• cheminement vers une éducation bienveillante en 9 étapes

    Je vous présente un article concernant l'éducation bienveillante que l'on peut tout à fait adapter en EAJE.

    Mon cheminement vers une éducation bienveillante en 9 étapes

     

    Mon cheminement vers une éducation bienveillante en 9 étapes

    Cheminer vers une éducation bienveillante sans fessée ni punition est exigeant, dérangeant, même bousculant. Cela nécessite de se pencher sur soi-même et son histoire personnelle, de remettre sa propre éducation et ses propres parents en question mais surtout cela nécessite d’accepter d’apprendre.

    J’ai moi-même puni, j’ai envoyé au coin, j’ai crié, j’ai fait du chantage avec ma fille. Mais je me rendais bien compte que tout cela était inefficace et que ce n’était pas cohérent avec ma manière d’aimer ma fille. Je me suis alors renseignée, j’ai lu (beaucoup), j’ai avancé (pas à pas), j’ai fêté mes victoires (petites et grandes), j’ai même ouvert ce blog pour ancrer mes expériences et mes lectures.

    Parfois, il y a des rechutes dont je témoigne (voir à ce sujet mon article sur Ces nuits où j’ai craqué avec ma fille); une fois, je me suis même vue fesser ma fille mais je ne suis jamais passée à l’acte. Quand Ginott écrit « Tous les sentiments sont acceptables, tous les comportements ne le sont pas », c’est valable aussi bien pour les parents que pour les enfants.

    Tout cela pour dire que je me suis « outillée », que j’ai (ré)appris à éduquer (d’où le nom du blog).

    Voici les 9 choses essentielles que j’ai apprises depuis que je me suis inscrite dans ce chemin :

    1. La théorie de l’attachement

    citation attachement enfant

    Tout au long de la vie, la satisfaction du besoin d’attachement (= de lien) reste la condition d’une vie émotionnelle et relationnelle plus épanouie. Si le besoin d’attachement n’est pas comblé (rejet ou ignorance de l’enfant par ses parents notamment) ou comblé de manière irrégulière, voire imprévisible (un parent alterne entre attitude ouverte et bienveillante puis menaçante ou maltraitante), l’attachement n’est pas « sécure ». Avec le temps, cet attachement insécure se transforme en méfiance dans toute situation ou rencontre nouvelle.

    L’attachement de l’enfant à ses parents est un besoin vital.

    2. Les besoins des enfants

    Jacques Salomé estime que les enfants ont 8 besoins :

    1. Besoin de survie

    2. Besoin de sécurité

    3. Besoin de socialisation

    4. Besoin de reconnaissance

    5. Besoin de différenciation

    6. Besoin d’évolution

    7. Besoin d’individuation

    8. Besoin de réunification

    Les deux plus importants seraient le besoin d’appartenir (faire partie d’un groupe) et le besoin de se sentir utile (savoir que la contribution personnelle compte).

    Je vous invite à consulter cet article pour approfondir : Les 8 besoins des enfants.

    3. Les stades de développement inévitables et normaux de l’enfant

    Isabelle Filliozat en parle très bien dans 2 de ses livres :

    - « J’ai tout essayé » pour les enfants de 1 à 5 ans

    de 12 à 18 mois : la période du non des parents,

    de 18 à 24 mois : la période du non des enfants (je vous propose de lire cet article pour comprendre les enjeux du NON à cet âge : J’ai 2 ans et je te dis « Non » parce que c’est bon pour ma santé !),

    de 24 à 30 mois : de l’ordre, dans l’ordre, pas d’ordres,

    de 2 ans et demi à 3 ans : moi, moi, je veux toute seule,

    à 3 ans : ensemble,

    de 3 ans et demi à 4 ans : naissance de l’imaginaire, merveilles et cauchemars,

    à 4 ans : pouvoir, règles et image de soi,

    de 4 ans et demi à 5 ans : conscience de soi, difficultés de socialisation.

    Retrouvez ma chronique de ce livre à ce lien : « J’ai tout essayé » : les mots d’amour en cas d’oppositions et de pleurs

    - « Il me cherche » pour les enfants de 6 à 11 ans

    il me cherche isabelle filliozat

    Retrouvez ma chronique de ce livre à ce lien : Les relations parents/enfants de 6 à 11 ans

    4. Le fonctionnement du cerveau

    J’ai lu Pour une enfance heureuse du Dr Gueguen qui explique que le cerveau des enfants et des adolescents est vulnérable. Toute forme de maltraitance, de violence même apparemment anodine, perturbera le bon fonctionnement du cerveau et de la vie émotionnelle. La méconnaissance des particularités du cerveau de l’enfant (grande fragilité émotionnelle dûe  à l’immaturité et à la vulnérabilité de son cerveau) conduit à des réactions inappropriées de l’adulte.

