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    La collaboration parents professionnels

     Pierre Moisset – Petit 1 Lyon – Collaboration parents-professionnels - 9

     

    A quoi parents et professionnels collaborent-ils au sein des établissements d'accueil de la petite enfance? Cette question de la collaboration est très souvent et fort logiquement posée dans le cadre des crèches parentales qui impliquent une collaboration concrète des parents et des professionnels dans le cadre du fonctionnement même des structures. Mais qu'en est-il de cette collaboration dans les structures d'accueil de la petite enfance à gestion municipale ou départementale?
    Cette question de la collaboration parents-professionnels se pose d'autant plus qu'il fait partie d'un ensemble de « mots à la mode » : coéducation, accompagnement des parents, coconstruction, collaboration... mots à la mode qui ne sont justement pas qu'une mode mais aussi le reflet d'un profond changement de nos institutions, et de nos sociétés Un changement qui, pour le dire très vite, implique l'ouverture des institutions et des professionnels à leurs usagers et ce dans une logique de démocratisation. C'est à dire une logique dans laquelle l'usager est sensé avoir des choses à dire sur le service qui lui est rendu et pouvoir les dire en étant entendu de différentes façons. D'où ensuite les idées de participation, de collaboration, coéducation, coconstruction du service etc...

     Maintenant qu'en est-il concrètement dans le cas particulier des établissements collectifs d'accueil du jeune enfant? Parents et professionnels peuvent-ils collaborer et si oui à quoi? Pour répondre à la question revenons à l'étymologie du terme collaborer : littéralement travailler ensemble. A quoi donc parents et professionnels peuvent-ils travailler ensemble dans l'accueil du jeune enfant? Pour répondre à cette question je vous propose une rapide exploration de ce que les parents peuvent venir chercher en crèche, ou plutôt des rapports parentaux à la crèche. En effet, tous les parents n'arrivent pas avec les mêmes demandes, les mêmes rapports, les mêmes relations avec la crèche et ses professionnels. Aussi, ce qui va pouvoir être travailler entre eux et les professionnels ne sera pas toujours la même chose, ce qui va poser de manière différente – pour chaque type de parent - la question de la « collaboration ». Une fois que nous aurons exploré ces différents rapports parentaux à la crèche, nous verrons justement comment cette différence au sein des parents interroge la possibilité d'une collaboration entre parents et professionnels et quelles sont les pistes de positionnement des professionnels – mais aussi en retour des parents – pour qu'ils puissent, malgré les différences, trouver un terrain de collaboration autour de l'accueil du jeune enfant.

      Pour rendre compte de la diversité des parents en crèche, nous nous proposons d’exposer une typologie des parents usagers des crèches issue d’une précédente étude. Cette typologie saisit le rapport des parents à la crèche à travers leur propre rapport à leur rôle parental et à sa construction. Elle se veut un outil de travail pour les professionnels à qui elle peut donner de nouvelles “lunettes“ pour voir les parents et travailler à partir de cette nouvelle vision. Mais elle n’est ni complète ni arrêtée. En tant qu’outil de travail elle a vocation à être travaillée et dépassée.

     Trois types de parents face aux crèches.

     C’est la combinaison de la distance culturelle entre les parents et la crèche et de l’ouverture ou de la fermeture des parents à la crèche qui détermine les trois types de parents que nous distinguons.

     Distance et proximité entre la “ culture pédiatrique ” des parents et la “ culture pédiatrique ” de la crèche.

     Si les parents sont dotés de cultures pédiatriques différentes, liées à leur milieu social d’appartenance et à leur trajectoire sociale, la crèche est aussi dotée d’une culture pédiatrique spécifique que nous avons qualifié de “ culture pédiatrique psychologique ”. Nous désignons par-là un ensemble de notions, valeurs et normes (corrélé à une conception du sujet-enfant) fortement marquée par l’arrivée en crèche des psychologues dans les années 60. Cet ensemble normatif, même s’il n’est pas toujours traduit en pratiques par les professionnels, domine le discours sur la pratique au sein de cette institution.

     La culture pédiatrique “ psychologique ” prévalant en crèche est socialement située, elle est caractéristique des milieux moyens-superieurs. Aussi, en fonction du milieu social des parents leur culture pédiatrique sera plus ou moins éloignée de celle de la crèche. Et cette plus ou moins grande distance influera sur les réactions des parents aux différents éléments de la vie de leur enfant en crèche. Les parents des couches moyennes-supérieures, dont la culture pédiatrique est plus fréquemment très proche de celle de la crèche, sont par exemple dans la compréhension quasi-implicite des manières de faire, de voir et de se comporter vis-à-vis de l’enfant, affichées en crèche. Par contre les parents des petites couches moyennes ou des couches populaires, dont la culture pédiatrique peut être très distante de celle de la crèche, ont plus fréquemment des problèmes pour interpréter les actes et les discours des professionnels envers leur enfant ou envers eux-mêmes. On se retrouve alors dans de véritables situations de “ malentendu culturel ” où chacune des parties (parents et professionnels) interprète les actions de l’autre à l’aune de son système de normes et de valeurs, ce qui peut déboucher sur des tensions et des incompréhensions durables. Néanmoins, le rapport des parents à la crèche n’est pas uniquement déterminé par la “ distance culturelle ” mais aussi par leur ouverture ou leur fermeture à la “ culture pédiatrique ” de la crèche.

      Ouverture ou fermeture à la “ culture pédiatrique ” de la crèche 

     Les parents peuvent être plus ou moins demandeurs ou distants vis-à-vis de la crèche, de ses savoir-faire et des types de rapports à l’enfant qui y circulent. Certains parents se tiennent à distance de ces savoirs qui, à leurs yeux, constituent des compétences professionnelles nécessaires à l’accueil de leur enfant dans un cadre collectif. Ces parents appliquent une sorte de “ principe de coupure ”, les compétences de professionnels de la petite enfance n’étant pas à leurs yeux des compétences sur la petite enfance en général. D’autres parents sont en recherche de ces savoir-faire, soit pour se constituer eux-mêmes des stocks de connaissance, soit pour affiner leurs savoir-faire et leur regard avec des savoirs experts.

     L’ouverture ou la fermeture à la culture pédiatrique de la crèche est liée à des positions et des trajectoires sociales particulières chez les parents. Ainsi les parents des couches populaires ou moyennes, en mobilité sociale ascendante sont très ouverts aux façons de faire et de voir prévalantes en crèche. Certains parents des couches moyennes-supérieures sont eux aussi très ouverts, mais plus particulièrement au regard des experts présents en crèche que sont les éducatrices de jeunes enfants et les psychologues. Par contre, les parents des couches populaires ou supérieures qui semblent dans une moindre mobilité sociale sont relativement fermés aux savoirs circulant en crèche. Soit, s’agissant des parents des couches populaires, la culture pédiatrique de la crèche est très distante de leur propre culture pédiatrique qu’ils considèrent néanmoins comme parfaitement légitime ; ils se retrouveront plus fréquemment dans des situations de conflits ouverts avec les professionnels. Soit, s’agissant des parents des couches supérieures, la culture pédiatrique de la crèche est très proche de la leur, et les parents, tout en étant en relatif accord avec les façons de faire et de voir circulant en crèche, resteront relativement distants de la crèche dont ils n’attendent ni leçons, ni regards experts.

     Les “ parents élèves”

     Nous qualifions le premier type de parents de “ parents élèves ” dans la mesure où ils sont très peu sûrs de leurs propres compétences et savoir-faire face à leur enfant, si bien qu’ils sont en quête de modèles d’action. Ces parents se caractérisent par une relative distance par rapport à la culture pédiatrique de la crèche (qui leur apparaît néanmoins comme la culture pédiatrique légitime) et par une recherche auprès de la crèche de savoir-faire pour constituer ou conforter leur regard et leurs pratiques sur l’enfant. Ces parents vont donc être ouverts aux façons de faire et aux discours émanant de la crèche sans posséder eux-mêmes ces savoir-faire et en se sentant partiellement illégitimes dans leurs pratiques et leurs ressentis face à leur propre enfant. Par delà cette ouverture, on distingue deux sous types de “ parents élèves ” en fonction de leur plus ou moins grande distance à la “ culture pédiatrique ” de la crèche.

     D’un côté nous avons les “ parents élèves ” de milieu populaire (serveur, couturière, chauffeur livreur) qui sont ouverts, mais tendanciellement très distants de la culture pédiatrique de la crèche. Aussi chez eux, cette volonté d’ouverture se traduit par une “ ouverture de droits ” massive des professionnels envers l’enfant1, et un suivi inquiet des conseils et orientations qu’ils perçoivent dans les discours et actes de ces derniers.

     D’un autre côté nous avons les “ parents élèves ” provenant des couches moyennes (agent de maintenance informatique, documentaliste) qui sont tout aussi ouverts mais tendanciellement plus proches des notions et pratiques ayant cours en crèche. Aussi, chez eux, l’ouverture se traduit moins par la recherche inquiète d’informations prises comme consignes, ou par une délégation éducative marquée, que par une perplexité face à des professionnels pris comme modèles mais qui ne communiquent et n’explicitent pas toujours suffisamment leurs actes. Globalement, avec les “ parents élèves ”, nous sommes dans un rapport de distance à la culture pédiatrique de la crèche et d’ouverture à cette même culture.

     Les “parents exigeants”

     Les parents “ exigeants ” sont des parents qui ont une conception de leur rôle parental claire et cohérente. Contrairement aux parents élèves, on sent beaucoup moins chez eux d’hésitations, de doutes sur leurs compétences de parents. Ils considèrent qu’ils ont des compétences, ou du moins une relation privilégiée à leur enfant, qui leur permet – faute de savoir-faire précis et concrets dans certains cas – d’en avoir une compréhension privilégiée. Ces parents attendent de la crèche qu’elle apporte une “ plus value ” à leurs enfants par rapport à l’accueil familial. Bien qu’ils s’en défendent, on peut penser que ces “ parents exigeants ” sont déjà dans la perspective du parcours scolaire à venir de leurs enfants. La crèche est la première étape de ce parcours et, en tant que telle, elle doit préparer les enfants à l’école à travers des jeux et des interactions qui ne se réduisent pas à leur dimension ludique.

     Les “ parents exigeants ” sont généralement issus des couches moyennes et moyennes-supérieures (cadre financier, architecte, informaticien indépendant). Ils ont une culture pédiatrique proche de celle de la crèche : ce sont par exemple ceux qui connaissent le mieux les différentes fonctions du personnel au sein des établissements, différenciation des fonctions qui implique une compréhension de la conception de l’action auprès de l’enfant prévalant en crèche. Mais, s’ils ont une demande, c’est celle de savoir-faire experts (tels que ceux des éducatrices et psychologues) sur l’enfant pour affiner et développer leur regard et leurs pratiques sur ce dernier. Avec ces parents, nous sommes dans un rapport d’ouverture (à la crèche et surtout à ses experts : psychologue, puéricultrice et éducatrice) et de proximité (à la culture pédiatrique) à la crèche.

