évitez en effet de vous excuser, de rassurer plus que nécessaire votre enfant s’il n’éprouve pas d’inquiétude – ce qui finalement risquerait d’en faire naître chez lui ! 

2. L’impliquer dans la grossesse… mais pas trop

Sans trop entrer dans les détails médicaux sur le mystère de la vie qui à cet âge pourraient lui faire peur, vous pouvez faire participer votre enfant à votre grossesse en lui proposant de parler au bébé, de toucher votre ventre... sans le forcer s’il n’en a pas envie. Vous pouvez également lui raconter vos souvenirs lorsque vous l'attendiez lui aussi, et la joie que vous avez ressentie à sa naissance. Cela le rassurera sur sa place au sein de la famille.

En revanche, l’amener aux échographies n’est pas une très bonne idée : il n’est pas en âge de comprendre les images qu’il pourrait voir à l’écran, et cela demeure un examen médical, pas un spectacle !

Les livres sont un excellent support pour lui expliquer, avec des mots adaptés à son âge, ce qui se passe dans votre ventre. Notre sélection :

- Catherine Dolto, Attendre un petit frère ou une petite sœur, Giboulées, coll. Mine de rien 2006

- Nathalie Bélineau, Attendre un bébé, L’imagerie des tout-petits, Fleurus, 2004

- Marianne Vilcoq, J’attends un petit frère, L’Ecole des loisirs, 2001

3. Lui expliquer ce qu’est un bébé

S’il est encore petit, pour votre enfant, un bébé c’est… un enfant comme lui ! Mais à la naissance, il risque d’être très déçu face à ce tout petit bébé qui ne sait rien faire – à part pleurer, dormir et manger – et accapare tout votre temps. Pourquoi faut-il donner à manger souvent au bébé ? (Parce que son ventre est encore petit). Pourquoi il pleure beaucoup ? (Parce que c’est son unique moyen de communication) Pourquoi il faut le porter (Parce qu’il ne sait pas marcher)… En amont de la naissance, prenez le temps de lui expliquer le quotidien à la maison avec un bébé, en précisant qu’il nécessitera beaucoup de votre temps au début et qu’il ne pourra pas être tout de suite un petit compagnon de jeu. « Tout cela peut paraître anodin à un adulte, mais c’est une découverte pour un enfant qui ne connaît pas les bébés », rappelle Agnès Laprelle-Calenge.

Encore une fois, les livres sont un bon support pour familiariser votre aîné à la vie d’un nouveau-né. Nos préférés :

- Catherine Dolto, Un bébé à la maison, Giboulées, coll. Mine de rien, 2007

- Orianne Lallemand et Eléonore Thuillier, P’tit Loup devient grand frère, éd. Auzou, 2015

-  Michaël Escoffier, Petit frère, petite sœur, mode d’emploi, éd. Frimousse, 2013

4. Le rassurer sur votre amour… infini

Durant la grossesse, puis à la naissance, il est normal que votre aîné aie l'impression d'être moins aimé avec le temps que vous passez à vous occuper du bébé. Avec des mots simples, rassurez-le en lui expliquant la différence entre le temps et l’amour. « Dites à votre ainé que le temps se partage, mais que l’amour ne se partage pas. Que vous n’avez pas moins d’amour pour votre aîné parce que vous avez un autre bébé. Et que le cœur des parents grandit avec le nombre d’enfant pour qu’il y ait de la place pour chacun. », explique Agnès Laprelle-Calenge.

5. Lui dire qu’il sera le grand… mais toujours un enfant

Certes votre enfant va devenir le grand de la fratrie, et lui donner ce statut peut le valoriser. Vous pouvez par exemple lui dire que ce bébé va avoir beaucoup de chance d’avoir un grande frère/une grande sœur comme lui/elle. Qu’il pourra lui apprendre plein de choses. Attention toutefois à ne pas le surinvestir dans son statut de grand, rassurez-le sur le fait qu’il est et restera un enfant.

Une fois le bébé né, « évitez de donner trop de responsabilités à votre aîné en ce qui concerne le bébé. Il peut vous aider, mais c’est selon sa demande et son envie, il n’y a aucune obligation. », conseille la psychologue.