    Je vous propose de visionner cette vidéo du cerveau dans la main pour comprendre ce qui se passe dans le cerveau quand nous sommes en colère (article complémentaire à consulter ici) :

     

    5. Les raisons qui favorisent les comportements inappropriés des enfants

    Voici 6 raisons qui pourraient expliquer pourquoi les enfants adoptent des comportements que nous estimons inappropriés pour la vie en commun.

    1. L’immaturité neurologique

    2. Le stress quotidien

    3. La non satisfaction des besoins de l’enfant tels qu’énoncés plus haut

    4. Le manque d’information fournie par le parent à l’enfant et le manque de préparation

    5. Une ambiance/ un cadre/ un environnement inadapté

    6. L’inadéquation entre le développement de l’enfant et la demande qui lui est faite (manque de compétences)

    Pour aller plus en détails dans ces raisons, je vous invite à lire cet article : 5 raisons qui peuvent expliquer les comportements inappropriés des enfants.

    6. Les émotions qui peuvent en cacher d’autres

    Dans Au coeur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat explique bien la notion de distorsion : un enfant qui pleure pour un vêtement trop serré éprouve peut-être de la colère pour un tout autre motif, un enfant terrifié par un chien qu’il connaît pourtant a sûrement peur d’une autre chose plus importante qu’il n’ose pas révéler.

    Dans ce cas, nous parents avons tendance à sur réagir : soit en nous énervant parce que nous sommes exaspérés, soit en entrant dans des jeux de pouvoir avec l’enfant, ou encore en nous lançant dans des justifications et explications sans fin. Pourtant, Isabelle Filliozat écrit que

    « Votre énervement vous indique que l’émotion montrée en cache une autre. Il y a une autre blessure, un autre problème, un autre manque probablement plus crucial à écouter. »

    Gisèle George appuie cette constatation dans son livre J’en ai marre de crier :

    « Si un comportement persiste malgré vos multiples hurlements, punitions et explications, c’est que vous n’avez pas trouvé ce que le jeune cherche à obtenir et dont le bénéfice est souvent plus fort à ses yeux que toutes vos réprimandes. »

    Pour savoir comment décoder une émotion, cet article vous donnera des pistes : Quand une émotion en cache une autre : comment les décoder ?

    7. Des nouvelles manières de communiquer

    J’use et j’abuse de plusieurs outils de communication :

    • la communication non violente qui est basée sur les 4 principes ci-dessous (pour aller plus loin dans votre lecture : CNV : introduction à la Communication Non Violente)

    Communication Non Violente par Marshall Rosenberg

    • l’écoute active

    Quand les enfants sont en colère ou malheureux, ils veulent être compris, soutenus et recevoir des preuves d’amour. La technique des sentiments réfléchis de Dr Carl Rogers (reprise et développée par Thomas Gordon sous le nom d’écoute active) permet de montrer à l’enfant que nous comprenons réellement ce qu’il/elle ressent en traduisant ses sentiments par nos propres paroles et en les lui réfléchissant comme un miroir.

    Plutôt que de chercher à minimiser les causes de sa tristesse (« C’est pas grave que ton gâteau soit cassé ! »), à lui donner des conseils tout faits (« T’as qu’à faire ci/ça! »), à le détourner de ses mauvais sentiments (« Mais si, tu aimes ta sœur ! »), à jouer les arbitres dans les conflits (« Il t’a tapé ? Bien fait, c’est toi qui as commencé ! »), à questionner sur les causes (« Pourquoi tu as fait ça ? ») ou encore à juger l’enfant (« Que tu es pénible « ), les sentiments réfléchis permettent non seulement de démontrer à l’enfant que nous comprenons (ou en tout cas tentons de comprendre) ce qu’il ressent mais c’est aussi lui laisser une opportunité de trouver une solution à ses problèmes.

    Voici une liste de mots proposée par Isabelle Filliozat dans Au coeur des émotions de l’enfant :

    C’est dur pour toi de…

    C’est difficile quand…

    Je vois que…/ J’imagine que… / J’ai l’impression que…

    Je comprends que tu dois souffrir de…

    Tu te sens triste à l’idée de…

    Tu as envie de… (te venger, ne plus jamais le voir, lui téléphoner)

    Tu n’aimes pas quand…

    • le message Je

    Le message Je consiste à dire simplement à un enfant le sentiment que provoque chez nous un comportement inacceptable. Les phrases commencent alors par Je :

    Je ne peux pas me reposer quand quelqu’un me monte sur les genoux.

    J’ai peur que le repas ne soit pas prêt à temps. 

    Je suis bouleversé(e)/ déçu(e)/ fatigué(e)/ inquiet(e)/ préoccupé(e)…

    L’enfant reçoit alors un renseignement sur l’état du parent et non pas une accusation (« tu es pénible de me monter sur les genoux », « c’est ta faute si le repas n’est pas prêt »).