     Les “ parents autonomes ”

     Les “ parents autonomes ” ont eux aussi une notion précise et ferme de leurs compétences et savoir-faire de parents. Ils considèrent, qu’en tant que parents, ils ont et gardent la main sur l’éducation de leur enfant et que la crèche doit les suivre. Ces parents sont donc plutôt fermés2 aux façons de faire des professionnels de crèche. Par delà cette fermeture, nous distinguons deux types de “ parents autonomes ” en fonction, là encore, de leur plus ou moins grande distance à la culture pédiatrique de la crèche, corrélée à leur positionnement social. D’un côté, les “ parents autonomes ” des couches moyennes-supérieures sont relativement proches, dans leurs propres façons de faire et de voir l’enfant, des savoir-faire de la crèche. Leur relative fermeture à la crèche reste donc peu visible (pour eux comme pour les professionnels) et s’apparente à une confiante neutralité. D’un autre côté, les “ parents autonomes ” de milieux populaires sont très distants de la culture pédiatrique de la crèche. Les savoir-faire des professionnels ne sont donc ni particulièrement légitimes à leurs yeux, ni cohérents avec les leurs, ce qui peut entraîner des incompréhensions et/ou des tensions.

     Une demande de conseils différente en fonction des types de parents 

     Des“ parents autonomes” peu demandeurs de conseils

     Les “parents autonomes ” des classes moyennes ou moyennes supérieures demandent très peu de conseils aux auxiliaires qu’ils considèrent comme des intervenantes qui n’ont pas d’autre légitimité que leur expérience auprès des petits enfants. Expérience qui induit un “ aguerrissement ” et une assurance accrue, mais pas une capacité de diagnostic ou une autorité particulière. Aussi, à leurs yeux, elles ne peuvent pas réellement leur apporter un “ plus ” ou une réassurance par rapport à des doutes :

     “ Des conseils, on pourrait toujours en donner toute la journée, même nous on pourrait leur en donner aussi ”(mère, 40 ans, musicienne).

     Cette mère exprime très bien cette sensation “ d’horizontalité ” avec les auxiliaires. Le savoir et les conseils n’ont pas à circuler davantage dans un sens que dans l’autre entre parents et auxiliaires, ces dernières disposant de connaissance et affrontant des problèmes analogues aux parents mais dans un autre contexte et avec un autre rapport à l’enfant. Chez les “parents autonomes ” d’origine populaire c’est moins une sensation d’équivalence des connaissances et des compétences avec les auxiliaires qui ressort qu’une idée d’autosuffisance. Le sentiment d’avoir un savoir suffisamment clair et complet les amène à ne pas demander de conseils.

     “ Non ce n’est pas la crèche d’un côté et moi de l’autre et on se complète. Je n’ai pas d’aide à... enfin d’aide ou de conseils à recevoir ”(mère, 30 ans, adjoint administratif).

    Des“ parents exigeants ” et “ élèves ” demandeurs de conseils 

     Les “parents  exigeants ” demandent plutôt des conseils sur les activités et ils ont aussi plus tendance à s’adresser à l’éducatrice. Leurs demandes suivent leurs intérêts au sens où, pour eux, la crèche doit apporter une plus value en termes d’activités à l’enfant, elle doit permettre son éveil et son épanouissement. “ Oui bien sûr, je demande par rapport aux activités. Notre fille a deux ans et demi, j’ai essayé la peinture, le dessin, la pâte à modeler, qu’est ce que je peux faire parce que là j’ai plus d’idée ? Alors des fois, elle me dit “j’ai fait ça, ça marche bien” ”(mère, 37 ans, fleuriste).

     En demandant des conseils sur les activités, ces parents cherchent à reprendre à domicile un certain nombre d’éléments développés à la crèche, ce qui leur permet de se construire une compétence de parents “ éveilleurs ” et stimulants.

     Les “ parents élèves ” n’estiment pas disposer de l’ensemble des compétences (ou du moins de compétences et de savoirs suffisamment clairs) nécessaires à l’exercice de leur rôle en dehors de leur amour et de la volonté de bien faire pour leur enfant. Logiquement ils sont parmi les plus demandeurs de conseils. “ Moi je sais quand il y a un conseil ou quelque chose, j’ai ma mère au téléphone mais je leur demande à elles aussi. Parce qu’elles m’apportent la réponse tout de suite et je sais que c’est sûr ” (mère, 30 ans, agent de transit).

     Chez les “ parents  exigeants ” et les “ parents élèves ”, les demandes de conseils aux auxiliaires n’ont ni le même contenu ni le même but. Les parents que nous avons qualifiés d’exigeants ne cherchent pas à construire leur rôle ou à consolider leurs compétences mais cherchent à satisfaire une de leur grande préoccupation : les activités et les apprentissages de l’enfant. Les parents “ élèves ” (et plus particulièrement parmi eux les jeunes mères seules) cherchent en la personne des auxiliaires des partenaires pour se construire en tant que parent par l’acquisition d’un certain nombre de savoir-faire. Et, plus loin que ces savoir-faire, on a parfois l’impression qu’ils cherchent aussi, en discutant avec les auxiliaires, en les écoutant, à se construire une familiarité avec le monde de la petite enfance. À se frayer un accès à travers leurs propres doutes pour se sentir légitimes et capables auprès de leur enfant.

     

    Un rapport aux réunions différents en fonction des parents

     Les parents élèves : des réunions pour savoir

     Les parents élèves utilisent assez fréquemment les réunions pour mieux connaître la vie de la crèche. Pour avoir des éclaircissements sur nombre de points du fonctionnement de la crèche qui leur paraissent obscurs au quotidien, mais sur lesquels ils n’osent pas poser de questions directement aux professionnels. Ces parents sont plutôt passifs en réunion, en retrait, s'informant aussi via les questions posées par d'autres parents :

     « Je pense que là on apprendra plus de choses de la crèche. C’est vrai qu’elle est entrée au mois de septembre, on m’a dit le temps que les autres enfants arrivent pour rencontrer des autres parents.. je pense aussi on a un échange.. je pense qu’il y aura que les parents »(mère, 31 ans, régulatrice de circulation, une fille en 2ème année rentrée en crèche en septembre 2001, Drancy)

     Ces parents en retrait profitent donc des réunions pour entendre les professionnels leur expliquer le fonctionnement de la crèche qui ne leur apparaît pas toujours très clair, pour entendre d’autres parents poser des questions qui les préoccupent, mais aussi pour se constituer en tant que « parents de crèche ».

     Les parents exigeants : des réunions pour faire des remarques et des demandes

     Les parents exigeants tendanciellement, profitent des réunions pour faire « officiellement » devant le collectif de parents et de professionnels les remarques et les demandes qui les préoccupent. Ces parents sont loin d’être passifs en réunion ou d’attendre que quelqu’un pose la question qui les préoccupe. Ils s’en servent comme un outil d’intervention et de critique de la crèche pour impulser les changements qu’ils souhaitent :

     

    « Ils expliquent le fonctionnement de l’année déjà, comment ça se passe l’année, donc déjà on comprend un certain nombre de chose et on peut parler de certains sujets aussi. Alors ça pouvait être la violence parce que c’était un sujet qui était pour pas mal de parents important, on peut en parler tous ensemble, sinon on ne peut pas en parler tous ensemble.(..) »(père, 34 ans, cadre, une fille en 3ème année)

     Pour eux la crèche est une institution qui doit leur apporter un service, une plus value, et qui doit donc leur rendre des comptes et écouter leurs doléances à l’occasion des réunions

     Les parents autonomes : des réunions pour participer

     Les parents autonomes, quant à eux, participent aux réunions plutôt avec l'idée de reconnaître let travail des professionnels. Cette attitude s'explique du fait qu'ils n'ont pas d'enjeux personnels lors des réunions, ni recherche d'informations qu'ils obtiennent suffisamment à leur goût au quotidien, ni requêtes ou demandes à faire vu qu'ils considèrent généralement que la crèche en fait déjà suffisamment :

     « (..) C’est vrai que je suis très compréhensive quand je vais à ces réunions là parce que franchement moi c’est pareil moi je me dis qu’elles ont beaucoup de mérite quand même. Et je trouve important de faire ces réunions pour savoir ce qui a été dans l’année, ce qui n’a pas été (..) »(mère, 28 ans, auxiliaire de gériatrie, une fille en 2ème année, rentrée en septembre 2001, Stains)

     

    Différents enjeux au sein de l'accueil

     En distinguant ces trois types de parents et la façon dont leur différence se manifeste concernant les conseils et la participation aux réunions, on peut identifier trois grands enjeux dans l'accueil de leurs jeunes enfants. Trois grands enjeux qui interpellent chacun à leur manière les professionnels de la petite enfance.

     L'enjeu de support, de construction, de confortation du rôle parental: dans ce cas là, les parents cherchent dans l'accueil de leur jeune enfant un support à leur propre rôle, à leur propre quotidien de parents comme on a pu le voir dans le cas des parents élèves qui cherchent auprès de la crèche et des professionnels des conseils, des orientations, des manières de faire pour se construire partiellement en tant que parents.

     L'enjeu de maîtrise de la relation de délégation: dans ce deuxième cas, les parents ne recherchent pas de supports, de conseils, de référents auprès du milieu d'accueil et des professionnels mais recherchent de l'expertise et de la spécialisation pour remplir auprès de leur enfant une fonction d'accueil apportant un plus par rapport à ce qu'ils peuvent eux-mêmes apporter. Ces parents cherchent à maîtriser la relation de délégation, de contrôler ce qui s'y passe et les relations qui s'y tissent entre leur enfant et les accueillants afin de l'optimiser. On retrouve là les parents exigeants en crèche.

     L'enjeu de donner un bon milieu d'accueil à l'enfant: cela pourrait presque apparaître comme un non-enjeu puisqu'il semble que vouloir trouver un bon lieu d'accueil pour son enfant est la première volonté de tout parent. C'est effectivement le cas en un certain sens. Ce qui fait toute la différence c'est la place et le sens que les parents accordent à cette notion de bon milieu d'accueil. Pour les parents dont je parle ici, le but principal qu'ils donnent au lieu d'accueil est d'être un bon lieu pour leur enfant, au sens où celui-ci va bien le vivre et leur restituera par ses états et ses humeurs le relatif bonheur qu'il a à y être. Ces parents ne demandent ni supports ni expertise. Ils veulent que leur enfant se sentent bien mais également que leur manière de faire et de voir soit respectés par les professionnels de la petite enfance dont ils n'attendent ni remarques ni conseils. On retrouve là les parents autonomes.

     Quelle collaboration face à la diversité des parents?