6. Respecter ses émotions

Joie, impatience, jalousie, angoisse… : il est tout à fait naturel qu’à l’annonce de votre grossesse, puis à la naissance du bébé, votre enfant éprouve des sentiments contradictoires. Il était jusqu’à présent le centre de votre attention et un bébé vient désormais vous occuper toute la journée ? La jalousie est une réaction naturelle, et même saine. Dites-lui que vous comprenez ce sentiment, encouragez-le à mettre des mots sur ce qu’il ressent, puis rassurez-le. Parfois, l’enfant n’arrive pas à verbaliser et ses craintes et sa jalousie peuvent se traduire par une agressivité. Dites-lui que vous le comprenez, rassurez-le sur votre amour, tout en mettant de suite un hola à tout comportement agressif.

7. Procéder à un échange de cadeau

« A l'arrivée du bébé, nous avons offert à Téo un beau cadeau, pour marquer le fait que désormais, il était devenu grand-frère. Ce cadeau a été offert par nous et non par le bébé qui ne pouvait pas fabriquer de cadeau dans mon ventre. Téo a été ravi: il a beaucoup joué seul avec sa voiture télécommandée. 4 ans après, il se souvient toujours de ce cadeau particulier. », raconte Anaïs, maman de Téo et Noé.

Offrir un cadeau à l’aîné à sa naissance : l’idée ne fait pas l’unanimité parmi les spécialistes de la petite enfance, ni même les parents. Certains estiment en effet que l’enfant doit comprendre que c’est chacun son tour… Que le bébé, à la naissance, a beaucoup de cadeaux car il vient de naître, et que l’on « n’achète » pas son éventuelle jalousie avec un cadeau.   

Pour d’autres en revanche, c’est un moyen de célébrer la nouvelle fratrie, un échange bienveillant. «Offrez un cadeau de la part du bébé à votre aîné. Votre aîné peut aussi choisir un doudou pour le bébé. C’est une façon de se dire qu’on fait partie de la même fratrie, que chacun accueille l’autre », estime notre psychologue.

8. Accepter qu’il régresse

Redemander le biberon, faire quelques pipis au lit, renouer avec les « deux ans terribles »… : il arrive parfois que l’aîné régresse durant la grossesse et à l’arrivée du bébé. Dans le processus de réaménagement des places au sein de la fratrie, un petit recul en arrière est parfois nécessaire à l’enfant pour qu’il trouve sa nouvelle place de grand. Tant que cette régression est transitoire, ne vous inquiétez pas, montrez-lui que vous comprenez qu’il a besoin d’un petit temps d’adaptation. Surtout, ne le grondez pas ! Si cela perdure cependant, il peut être bon d’en parler à un professionnel.

9. Garder des temps de qualité

On vous l’accorde : ce sera difficile au retour de la maternité. Mais essayez si possible de garder des petits temps de qualité avec votre aîné pour faire un jeu, lire une histoire. L’histoire du soir notamment est un rituel important à préserver. « Lorsque vous réussissez à jouer un peu avec votre aîné, à lui lire une petite histoire, faites-lui remarquer : ‘tu vois, j’ai aussi du temps pour toi, j’aime être avec toi et faire des choses de plus grand' », conseille la psychologue.

10. Etre convaincu que la fratrie est une richesse

Dès l’annonce de la grossesse et jusqu’à l’arrivée du bébé – puis toutes les années qui suivront – le plus important est peut-être, finalement, d’être convaincu soi-même qu’avoir des frères et sœurs est une véritable richesse. Ce qui est plus facile, avouons-le, lorsque l’on a soi-même une bonne expérience de la fratrie ! Même la jalousie, la rivalité que fait naître la fratrie sont une chance pour grandir. Dans son livre Frères et sœurs, une maladie d’amour (Fayard, 2002), le pédopsychiatre Marcel Rufo explique comment la naissance d’un petit frère est un « cataclysme intérieur », mais une expérience constructrice. Selon le spécialiste, la rivalité aide les enfants d’une même fratrie à grandir ; la jalousie à faire le deuil de la toute-puissance de l’enfant-roi.