     Chacun des enjeux que nous avons distingué interpelle d'une manière particulière les professionnels et pose à sa manière la question de la collaboration. Encore une fois, en revenant au sens premier du terme – travailler ensemble - chaque type de parent questionne à sa manière cette possibilité de travailler ensemble :

    Les parents élèves à travers leur demande de conseils, de soutiens, de supports demandent aux professionnels de travailler avec eux à l'élaboration de leur posture parentale. Une telle demande peut paraître trop lourde ou illégitime aux professionnels qui pourront considérer que ces parents doivent moins compter sur elles et faire valoir leurs propres compétences. Ces parents mettent à mal l'idée d'un co-labor au sens où ils peuvent donner l'impression aux professionnels de devoir faire la majeure partie du travail d'éducation des enfants en les laissant impulser le rythme des changements, donner des conseils, les guider.

     Le parents exigeants à travers leur demande d'une plus value éducative semblent vouloir faire collaborer les professionnels à leur projet éducatif particulier. Ils peuvent donner aux professionnels l'impression de les voir surtout comme des prestataires sensés répondre à leurs demandes, des prestataires qui ne peuvent donc faire valoir un autre point de vue sur l'enfant, sur son développement, sur sa vie en établissement d'accueil.

     Les parents autonomes sont particulièrement gênants pour l'idée de collaboration avec les professionnels puisqu'ils ne semblent rien demander au-delà du bon accueil de leur enfant. C'est à dire qu'ils ne donnent aucune base, aucun support à l'idée d'un travail ensemble. Ils ne demandent pas de conseils, ils participent par reconnaissance, ils n'attendent pas de travailler leur position de parents avec les professionnels.

     A travers cette typologie – qui ne reflète qu'une façon parmi d'autres de saisir la diversité des parents en crèche – on voit déjà comment l'idée de collaboration est questionnée, voire mise à mal. Les parents – en fonction de leur positionnement – semblent demander soit trop de collaboration (les parents élèves), soit une collaboration gênante (les parents exigeants), soit aucune collaboration.
    Aussi, comme nous l'avons dit en introduction, l'idée de collaboration étant fortement présente dans le champ de l'accueil de la petite enfance et étant porteuse d'une évolution démocratique des rapports entre usagers et professionnels, comment collaborer face à cette diversité d'enjeux du côté des parents. Quel positionnement les professionnels peuvent-ils trouver pour prendre en compte la demande de soutien et de conseils des parents élèves sans se sentir pris au piège d'une demande d'aide qui les excède? Quel positionnement peuvent-ils trouver pour débattre avec les parents exigeants qui voudraient les voir s'inscrire dans une optique quasiment préscolaire? Quel positionnement enfin face aux parents autonomes et à leur « non-demandes »?
    En bref, quel positionnement les professionnels peuvent-ils trouver et demander aux parents afin de répondre tant aux demandes excessives, décalées ou inexistantes des parents tout en maintenant la possibilité d'un travail ensemble. Selon moi, ce positionnement réside peut être dans le travail autour de la notion « d'espace de circulation de l'enfant ». Explicitons cette notion.

     L'espace de délégation de l'enfant, un espace co-construit

    Un double décalage

     Pour qu'un espace de circulation de l'enfant ait une chance de se constituer il faut, selon nous, que d'un côté les parents (ou du moins certains parents) abandonnent l'espoir de voir dupliquer au sein de l'espace d'accueil leur propre rapport à l'enfant. Ou du moins, qu'ils abandonnent l'espoir de voir respecter la singularité de leur rapport propre à l'enfant au sein de l'espace d'accueil. Non pas que cet espoir soit si fréquent que cela chez les parents, ni fortement présent, mais il constitue une perspective, une tentation qui peut être renforcée par l'idée d'individualiser l'accueil de l'enfant et des parents, de travailler avec les parents. Cela implique que les parents exigeants laissent de côté leurs exigences, que les parents élèves revoient leurs espoirs de trouver toute les réponses auprès des professionnels mais aussi que les parents autonomes face l'effort de s'intéresser à ce qui se passe pour leur enfant au-delà de ce qu'ils ressentent comme nécessaire.
    D'un autre côté, il faut que les professionnels abandonnent l'idée de pouvoir se positionner face aux parents principalement voire uniquement en tant que – justement- professionnels de la petite enfance. Sans pouvoir développer ce point, on sait que les différentes évolutions législatives tirent les métiers de la petite enfance au-delà de leur sujet central : l'enfant, pour les amener de plus en plus à considérer les parents, leurs situations, leurs demandes, leurs besoins. Dans les établissements d'accueil de la petite enfance, les professionnels ne sont donc plus positionnés comme étant essentiellement des spécialistes du jeune enfant, mais aussi et surtout des spécialistes de son accueil dans un cadre particulier. Et face aux différents parents que nous avons mentionné, un positionnement principalement en tant que professionnel de la petite enfance exposera tout de même les professionnels aux demandes des parents élèves, des parents exigeants et les laissera perplexes face aux parents exigeants.

     Une solution possible à la question de la collaboration réside donc dans la mise en place – par les professionnels et les parents (mais sous l'impulsion des premiers) – de ce double décalage. Elle demande que les professionnels ne soit pas que des professionnels mais des « professionnels de l'accueil des jeunes enfants », dont la maîtrise et la responsabilité s'exerce dans ce contexte spécifique d'un accueil. Et elle demande que les parents ne soient pas que des parents, mais des parents d'enfants accueillis, qui doivent donc à ce titre se coordonner et faire avec l'équipe ou les professionnels qui accueillent leur enfant et non pas camper sur leur position singulière de parent particulier. Ce qui nous amène à la notion d'espace de circulation de l'enfant. Cet espace est justement ce qui est rendu possible par ce double décalage, il est constitué par la circulation de l'enfant entre plusieurs scènes éducatives qui, au-delà de leurs différences de positions et de statuts, se réfèrent les unes aux autres parce qu'elles sont concernées par un même enfant. Autrement dit, ce n'est pas parce qu'il y a accueil de l'enfant qu'il y a espace de circulation à mon sens ou collaboration. Cet espace s'instaure quand ces différentes scènes se réfèrent les unes aux autres. Ce que le curriculum écossais de la petite enfance désigne très bien en indiquant « L'expertise et l'expérience tant des parents que des éducateurs de la prime enfance ont plus de valeur quand elles sont partagées. »

    L'espace de circulation instaure justement une collaboration parce qu'elle demande un travail de décentrement à chacun parents et professionnels, autour de la circulation de l'enfant.

      

    1 Ce sont des parents de ce type qui peuvent demander ingénument aux auxiliaires de puériculture et aux autres professionnels de corriger physiquement leur enfant s’il venait à faire une bêtise. Ce genre de proposition dérange les professionnels et montre bien à la fois la délégation éducative massive, et la grande distance à la culture pédiatrique de la crèche.

     2 Fermés au sens où ils ne cherchent pas à connaître davantage ou à intégrer dans leurs façons de faire les savoir-faire spécifiques aux professionnels des crèches.

     


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  • article issu de : http://nospensees.com/vos-enfants-ont-besoin-de-vos-calins-se-sentir-exister/

    Vos enfants ont besoin de vos câlins pour se sentir exister

    Quand un enfant vient au monde, l’une des premières choses qu’il va sentir, c’est la peau et le coeur de sa mère qui lui donne chaleur, vie, affection, émotions et valeur de se sentir aimé.

    On peut offrir à un bébé beaucoup de choses : de la nourriture tous les jours, un bon berceau, les plus beaux vêtements et une chambre magnifique.

    Cependant, ce qui est essentiel et qui va prodigieusement favoriser son développement neuronal, physique et émotionnel, ce sont les câlins, les caresses, les voix l’appelant par son nom…

     

    Les câlins sont les racines qui unissent les parents à leurs enfants, c’est une façon merveilleuse de les reconnaître, de leur donner de la force, de la tendresse et de l’assurance. En les prenant dans nos bras, on en fait des parties de nous-même, mais aussi du monde.


    Malheureusement, dans certains orphelinats, les bébés n’ont pas cette chance. Ils ne reçoivent pas de câlins ni de caresses, et par conséquent, ils pleurent de moins en moins, car ils comprennent que personne ne s’occupera jamais d’eux.

    Généralement, leur développement est plus lent, et ils ne sont pas gagnés par la curiosité de découvrir le monde qui les entoure, car ils ne disposent pas de cette assurance qui leur est pourtant nécessaire s’ils veulent partir à l’aventure et exploser les environs.

    Il leur manque ce lien avec un adulte affectueux, ce dernier leur servant de médiateur dans la recherche de stimulants, de sensations…

    Il est vital pour nos enfants que l’on prenne quotidiennement soin de ce contact physique entre eux et nous.

    Les câlins créent des connexions neuronales, forgent des sensations, des pensées et de l’affection, font disparaître les peurs, les doutes et les incertitudes…

     

    Qu’ils aient deux jours ou 12 ans, peu importe. Rapprochez-les de votre coeur à chaque fois que vous le pouvez (même s’ils sont déjà en âge d’être réticents).

    Les câlins feront que nos enfants se développeront sainement

    los-niños-necesitan-tus-abrazos

    Cette proximité intime de peau à peau entre la mère et les enfants pendant les premiers mois de leur vie favorise une stimulation sensorielle.

    Cela permet leur bon développement, renforce leur système immunitaire, et régule leur température ainsi que leur respiration.


    Les câlins et les caresses, c’est le premier langage que reçoivent les enfants lorsqu’ils viennent au monde. Enseignez-leur le langage du coeur, de votre coeur, et faites en sorte que cette universalité s’imprègne dans leur esprit pour toujours.


    Même si généralement, une grande intimité se tisse entre la mère et l’enfant lors des premiers mois de l’enfance, les pères ont également leur rôle à jouer. C’est un excellent moyen de renforcer encore plus le développement ainsi que l’assurance de l’enfant.

    Les câlins édifient la personnalité

    Si l’enfant ne reçoit pas suffisamment de câlins ou de caresses de la part de ses parents, cela finira par avoir des répercussions sur sa personnalité.

    • Les câlins sont le moyen le plus significatif de tisser le lien entre parents et enfants.
    • Du fait de ce geste de tendresse, l’enfant se sent aimé. Et un enfant aimé, c’est un enfant sûr de lui, tranquille, qui ne craint pas l’incertitude, et qui se sent reconnu.
    • Les parents sont le premier contact social de l’enfant avec le monde. Si ce premier contact est froid, inégal ou agressif, ils se méfieront du reste des contextes sociaux à mesure qu’ils grandiront.
    • Les enfants ont besoin d’une affection sûre et stable pendant leur enfance. L’affection renforce le lien et leur permet de se sentir reconnus.
    • Un enfant qui se sent reconnu se sent appartenir à sa famille, mais aussi au monde. Par conséquent, ils croira davantage en lui-même, et aura une bonne perception de sa personne ainsi que de ses capacités-

    mujer-abrazando-mundo

    Les câlins les relaxent et les invitent à voir le monde

    Un bébé passe la majeure partie de la journée allongé dans son berceau dans une position horizontale.

    Lorsqu’un adulte le prend dans ses bras, le câline et le berce, il a l’opportunité de voir le monde face à lui, dans le calme, et en se sentant aimé. Y aviez-vous déjà pensé ?


    Il n’y a pas d’instant plus plaisant que ces jours où on commence à découvrir le monde entourés par les bras de notre père et de notre mère. La vie se dévoile alors sous mille formes et mille couleurs, aussi atterrante qu’émouvante.


    Il n’y a rien de plus tranquillisant et de satisfaisant qu’un câlin. Si les adultes en ont besoin pour renforcer le lien, calmer le stress ou apaiser les doutes, ce besoin est encore plus important chez les enfants.

    Les pleurs des bébés, par exemple, ne sont jamais injustifiés, et parfois, leurs larmes ne sont pas dues à la faim, au froid ou à une gêne ponctuelle.

    Eux aussi réclament de l’affection, eux aussi ont besoin de vos bras pour oublier cette peur universelle : celle de la solitude et de l’abandon.

    N’économisez pas les câlins que vous donnez au quotidien. Ils ne coûtent rien, et ont la force et l’intensité d’un univers tout entier.

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  • article issu de : http://bebeseportebien.blogspot.fr/2013/03/les-idees-recues-du-portage.html

    Les idées reçues du portage

    Porter son bébé, ce n’est plus à prouver, présente de nombreux avantages et bienfaits, tant pour l’enfant que pour ses parents : si on veut résumer, c’est pratique (à la maison comme à l’extérieur), économique (par rapport à une poussette par exemple), respectueux de la physiologie du porteur et du porté. Puis, cela permet d’apaiser, de rassurer, sécuriser le bébé, diminuant les pleurs et le stress de celui-ci, et ainsi celui de ses parents qui se sentent moins démunis et plus compétents dans ce nouveau rôle. Enfin, c’est bénéfique pour la digestion, l’allaitement, le sommeil, et plus largement le développement psychomoteur de l’enfant, mais c’est aussi du plaisir à avoir son tout petit contre soi !

     

     

    Cependant, malgré tout, la pratique du portage souffre encore de nombreuses idées reçues : alors si vous portez votre bébé et que vous faîtes face aux remarques d’un entourage parfois sceptique, voici de quoi argumenter. Et si ces affirmations font partie de vos à priori, voici de quoi changer d’avis !

    • Les nœuds c’est compliqué : certes, cela demande de l’apprentissage, mais comme beaucoup de choses : faire du vélo, conduire... C’est pourquoi il est important d’apprendre auprès d’une monitrice qualifiée qui saura vous enseigner les gestes, techniques et astuces. De plus, si l’idée des nouages vous rebute, sachez qu’il existe des alternatives à l’écharpe, qui respectent aussi la physiologie du bébé.
     
    • J’ai peur de le mettre dans une mauvaise position, de lui faire mal, de le tomber ! Bien utilisés, les écharpes de portage et porte-bébés physiologiques sont sûrs et solides ! Si vous respectez les quelques règles de portage, si vous contrôlez régulièrement que tout va bien, que vous restez à l’écoute et observez votre bébé, tout ira bien ! C’est avant tout du bon sens (respiration, position, température...) couplé à un peu d’entraînement.
    • Il aura l’habitude  « des bras », il sera pot de colle, capricieux : Le contact est un besoin inné, instinctif et primordial chez le tout petit, au même titre que manger ou dormir. Il est fait pour être porté, programmé pour pleurer s’il est posé, afin d’alerter d’un éventuel danger. L’espèce humaine a certes évolué, mais cet instinct de survie demeure à la naissance !! Porter son bébé, répondre à ce besoin le rassure, le sécurise, l’apaise, lui permet de construire une confiance en lui, de quoi être autonome, mieux armé pour affronter les difficultés de la vie !
    • Mon bébé est né prématuré/de petit poids, il est trop petit pour être porté : Justement, non : un nouveau-né à d’autant plus besoin de contact pour faire la transition entre monde utérin et monde extérieur ! Rappelons que le bébé humain naît de façon prématurée en comparaison à toutes les autres espèces animales. Il est immature et les anthropologues considèrent qu’il lui faut encore environ 9-12 mois « ex-utéro » pour achever son développement. Donc pour un bébé né avant terme, c’est encore plus important ! Il est plus vulnérable, plus sensible aux stimulations, n’ayant pas passé tout le temps qu’il aurait dû au chaud, il est important de lui permettre d’achever sa « grossesse ». Il se peut aussi que sa maman ait besoin de prolonger cette grossesse trop vite terminée ! Donc si son état le permet, qu’il soit encore hospitalisé ou de retour à la maison, n’hésitez pas. Parlez-en avec l’équipe soignante ou le pédiatre qui le suit, et rencontrez une monitrice qui saura quel moyen est le plus approprié à votre situation.
    • Le bébé, habitué à s’endormir en écharpe les premiers temps, ne saura pas s’endormir seul : le contact est un besoin instinctif : on constate que même sans utiliser d’écharpe ou porte-bébé, les premières semaines, le nouveau-né s’endort beaucoup plus facilement dans les bras, et généralement les parents s’en accommodent, et passent d’ailleurs beaucoup de temps à arpenter le salon de long en large ! Mais le bébé est en constante évolution, il passe par des périodes où il a plus besoin de contact que d’autres. En grandissant, des rituels se mettront en place, il sera rassuré par d’autres choses : la sucette, son doudou, une berceuse... Mais vous devez faire comme  vous le sentez, c’est le plus important, bien qu’il soit souvent difficile de faire abstraction des multiples conseils donnés par l’entourage qui divergent sur le sujet...    Cependant, si le bébé endormi sur vous est gênant, vous pouvez le poser délicatement, en lui laissant le contact de l’écharpe (chaleur, odeur, contenance).

    • Lors de la reprise du travail, la séparation sera d’autant plus difficile pour un bébé habitué à être porté : Tout d’abord, le bébé fait très bien la différence entre ses parents et ses « gardiens ». Il se peut alors que votre bébé n’éprouve aucun manque quant au portage, habitué à ne pas l’être lorsqu’il est gardé. Vous pouvez aussi en discuter avec sa nounou/crèche : de plus en plus de professionnels ont recours au portage dans leur pratique.
    • A force d’être porté, il ne risque pas d’apprendre à marcher ! Le bébé porté est actif, contrairement à ce que l’on peut penser. Son développement psychomoteur, sensoriel, musculaire, vestibulaire, est stimulé par les mouvements de son porteur : il est sans cesse sollicité, participant activement à son portage en s’agrippant, en se moulant au corps de l’adulte.
    • C’est peut-être pratique, mais c’est un peu de l’esclavage ! En portant votre bébé, vous êtes plus libre physiquement, mais aussi mentalement. En effet, ses besoins de proximité satisfaits, il est moins en demande et vous pouvez vaquer à vos occupations sans trop vous en préoccuper ! Vous pouvez « lâcher » mentalement et être plus disponible pour autre chose !

    • J’ai le dos sensible, je ne peux pas porter : Même sans utiliser de moyen de portage, tout parent est amené à porter dans les bras. Les premiers temps, on ne s’en rend pas compte car le bébé est plutôt léger, mais on adopte généralement de mauvaises postures, on se déhanche, on compense le poids... Une écharpe, un porte-bébé bien réglé, permet de répartir les charges de façon idéale et confortable (symétrique ou pas). Proche du centre de gravité, le poids est moins ressenti. De plus, en portant dès les premières semaines, votre corps va s’adapter à l’évolution du bébé, vous vous musclerez au fil de sa croissance. Le corps humain est fait pour porter !
    Les images parlent d'elles-mêmes : 
     
     
    • Le bébé ainsi porté aura du mal à aller vers les autres, il sera sauvage : Le bébé porté à hauteur d’homme, est baigné dans les interactions, le langage, il voit mieux le monde qui l’entoure, les visages connus ou inconnus, tout en étant en confiance. Il aura d’autant plus de facilité à aller vers les autres car aura acquis une sécurité de base et aura certainement plus confiance en lui !
    • Le portage, c’est une mode en ce moment, c’est comme tout, ça changera : En fait le portage n’a rien de nouveau. Le porte-bébé est probablement une des premières inventions de l’homme ! C’est dans sa nature, autant qu’un oiseau reste au nid ou qu’un primate s’accroche à la toison de sa mère ! Bien que nous n’ayons plus de poils (enfin, plus ou moins), le nouveau-né à conservé ce réflexe d’agrippement. On constate que le portage s’est perdu vers le début du 20è s., alors que la médecine progressant, préconisait des règles d’hygiène strictes et apprenait aux jeunes mères à s’occuper de leur bébé. La transmission intergénérationnelle s’est un peu perdue, les femmes se sont mises au travail quand les hommes sont partis à la guerre, faisant garder leur bébé qui devait être rapidement le plus autonome possible. Mais on porte les bébés dans la majorité des pays du monde : Asie, Afrique... Cela se     saurait probablement si les enfants asiatiques ou africains étaient des petits tyrans !

     


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  • article issu de : http://neobulle.com/les-avantages-du-portages/

     

    LES BIENFAITS DU PORTAGE

    Le portage, une action naturelle et quotidienne !

     

     

     

    Porter un bébé est la chose la plus naturelle au monde. Porté pendant 9 mois, le bébé aura besoin à la naissance de retrouver le cocon sécurisant des bras de sa maman.
    Le besoin de contact et de portage du bébé est maintenant reconnu unanimement. C’est au contact de sa maman, de son papa que le bébé parviendra à se construire doucement dans une sécurité indispensable à son équilibre.
    De même, c’est au contact de son bébé qu’une maman, un papa apprennent à le connaitre, à lui répondre, et construisent avec lui une relation délicate et sereine.

     


    Portage physiologique du côté du bébé :

     

    –  Permet au bébé d’être en position enroulée, soutenue, confortable.
     Répond à ses besoins de proximité et de sécurité affective.
    –  Stimule tous les sens de bébé (vision, odorat, audition, toucher, équilibre…).
    –  Calme les pleurs, régule le sommeil.
    –  Stimule la lactation, l’appétit.
    –  Soulage les douleurs liées aux maux divers (coliques, dents, rhino, etc.).
    –  Régule la température
    –  Permet la découverte du monde en toute confiance.
    –  Éloigne de la pollution citadine, des risques domestiques.

     

     

     

    Portage physiologique du côté des parents :

     

    –  Permet aux parents de faire connaissance sereinement avec leur bébé.
    –  Offre une liberté dans la vie quotidienne et active : une deuxième paire de bras.
    –  Diminue le baby blues.
     S’adapte parfaitement et instantanément à tous les couples porteurs/portés et à toutes les situations.
    –  Soulage le dos : répartit le poids du bébé de façon optimale
    –  Soulage le périnée ou la césarienne après l’accouchement par une position haute du bébé.

     

     

     

    Portage dans la famille :  

     

    Le portage en écharpe permet de se déplacer partout sans restriction : plus de lieux inaccessibles, de détours, de renoncements faute d’ascenseur, ou de poussette à porter sur des kilomètres !
    Il aidera à respecter le rythme de sommeil du petit, car il pourra dormir blotti pendant que les frères et sœurs profitent d’une ballade. : plus de frères et sœurs frustrés, râlants et contraints d’attendre que le petit se réveille !
    Et quand les frères et sœurs sont encore petits, ils profiteront eux aussi d’être porté à leur tour.
    Et s’ils sont trop grands ou trop lourds, c’est eux qui auront l’honneur de porter le bébé ! (sous contrôle parental)

     

     

     

    Les avantages du portage pour les professionnels :

    Le portage physiologique est de plus en plus utilisé auprès des professionnels de la petite enfance (maternités, services de pédiatrie, crèches, assistantes maternelles…). Sa simplicité de mise en œuvre, et les bienfaits que l’on en retire du point de vue de l’aide à la parentalité en font un outil au cœur des projets d’établissement.


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  • article issu de : http://www.portersonenfant.fr/le-portage/questions-les-plus-frequentes/portage-et-modes-de-garde/

    Portage et modes de garde

    Après mon congé maternité ou congé parental, mon bébé sera gardé en crèche ou par une assistante maternelle. Comme je le porte beaucoup, comment cela va-t-il se passer pour lui ? Est-ce que le portage ne va pas lui manquer ?

    La plupart des parents de bébés portés constatent que cela ne pose pas de problème à leur enfant. En effet, tout comme un bébé peut être allaité par sa mère et nourri au biberon par la personne qui le garde, il peut se passer du portage avec cette dernière. Cependant, si les parents le souhaitent et si l’assistante maternelle ou la crèche y est ouverte, le portage peut aussi être pratiqué pendant les temps de garde et notamment pendant la période d’adaptation. En effet, cette pratique commence à se développer auprès des professionnels de la petite enfance : de plus en plus d’assistantes maternelles et de personnel de crèches, parfois expérimentées en portage avec leurs propres enfants, se forment et proposent de porter les petits dont elles s’occupent. Si quelques réticences peuvent apparaître tant du côté des parents que de la professionnelle, notamment pour des raisons affectives et d’intimité, n’hésitez pas à ouvrir le dialogue et à en discuter ensemble. De nombreuses associations et conseillères en portage se proposent de former les professionnels et de les accompagner dans la mise en place du portage dans la structure afin de porter dans les meilleures conditions, de trouver les systèmes de portage adéquats et de répondre à toutes les questions.

    La nounou de mon enfant propose de le porter, mais je n’imagine pas mon bébé porté par quelqu’un d’autre que moi, cela me semble trop intime. Que faire ?

    Ce qu’un parent met dans le portage avec son enfant au niveau affectif est bien différent de ce que peut y mettre une autre personne. On peut avoir un bébé qui n’est pas le sien contre soi sans pour autant se l’approprier et cela n’enlèvera rien aux parents qui auront toujours une relation affective différente avec leur enfant. Un bébé qui passe plusieurs jours par semaine avec une autre personne a de toute façon un certaine intimité avec elle, alors autant que ça se passe du mieux possible pour tout le monde. Le portage peut être un outil précieux tant pour la personne qui le garde que pour le bébé, ainsi que pour les parents qui retrouvent un bébé confiant et détendu en fin de journée.

    Je suis assistante maternelle ou je travaille en crèche. Puis-je porter les enfants que je garde ?

    Le portage, notamment à l’aide de porte-bébés physiologiques, commence à se développer au sein des crèches, halte garderies, les foyers d’accueil pour enfants et pouponnières, et auprès des assistantes maternelles, en même temps qu’il se développe auprès des parents. Il a effectivement toute sa place dans ces structures pour faciliter l’intégration de l’enfant, répondre à ses besoins de mouvement et de sécurité, tout en facilitant le travail du personnel et l’attention aux autres enfants. Le porte-bébé physiologique peut être un outil de réel confort (protection du dos, libération des mains, liberté de mouvement, moins de pleurs et un fond sonore plus calme, sorties en extérieur facilitées), d’autant plus que les conditions de travail ne sont pas toujours idéales pour le personnel (nombreux enfants, locaux manquants d’espace, ….).

    Pour que la mise en place du portage dans une structure se fasse dans les meilleures conditions, cela  doit idéalement partir d’une réflexion commune et d’un projet de toute l’équipe, avec une concertation des parents, en commençant par une bonne information, puis une formation pour la découverte des différents systèmes de portage et leur bonne utilisation. N’hésitez pas à contacter des animatrices de votre région pour avoir des conseils et vous former.

    Porter un enfant qui n’est pas le sien

    Porter un autre enfant que le sien peut soulever certaines questions, voire des appréhensions, notamment concernant l’aspect émotionnel et la proximité physique. En effet, dans notre culture occidentale qui préconise plutôt un maternage distal (dans la distance physique avec l’enfant, en opposition au maternage proximal), nous pensons souvent que la proximité physique doit être réservée aux parents et nous avons peur de la dépendance qui peut en découler. Nous avons souvent peur d’aller trop loin avec les enfants dont nous nous occupons en tant que professionnels. Il est intéressant de développer une réflexion à ce sujet. L’enfant fait toujours la différence entre ses parents et les autres personnes qui s’occupent de lui. Le portage n’enlève rien à cette relation privilégiée ; c’est plutôt du bonus pour tout le monde : pour l’enfant qui développera confiance et assurance au sein de son mode de garde, pour les 

    parents qui retrouveront un enfant plus détendu le soir, et pour le personnel de la structure qui y trouvera un confort physique et une meilleure liberté d’action. Si certains parents ne se sentent pas prêts à savoir leur enfant porté par quelqu’un d’autre qu’eux, il est alors nécessaire d’en discuter avec eux.

    Il est également intéressant de voir le portage comme un simple outil qui facilite le quotidien et qui permet finalement une forme d’autonomie pour l’enfant. En effet, bien qu’en corps à corps avec son porteur, l’enfant qui a simplement besoin d’être rassuré et en mouvement va pouvoir observer ce qui se passe autour de lui, regarder les enfants jouer, sourire aux adultes, développer ses rapports sociaux,  … pendant que le porteur porte son attention à un autre enfant ou vaque à des tâches quotidiennes. Le portage rapproche physiquement tout en permettant un éloignement mental qui permet à chacun de faire sa vie.

    Extrait de l’article « Accueillir un bébé porté et allaité », Assistante maternelle magazine n°58 – juin 2009
    « Le travail d’adaptation est un travail partagé de tissage de liens. Il n’incombe pas qu’au bébé. Le portage est un des outils qui peut aider les uns et les autres à franchir le fossé qui existe parfois entre le maternage que le bébé connaît auprès de ses parents et celui de la crèche ou de l’assistante maternelle. Il permet de mettre en place ce que Régine Prieur 1 appelle « une proximité non exclusive ». De fait, lorsque bébé est porté, le regard, les mains, l’attention de la personne qui le porte, sont libérés. D’une certaine manière, en rapprochant, le portage sépare ! »

    1 Prieur R. « Des bébés bien portés », revue Spirale n°46, Toulouse, Erès (2008)



     

     


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  • article issu de : http://madamegazouille.fr/2015/03/pourquoi-le-portage-en-creche/

     

    ’ai voulu suivre une formation de conseillère en portage avec l’Association Française de Portage Bébé pour avoir une corde de plus à mon arc, pour pouvoir accompagner les parents qu’on accueille à la crèche et qui souhaitent utiliser le portage. J’en avais rencontré qui étaient hésitants, pas sûrs d’eux et laissaient tomber. D’autres ne respectaient pas la physiologie du bébé, faute de connaissances.

    Je n’y allais pas du tout, mais alors pas du tout, pour qu’on puisse l’utiliser à la crèche. Je sais que certaines structures utilisent le portage mais pour moi, ça faisait trop cocooning : avoir l’enfant maintenu par l’écharpe donc vraiment contre soi, ça devait être réservé aux parents. En tant que professionnel, ce n’est pas toujours facile de savoir ce qu’est la juste distance : être une figure d’attachement pour l’enfant suffisamment sécurisante, sans prendre la place du parent. Notre intention n’est pas de se substituer à eux mais dans notre attitude, certains gestes pourraient le laisser croire. Je ne suis pas encore maman mais je me mets souvent à la place des parents que nous accueillons. J’imagine ce que ça doit être de confier son bébé, qu’on connait à peine, avec lequel on a passé trop peu de temps et arriver le soir à la crèche et le voir « lové » contre quelqu’un d’autre que soi. Avoir passé la journée loin de lui et se dire que d’autres personnes ont pu profiter d’instants avec lui, ça doit faire un pincement au cœur. Quand j’en parle à la crèche, certains parents me disent « oh non, moi je suis content qu’il s’accroche à vous, c’est qu’il est bien », quand d’autres hochent doucement la tête pour dire qu’ils sont d’accord avec ce que j’imagine. Il suffit de voir la maman le matin qui tarde à dire « au revoir » ou le papa qui dit « il s’en fiche que je parte… ». Parfois, on se demande si les parents ne préfèreraient pas que leur loulou pleure : ça montrerait qu’ils vont lui manquer. Même s’ils sont rassurés de savoir leur enfant bien dans le lieu d’accueil, même s’ils ont confiance, ce n’est pas toujours facile. Je pense que nous devons être attentifs à notre attitude : elle doit convenir à tous ou au moins au maximum de parents. Il faut être à l’écoute de leurs sentiments.

    Nous sommes une figure d’attachement importante pour l’enfant. On passe toute la journée avec eux, on les accompagne dans diverses étapes, on est là, se voulant rassurant, soutenant, encourageant. Mais il y a des attitudes qui dépassent cela. Ce n’est pas le sujet de mon billet mais je pourrai y revenir.

    Donc pour moi, pas de portage à la crèche : trop cocooning. Et puis, j’ai suivi la formation… Et puis, j’ai entendu tous les avantages du portage… et puis, j’ai vu des nouages sur le côté très proches du portage dans les bras que l’on fait déjà… Et puis, je me suis laissée convaincre :-) Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, non ?

    Porter un loulou sur le côté, dans un sling ou dans les bras ne change pas la proximité que l’on a avec lui.

    sling-daicaling-anthacite

    Sling Ling Ling d’amour – portage côté

    Dans-les-bras_parental_carre

    Portage dans les bras – source

    Mais ça a l’avantage pour nous d’avoir le dos droit. Parce que quand on porte sur la hanche, on a tendance à basculer le tronc pour compenser et trouver un autre centre de gravité… merci pour le dos !

    Portage et dos

    Source

    Et ça nous permet d’avoir les mains libres. Souvent, on ne peut pas prendre un bébé qui pleure dans les bras parce qu’on a 4 (ou plus) loulous qui ont besoin de nous aussi ! Porter avec un outil de portage permet de répondre au besoin du bébé, tout en restant disponible pour les autres. Du coup, on se l’autorise davantage.

    Je précise que je travaille dans un multi-accueil avec une structuration verticale : âgés mélangés, pas de sections. 

    Est-ce que notre présence est de qualité si on est également dispo pour les autres ? tout autant que si vous l’aviez dans les bras et que vous êtes avec le groupe, voire même davantage. Imaginons que j’ai un bébé dans les bras. Deux loulous se disputent un jouet. Je n’ai pas d’autre solution que d’utiliser ma voix pour les aider à gérer le conflit et certainement qu’il faudra que je hausse le ton. Pas agréable pour le bébé de m’entendre interpeler ses copains. Par contre, imaginons que le bébé est installé dans une écharpe. J’ai les mains libres. Je pourrai alors poser ma main sur l’épaule ou le bras des loulous en conflit, capter ainsi leur attention et ne pas avoir à hausser le ton. Et bien plus de qualité que si vous ne le portiez pas du tout !

    sling-lla

    Ling Ling d’amour

    J’ai parlé des avantages pour le porteur. Parlons de ceux pour le porté. Ils sont nombreux.

    Un tout-petit qui arrive en crèche aura besoin d’être davantage sécurisé car il ne connaît pas ce nouvel environnement. A la maison, ses parents sont disponibles et peuvent répondre rapidement à ses besoins. Nous, en crèche, quand il faut se partager, on met plus de temps. Le petit, pas habitué, ne le comprend pas. Normal. Il a besoin de présence, de contact. Mais comme je le disais plus haut, on ne s’autorise pas toujours à porter un bébé parce que là où on est avec un enfant, on sait qu’on pourrait être dispo pour plusieurs. Et parfois, il faut canaliser le groupe, sinon c’est… je cherche le bon mot :-) Mais bon, imaginez 8 à 10 loulous de 15 à 36 mois qui courent et crient dans une pièce, ça donne une idée. Avec le sling notamment, c’est plus facile. On peut donc davantage répondre à ce besoin.

    Un bébé pas sécurisé, c’est un bébé qui pleure, qui s’énerve, qui a des difficultés à s’endormir. Porté, il va se caler sur votre respiration. Les battements de votre cœur, réguliers, vont le rassurer. Il se sentira enveloppé, contenu. Vos mouvements vont le bercer. Il va se détendre et peut même trouver le sommeil. Il est déjà arrivé qu’un petit âgé de 5 mois s’endorme sur mon épaule. Je l’ai posé ensuite dans son lit, il ne s’est pas réveillé. Autre exemple lundi dernier : une de mes collègues a porté en sling un bébé âgé de 4 mois qui vient d’arriver à la crèche et qui est un peu effrayé quand il y a de l’agitation dans la salle de jeux. Il avait l’air vraiment bien ainsi. Après 10mn environ de portage, elle l’a posé sur le tapis de jeux, dans l’espace des bébés. Elle m’a dit : « il est tout détendu ! ça fait plaisir de le voir comme ça. » Elle avait à peine tourné le dos qu’il s’endormait ! On l’a déposé dans son lit et il a bien dormi. Juste pour dire que quelques minutes les relaxent et aident au sommeil.

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    Source : La maison du Porte bébé

    Un enfant a mal au ventre, est constipé… En le portant sur le côté, vous allez créer des micro massages de son ventre. La position physiologique qu’il aura dans l’écharpe le soulagera. Testé et approuvé à la crèche !

    Un tout-petit digère mal, a des régurgitations… Le fait d’être porté en position verticale va l’aider. Vous savez, après un biberon, on met l’enfant « debout » contre nous et il fait un rot pardessus notre épaule. Sauf qu’il y a des enfants qui ont besoin de plus de temps, qui ont plus de difficultés pour digérer. Porter avec le sling par exemple, en position verticale, lui offrira ce temps et cette « aide » dont il a besoin. Régulièrement, j’ai à peine installé le petit dans le sling que j’accueille un superbe rot ! Pas très glamour mais efficace :-)

    Et puis, l’enfant porté voit ce et ceux qui l’entourent. Il participe davantage à la vie de la crèche. Ils adorent ! :-)

    A la suite de ma formation, j’en ai parlé à mes collègues. Certaines étaient curieuses de voir, d’essayer, d’autres étaient réticentes. Il faut respecter ça : si quelqu’un porte sans en avoir envie ou sans être un minimum à l’aise, l’enfant va le ressentir. L’idée, c’est que ça soit bénéfique pour les deux : porteur et porté.

    Avec 4 collègues, soit la moitié de l’équipe, nous utilisons un sling. C’est le moyen de portage qui me paraît être le plus simple et le plus rapide. D’ailleurs, 2 d’entre elles ont prévu d’en acheter un le jour où elles seront mamans. L’essayer, c’est l’adopter :-) C’est vraiment accessible à tous. Avant la formation, j’avais peur de ne pas réussir à faire les nouages… mais en fait, il suffit d’entraînement, c’est tout. Et le sling, c’est vraiment facile à mettre.

    On m’a demandée si les enfants ne s’habituaient pas et ne réclamaient pas d’être portés. Sincèrement, on ne porte que quand il nous semble pertinent de le faire par rapport aux besoins de l’enfant. Il y a des jours, des semaines, où on ne l’utilise pas. Mais on sait qu’il est là et qu’on peut le sortir. C’est un outil supplémentaire pour répondre aux demandes et besoins des loulous.

    C’est sûr que plus en enfant sera porté, plus il sera à l’aise quand on l’installera dans l’écharpe. Mais on a choisi de ne l’utiliser que dans certaines situations, en accord avec les parents, et ça se passe bien : on explique à l’enfant ce qu’on fait quand on le place dans le sling et il se détend. Ou s’il est vraiment énervé et qu’il s’agite, on y va plus doucement et en général, une fois qu’il sent le tissu sur son dos se resserrer légèrement, il se calme.

    Dans l’équipe, on essaye d’évoluer sur cette pratique. On a tellement entendu depuis des années qu’il ne faut pas trop porter un enfant car il s’y habitue, a du mal ensuite à se séparer, à être autonome. Depuis quelques temps, on dit l’inverse. Ce n’est pas facile de changer les habitudes mais ça viendra.

    Pas de regrets chez nous, en tous cas.

    Porter avec un outil de portage, ça ne se fait pas n’importe comment. Il y a des règles de sécurité et de confort à respecter. Je ne peux donc que recommander un cours avec un moniteur de portage. C’est très important.

    ça va faire un an que j’ai suivi cette formation. Après 6 jours de cours / démonstrations / expérimentations, 2 stages et un gros dossier à rédiger, je viens de recevoir ma certification :-)


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  • article issu de : http://www.acepprif.org/index.php/bibliotheque.html


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    La psu est la prestation de service unique accordée par la caf aux structures d’accueil des enfants de 0 à 4 ans. Elle a été mise en place en janvier 2002. Elle a été généralisée au 1er janvier 2005.

     

    En 1960, ce sigle psu évoquait un parti politique


    Aujourd’hui, ce mot est dit, redit, « sifflé » par les équipes, les responsables de structures d’accueil, les parents, les services petite enfance.

     

     

    Les objectifs, dans le dossier réalisé par l’association des maires de France, à partir de documents transmis par la cnaf sont énoncés ainsi : « Assouplir les modalités d’accueil par une optimisation des capacités d’accueil des équipements, des amplitudes d’ouverture mieux adaptées. »

     

    Les établissements et les services concernés

     

    Les crèches collectives, familiales et parentales, les haltes-garderies, les jardins d’enfants, les structures multi-accueil, les structures passerelles.

     

    Les types d’accueil sont l’accueil régulier, l’accueil ponctuel, l’accueil d’urgence. Pour bénéficier de la psu les établissements doivent soumettre leur projet d’établissement et le règlement intérieur à la caf.

     

    Au niveau des parents :

    • les conditions d’activité professionnelle et de fréquentation minimale sont supprimées ;

    • le temps d’accueil est prévu dans un contrat établi en fonction des besoins.

    On commence à percevoir pourquoi ce sigle siffle à nos oreilles de parents ou d’accueillants !

     


    En deux lignes, les fondements de l’organisation des modes d’accueil des tout-petits sont changés et invitent :

    1. À une radicale refonte « des » en « un » mode d’accueil qui intègre les enfants des parents qui travaillent un peu, beaucoup, ou pas du tout ;

    2. À ce que la présence des enfants puisse se mesurer et être tarifée à l’heure, sur des amplitudes horaires, plus adaptées au rythme professionnel ; quid du tempo des protagonistes ?

    Il y a deux décennies, rappelons-nous, les craintes des équipes quant aux effets pervers de la mensualisation : « Les bébés vont faire de plus longues journées, car si les parents paient au mois, leurs enfants seront amenés plus pour rentabiliser l’investissement. »

     


    Les crèches et haltes, reconnues et promues comme des modes d’accueil de qualité, coûtaient et coûtent extrêmement cher à la collectivité et ne proposent des places qu’à une petite partie de la population et essentiellement aux citadins.

     


    Une logique économique faisait jour, tandis que l’évolution sociale donnait à penser que la qualité de vie des parents importait autant que celle des enfants même si parfois les besoins de temps d’accueil des uns et des autres étaient antinomiques et discordants ; « Peu de temps ensemble mais de qualité… Il faut leur expliquer… Si les uns et les autres sont contents de se retrouver, les relations seront meilleures…, etc. »

     

    2006 : Autre temps, révolution chiffrée, mais aussi noble souhait des pouvoirs publics d’une plus grande mixité sociale, d’une meilleure adéquation au temps de travail, mais aussi, peut-être un certain clientélisme ; vous avez dit électeurs ?

     

    Les haltes jeux ou haltes garderies accueillent les enfants dont les parents ne travaillent pas de façon choisie ou subie. Les crèches accueillent ceux justifiant d’une activité de formation ou d’un salaire.

     

    La proposition mixte était rare. Situation paradoxale pour certains dans l’impossibilité de chercher du travail sans mode de garde pour leur petit mais qui ne peuvent accéder au travail car sans solution d’accueil pour leur enfant !

     

    Au-delà de ces réalités, ce réaménagement insufflé par la cnaf pose plusieurs questions « simples ».

     

    Les êtres humains qui accueillent ces petits d’hommes mais aussi leurs histoires, leurs familles, leurs particularités, leurs différences.

     

    À combien de petites et grandes personnes peuvent-elles proposer disponibilité affective, attention, soutien et soins si leur nombre devient tellement important que chacun n’est plus unique dans la relation ? En d’autres termes, « les limites » psychiques des accueillantes sont-elles pensées si chaque temps d’accueil est « rempli », « rentabilisé » et n’offre plus de respiration, de temps pour penser, pour souffler, pour se ressourcer ?

     

    Qu’en sera-t-il de la qualité d’accueil ?

     

    Quels types de « cohabitation », de circulation, d’arrivées et de départs tout au long de la journée des enfants, régulièrement et irrégulièrement accueillis, pourront être inventés ?

     

    Bien d’autres questions se posent et ce sera l’objet de la partie 2 de cette rubrique qui se construira en y intégrant vos remarques et expériences.

     

    Plus de places, plus de souplesse, plus de rentabilité, de mixité sociale, mais à quel(s) autre(s) prix ? Inquiétudes, interrogations, quand la logique économique peut aller à l’encontre du meilleur pour les générations futures, alors attention danger ! Restons vigilants !


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    Parenthèse sur le stade du miroir:

     

    Des précurseurs:

    C'est un des apports principaux de Lacan qui a écrit ce texte datant de 1936 expliquant le développement psychique de l'enfant. Quand Lacan théorise ce stade, c'est à partir de ses lectures: s'inspire d'Henri Wallon qui a beaucoup travaillé sur la fonction du miroir chez l'enfant. Lacan s'intéresse aussi à Winnicott qui développe toute une conception sur le miroir: pour le bébé, le visage de la mère est comme un miroir: le bébé quand il regarde sa mère se voit lui.

    Lacan va donner des repères chronologiques précis: c'est entre 6 et 18 mois: le stade du miroir va être définit comme une identification anticipatrice à une image. Au début de la vie, l'enfant est indifférencié de l'environnement et de sa mère cette différenciation se fera progressivement. Freud déjà avait repéré qu'elle se faisait grâce à l'agressivité cad que l'enfant tout petit est satisfait de façon immédiate et reste dans l'indifférenciation. Il ressent de la colère quand sa mère est absente et fait l'expérience que l'objet de sa satisfaction vient de l'extérieur et sa colère de l'intérieur. Cette expérience répétée va faire que l'enfant va de plus en plus différencier intérieur-extérieur, dedans-dehors. D'où la formule de Freud: l'objet nait de la haine.

    Mélanie Klein va insister sur le fait que quand le bébé différencie sa mère, il va passer à la position dépressive. Cette différenciation est située vers 6 mois: l'enfant fait la différence entre lui et la mère, lui et l'environnement.

     

    Le stade du miroir:

    Le stade du miroir de Lacan intervient dans ce contexte, pour se différencier, il faut s'identifier à une image entière. Ça passe forcément par le regard, la voix: le miroir c'est une métaphore. Jusqu'à un certain âge, l'enfant ne sait pas qu'il s'agit de lui. Il y a souvent une étape qui est que l'enfant croit qu'il s'agit d'un autre bébé. Le stade du miroir c'est le moment où le bébé s'identifie à cette image parce que la mère la regarde et le nomme à cette place là. Pour Lacan c'est un moment d'assomption jubilatoire. L'enfant est fou de joie car c'est le 1er moment où il s'identifie à une image entière.

    Dans la conception Lacanienne pour accéder à la différenciation, il faut passer à une identification séparée et différenciée: entière.

     

    Conséquences essentielles du stade du miroir

    Toute représentation de soi n'est jamais qu'une identification et une identification à une image. Françoise Dolto parlera d'image du corps. Ici on est du coté du moi (sentiment d'identité).

    Le sujet c'est le sujet de l'inconscient, du désir, qui échappe: en psychanalyse c'est un sujet sexué. On a tous l'impression d'avoir une identité mais le moi ça n'est jamais qu'une image: le miroir c'est un premier moi. Pour Lacan, le moi restera toujours du côté de l'imaginaire. S'il s'agit d'image, il s'agit du narcissisme (monde du moi, monde de l'image).

    Si on reste dans ce stade du miroir, on peut rester dans une relation purement imaginaire où il n'y aurait que deux images face à face. L'identité est donc quelque chose d'extrêmement imaginaire: plus les gens s'accrochent à leur identité et plus ils se font la guerre. Le monde imaginaire est un monde de relation duelle. Si on reste pris dans ce monde là, on est dans un monde paranoïaque où chacun défend son identité quitte à éliminer l'autre.

    Le tiers permet de sortir de cette relation duelle en passant à la relation triangulaire (ordre symbolique de Lacan). Dans certaines formes de psychose: schizophrénie, l'accès au stade du miroir n'a pas pu avoir lieu: as d'identification à une image entière.

    Les relations que nous entretenons sont prises dans cet imaginaire. La cure psychanalytique c'est quelque chose qui ne soutient pas le moi, ne soutient pas le narcissisme.


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  • article issu de : http://www.tout-aide.info/le-stade-du-miroir-par-plusieurs-psychanalystes-n3/

    LE STADE DU MIROIR PAR PLUSIEURS PSYCHANALYSTES N°3

    Le type de surface du miroir

    Alors que pour Lacan le miroir est une surface plane réfléchissante, pour Dolto il est une surface psychique omniréfléchissante. C’est-à-dire que le miroir ce n’est pas que l’image scopique, mais peut tout aussi bien être la voix ou toute autre forme sensible.

    Le type d’image pré-spéculaire

    Alors que Lacan y voit une image morcelée du corps de l’enfant, Dolto parle de cohésion du corps autour des références olfactives et viscérales, qu’elle appelle narcissisme primordial. Pour Dolto, le sujet pré-spéculaire existe dès la conception, comme elle le développe dans son concept d’image inconsciente du corps (IIC). C’est pour cela que pour elle, certes le stade du miroir est un structurant symbolique, réel et imaginaire, mais il est surtout l’inscription définitive du sujet dans son corps biologique, une fin, et non un début.

    La réaction affective de l’enfant face à son image

    Pour Lacan l’enfant jubile, alors que Dolto affirme que l’enfant souffre de cette castration symboligène, passant de l’image inconsciente du corps, à l’assujettissement de celle-ci à l’image réfléchie.

    La différence chez Mélanie Klein

    Mélanie Klein se démarque également de Lacan sur plusieurs points:

    Le regard de l’autre pour se reconnaître

    J’ai besoin de l’autre pour me reconnaître, car c’est toute la relation que l’autre a avec lui-même qui va permettre à l’image de mon corps de s’exprimer ou pas ; c’est en ce sens que l’enfant peut s’avancer avec enthousiasme vers l’autre et à la suite d’une réflexion moqueuse de cet autre, être déçu ; en conséquence de ne plus vouloir se montrer sous le même jour à l’autre.

    Être ou vouloir être

    L’autre ou le sujet se voit en moi, dans ce qu’il n’est pas et désire être, c’est tout le processus du désir qui est en jeu6. Mais s’il désire être ce qu’il n’est pas, c’est parce qu’il ne l’est pas justement qu’il le désire. Il ne veut donc pas l’être, pas plus qu’il désire que l’autre le soit réellement. D’où le sens énigmatique de la phrase de Lacan dans sa réponse à M. Safouan dans son séminaire sur les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, à la fin du chapitre 8 : « Le sujet se présente comme autre qu’il n’est et ce qu’on lui donne à voir n’est pas ce qu’il veut voir. »

    Là où je le vois …

    Là où je vois le sujet c’est dans un regard imaginé par moi. Si par exemple je montre au sujet quelque chose que je ne devrais pas lui montrer parce que j’ignore que ça va heurter sa morale, alors le sujet en question va se mettre en colère. Ce que le sujet aura vu, c’est ce que je lui aurai montré, mais il ne pourra pas voir sa propre colère comme je la vois, bien qu’il ait ressenti toute sa colère après coup en lui. Sa colère est celle que j’imagine dans son regard.

    Cette colère, je pourrais par exemple la voir dans un rêve, sous la forme de son corps à l’envers, soit l’image de son corps inversée. Selon l’expression « la colère l’a retourné » .

    … c’est aussi là où je me vois

    Or moi ce que je montre à l’autre, c’est ce que je désire montrer de moi mais que je ne peux pas encore exprimer autrement qu’en le montrant à cet autre moi-même qu’est l’autre : ce semblable que j’aperçois pour la circonstance en colère et sous la forme d’un corps à l’envers n’est autre que l’image de mon propre corps à l’envers, projetée sur lui et imaginée par moi.

    Mais encore

    Finalement, ce que l’autre veut voir en moi dépend de ce qu’il accepte ou refuse avec tous les degrés intermédiaires que cela comporte et de sa capacité à l’assumer, de voir comme un autre lui-même, en moi. Si le sujet ne veut pas voir ce que je lui donne à voir, c’est justement qu’il se représente autre qu’il n’est et sa façon de se représenter a largement à voir avec son Surmoi.

    source http://fr.wikipedia.org


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  • article issu de : http://www.oedipe.org/fr/oedipeklein

    L'oedipe chez  Mélanie Klein.

     

     

    « A mon avis, le complexe d'Oedipe naît pendant la première année de la vie et commence à se développer dans les deux sexes de manière semblable. »

    - M. Klein

    Le ton est donné, Melanie Klein (1882-1960), innove et découvre à partir de son expérience d'analyste auprès de très jeunes enfants. Cette élève de Freud, qu'elle rencontre en 1917, a poursuivi de manière créatrice l'œuvre du maître. Sa conception, dérangeante à l'époque, l'amène à théoriser à partir des archaïsmes psychiques précoces et à imprimer sa marque en élargissant le champ de connaissance ouvert par Freud. Elle crée une nouvelle technique psychanalytique adaptée au petit enfant, La technique du Jeu. Melanie Klein ouvre tout une monde fantasmatique primitif impitoyable où l'on coupe, dévore, déchire, difficile à entendre pour beaucoup. Elle découvre l'obstacle primitif lié au clivage de l'imago maternelle en une bonne mère et une mauvaise mère gênant l'intégration du bon objet dans le moi. Le moi, dans le vocabulaire freudien et kleinien, se rapproche tantôt du moi lacanien, imaginaire, tantôt du sujet. Le bon objet va aller dans le sens de la pulsion libidinale, le mauvais objet à son encontre. Ces situations anxiogènes précoces, ces fantasmes d'être châtré ou anéanti par une mauvaise mère, sont à l'origine de troubles psychiques du petit enfant, inhibitions et compulsions qui enrayent son développement psychique, son intelligence et sa créativité, qui altèrent parfois gravement son rapport à l'autre. On se situe ici avant le « stade du miroir » décrit par Lacan, l'identification imaginaire à l'image spéculaire que l'enfant découvre aux environs de dix-huit mois, constitutive du moi. L'analyse va permettre d'étudier et de dater les différents moments d'introjection des fantasmes. C'est dans ces stades précoces que Melanie Klein, à la suite de Karl Abraham, localise l'origine des psychoses.

     

    Sa manière de travailler sur l'inconscient est un apport majeur, utile dans la clinique psychanalytique. Aller y voir, de manière un peu plus profonde dans ces couches psychiques, même si Lacan a remis en cause cette notion de profondeur en attribuant à l'inconscient, depuis son séminaire Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, une structure temporelle de l'ordre d'une pulsation  [ii]. Le point de vue kleinien ouvre à une meilleure compréhension des fantasmes précoces du lien à l'Autre maternel. Le fantasme est directement analysable chez Melanie Klein.

     

    Le complexe d'Oedipe, elle en découvre et repère des éléments chez de tous petits enfants. Il s'agit pour elle d'un Oedipe primitif qui va trouver son origine dans le tout premier développement du psychisme ainsi que le surmoi, un surmoi archaïque. Elle se différencie là fondamentalement de Freud, pour qui le surmoi se développe à partir du complexe d'Oedipe et l'écrit dans son article « Le développement d'un enfant »  [iii]. Freud en est à la même époque à la période charnière de sa théorie, à l'élaboration de sa dernière théorie des pulsions, donnant un nouvel élan à sa recherche. Il formule en 1920, dans Au delà du principe de plaisir  [iv], sa théorie d'une dualité entre pulsion de vie et pulsion de mort.

     

    Melanie Klein avance donc que le complexe d'Oedipe, dont on pensait à l'époque qu'il n'apparaissait pas avant l'âge de quatre ou cinq ans, avec un point culminant vers les six ans serait tout à fait repérable chez des enfants plus jeunes. Elle constate aussi que le surmoi n'est pas un précipité survenant à la fin du complexe d'Oedipe, mais qu'il fait partie intégrante de ce complexe. Le surmoi archaïque se développerait durant la phase orale cannibalique. La phase orale se résume chez Melanie Klein essentiellement à la phase sadique-orale. Ce surmoi, c'est d'une part une force vive qui oblige l'enfant à vivre et d'autre part, une force destructrice qui jugulée au niveau des orifices du corps, produit les pulsions partielles orales, uréthrales et anales du sadisme. Pour Melanie Klein, le sadisme est d'une importance capitale au début de la constitution du moi, l'excès de sadisme fait naître l'angoisse et mobilise les premières réactions de défense du moi. La première défense du moi se réfère pour elle à deux sources de danger : le propre sadisme du sujet et l'objet attaqué dont il a peur qu'il se retourne contre lui. Freud en avait peut être eu l'intuition dans cette remarque : « Il est possible que, avant que le moi et le ça ne soient suffisamment différenciés et avant que le surmoi ne soit développé, l'appareil psychique utilise des moyens de défense différents de ceux qu'il emploie après avoir atteint ces niveaux d'organisation. »  [v] Cette défense diffère du mécanisme de refoulement ultérieur. Le moi à cette époque, insuffisamment développé, doit faire face à l'immense tache de dominer l'angoisse la plus intense qui soit, celle d'une annihilation totale. Les fantasmes sadiques constituent la base de la première relation au monde et à l'extérieur. Ces fantasmes se retrouvent dans l'identification aliénante à l'image de l'autre lorsque l'unité se trouve dans l'image du corps renvoyée dans le miroir, où l'autre, le semblable, est équivalent à soi. Le lien que Lacan fait de l'image spéculaire et de l'agressivité s'articule ici, dans cette identité mal démélable de celle de l'autre et où le sadisme agit. La thèse entière de Melanie Klein repose sur le fait que le conflit œdipien apparait à une époque où le sadisme domine. Elle décrit dans son article « L'importance de la formation du symbole dans le développement du moi »  [vi], à partir de la cure d'un petit enfant psychotique, Dick, sa thèse selon laquelle le sadisme agit dans un stade précoce sur toutes les sources du plaisir libidinal. Toute sa théorie est développée sous l'angle de la relation objectale, de l'importance des relations d'objet et du monde interne de l'enfant.

     

    En 1934 elle se sépare des théories de Freud et de Karl Abraham et formule ses découvertes en utilisant sa propre conception structurale, basée sur le concept de « positions ». Bien qu'elle ne soit pas incompatible avec la deuxième topique de Freud (théorie structurale du moi, du ça et du surmoi élaborée en 1923), sa conception implique de définir la structure réelle du moi et du surmoi et le caractère de leurs relations en terme de positions paranoïde-schizoïde et dépressive. C'est le passage d'une théorie des lieux à une théorie des positions.

     

    Pour Freud, la névrose infantile se développe en réponse à la situation œdipienne. C'est en relation au complexe d'Oedipe que s'établissent le refoulement et la régression aux stades prégénitaux en défense face aux angoisses œdipiennes. Les défenses conduisent à la formation de phobies, obsessions et autres symptômes. La névrose de l'adulte est une régression pour Freud, puisqu'elle puise ses racines dans la névrose infantile. Pour Melanie Klein, la névrose infantile est une défense contre les angoisses paranoïdes et dépressives sous jacentes, antérieures à l'Oedipe, visant à les lier et à les élaborer.

     

    Le complexe d'Œdipe commence donc à se développer pour Melanie Klein, à la phase dépressive et en fait partie intégrante. Dans les premiers stades du développement, le nourrisson introjecte à la fois le bon et le mauvais sein, le corps de la mère et ensuite le couple parental. L'introjection des mauvaises figures est inévitable et l'angoisse que cela provoque conduit l'enfant à chercher le contact libidinal avec ses parents en tant qu'objets externes, de façon à chercher une réassurance dans la personne réelle contre la figure terrifiante interne. A l'apogée de l'ambivalence orale, l'enfant attaque dans son fantasme le corps de la mère et son contenu, le pénis du père. C'est la pression provoquée par les objets internes qui pousse l'enfant à une relation oedipienne aux parents réels. L'enfant est contraint à des équations nouvelles. Le désir de restitution et de réparation à l'égard de la mère dans une relation sexuelle, vise à compenser les dommages dont elle a été victime dans le fantasme. Pour le père en tant qu'objet libidinal, le bon pénis est recherché comme réassurance contre le mauvais pénis interne en tant que rival. Le père réel est bien moins terrifiant que le père interne déformé. Une fois que la mère est perçue comme objet total, le nourrisson va percevoir le couple parental séparé ayant des relations entre eux. Pressentant le lien libidinal existant entre ses parents, il va projeter en eux ses désirs libidinaux et agressifs ; faisant naître en lui des sentiments poignants de privation, jalousie et envie. Il perçoit ses parents comme échangeant des gratifications qu'il désire pour lui, ce qui majore ses sentiments et ses fantasmes agressifs. Dans ces fantasmes les parents sont attaqués et il les imagine détruits. Ces figures sont immédiatement introjectées et ressenties comme faisant partie de son monde intérieur. Dans cette situation dépressive, le nourrisson a non seulement affaire à un sein et à une mère détruits, mais à un « couple parental combiné » détruit de la situation oedipienne initiale.

     

    Les angoisses du stade oral et du stade sadique-anal vont pousser dans le même temps, l'enfant à abandonner cette position archaïque pour une position génitale moins sadique.

     

    Le symbolisme ou l'expression symbolique des fantasmes, constitue pour Melanie Klein « la base de toute sublimation et de tout talent, puisque c'est au moyen de l'assimilation symbolique que les choses, les activités et les intérêts deviennent les thèmes des fantasmes libidinaux. »  [vii] Ce symbolisme inconscient est un lien essentiel entre les fantasmes primitifs et la relation à la réalité, rappelle Hanna Segal.  [viii]

     

    De la résolution de ce complexe d'Oedipe précoce peuvent découler des conséquences sur la sexualité. Melanie Klein avance là des données fondamentales sur la sexualité féminine. Elle différencie l'Œdipe chez le garçon et chez la fille. Une fois détournée du sein maternel, la petite fille fantasme qu'elle va attaquer et vider le contenu du corps de la mère pour s'emparer de ce qu'il contient, le pénis du père. Elle va d'abord le faire à l'intérieur du corps maternel puis comme attribut externe du père, sur un mode d'incorporation orale. Une des grandes angoisses de la femme constate Melanie Klein, et que l'on retrouve fréquemment dans la clinique, est que sa mère vienne attaquer et vider le contenu de son propre corps à elle  [ix].

     

    Si le surmoi maternel archaïque est trop terrifiant pour que la petite fille puisse affronter la rivalité à sa mère, cela peut la conduire à l'homosexualité. Si le pénis du père devient un objet trop mauvais et trop angoissant, cela peut la conduire à la peur des relations hétérosexuelles.

     

    Pour le petit garçon, la position féminine ou homosexualité passive se situe au moment où il se détourne du sein pour se tourner vers le pénis. Le conflit qui va se créer entre cette position et sa position masculine va l'amener ensuite à s'identifier au père et à désirer la mère.

     

    Pour Melanie Klein, la phase d'attachement précoce de la petite fille à sa mère, découverte par Freud, voit déjà apparaître des désirs à l'égard du père, dans une oscillation dans toutes les positions libidinales. La conception freudienne de l'envie du pénis chez la fille est loin de jouer un rôle aussi important que Freud ne le pensait. Pour le garçon, Freud n'a pas donné pour elle, assez d'importance à l'amour pour le père. La situation oedipienne perd de sa puissance chez le garçon car il est poussé par son amour et sa culpabilité à préserver son père comme figure intérieure et extérieure.

     

    La relecture que fera Lacan de L'Oedipe et la modélisation sans précédent dans l'histoire de la psychanalyse qui en découlera, substituant au mythe œdipien la métaphore paternelle, l'amènera à considérer la mère comme imago, élément d'une structure qui entre en fonction dans le sujet. La mère apparaît sous la forme du couple présence-absence dès les « complexes familiaux ». Le père de la réalité est réduit au Nom, à l'épinglage signifiant. La mère est réduite au désir, à la fonction du manque ou de la perte. La métaphore paternelle est une fonction qui pose le non interdicteur et symbolisant par l'intermédiaire du Nom-du-Père, de l'interdit de jouissance à la mère. De cet inter-dit qui peut se dire dans la mise en mots dans la cure de ces fantasmes archaïques, de ce réel à mettre en torsion dans le symbolique par le biais du langage, le génie d'interprétation de Melanie Klein peut nous aider à y entendre un peu mieux de la constitution de l'objet a. La coupure de la fin d'analyse, au moment de la traversée du fantasme, ne passe pas entre la mère et l'enfant mais entre le sujet et l'objet. Cette disjonction définitive entre la mère et l'objet, Lacan la posera à partir de « Position de l'inconscient ». Ce sujet qui se constitue par le biais de la métaphore paternelle opérant dans l'Oedipe ou dans la cure, en effaçant ce qui a trait à la jouissance de la mère, s'identifiant alors au signifiant phallique, un sujet qui se compte comme Un.

     

    Monique Lauret


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