    • l’évitement des négations 

    Le cerveau de l’enfant ne traite pas bien la négation : il ne peut pas à la fois construire l’image mentale et la nier. Quand nous interdisons quelque chose à l’enfant, c’est comme si nous lui donnions une consigne. Dans « Ne mange pas ton bonbon », l’enfant retiendra les mots « manger » et « bonbon ». Idem pour « Ne cours pas » ou « Ne traverse pas la rue ». Il vaut mieux les remplacer par « Marche » et « Reste de ce côté de la rue ».

    On simplifiera la vie de toute la famille en indiquant ce que l’enfant peut faire, plutôt que ce qu’il ne peut pas faire.

    8. Le nécessaire travail sur soi en tant qu’adulte

    Etre un parent non violent requière un véritable travail sur soi, qui peut aller jusqu’à l’analyse thérapeutique. Sans aller jusque là, il est possible d’apprendre en tant qu’adultes à :

    - gérer ses colères (par exemple : une technique pour renforcer sa maîtrise de soi et ne plus céder à la colère)

    - décrypter ses émotions et ses sentiments (ici à propos des sentiments dissimulés derrière la colère parentale : La colère dans la relation parents-enfants)

    - apprendre à reconnaître ses besoins (par exemple : Quels sont nos besoins fondamentaux ?)

    - tuer ses croyances négatives et notamment celle que les enfants sont des manipulateurs nés et des tyrans (par exemple : 4 moyens de combattre les croyances négatives)

    - lâcher prise (j’en ai témoigné dans cet article : Ces petites choses sur lesquelles j’ai (réussi à) lâcher prise )

    - être positif soi-même (par exemple : Entraînez votre cerveau à rester positif en 3 étapes)

    - prendre confiance en soi (par exemple : 7 phrases à se répéter pour retrouver confiance en soi)

    - être bienveillant envers soi-même (une vidéo à ce sujet :  Etre bienveillant avec soi avant de pouvoir être bienveillant avec ses enfants)

    Je partage régulièrement des articles du site anti-deprime.com sur ma page Facebook. Il s’agit d’une grande source d’outils et de conseils pour être heureux, optimistes et positifs. Je vous encourage à le visiter si vous souhaitez vous inscrire dans cette démarche.

     

     

    - Et n’oublions pas non plus de nous offrir des moments à nous : nous ne sommes pas que des mères ou des pères !

    9. La préparation de l’environnement familial

    Donna Bryant Goertz (éducatrice Montessori) donne 11 conseils pour favoriser l’épanouissement des enfants en réorganisant le quotidien.

    1. Préparer chaque pièce de la maison de manière à permettre à l’enfant de participer pleinement à la vie familiale

    2. Demander une participation à la vie de famille adaptée à l’âge de l’enfant

    3. Impliquer l’enfant dans les sorties familiales qui se rapportent à la vie courante

    4. Organiser la vie de famille en tenant compte de l’âge de l’enfant et de sa personnalité

    5. Rester réceptif aux sentiments de l’enfant et l’encourager à exprimer ses émotions avec respect

    6. Expliquer minutieusement ce qui se passe dans la famille en des termes adaptés à l’âge de l’enfant et en tenant compte de sa compréhension et de sa curiosité.

    7. Adapter les périodes d’activités aux besoins fondamentaux de nutrition, sommeil, exercice, concentration, solitude et compagnie spécifiques au tempérament de l’enfant (sommeil, nutrition, exercice physique)

    8. Aider l’enfant à mettre de l’ordre dans sa chambre et à ranger ses affaires

    9. Considérer le comportement de l’enfant comme étant en « évolution », jamais comme bon ou mauvais

    10. Alterner la fermeté avec une bonne mesure d’espoir, de bonne humeur et de joie

    11. Fournir à l’enfant du matériel créatif et introduire l’enfant à l’art, à la culture, aux langues, aux sciences et à l’histoire.


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  • Commentaires

    1
    Mercredi 8 Avril 2015 à 08:19

    Voilà un article essentiel et bien résumé, qui peut s'approfondir facilement par thème ! 

    Je suis convaincue personnellement et professionnellement par tout ce qui est énoncé ci-dessus, ma fille n'en aura reçu les bienfaits que depuis ses 3 ans (et encore à tâtons au début, cela demande un travail sur soi aussi ! ), mais quelle différence !  Quant à mon fils, qui rentre tout juste dans le Non, c'est devenu naturel pour moi et cela apaise l'ambiance à la maison aussi (le parent ne se sent pas agressé par la colère de l'enfant quand il la comprend)

    En structure, écoute émotionnelle, connaissance de l'enfant et bienveillance font une grosse partie du travail ! 

    Une précision que je ne maitrise pas encore  :  j'ai lu que l'enfant n'entendait pas la négation avant 9 ans, cela me parait énorme, avez-vous des précisions sur ce sujet ? J'ai bien compris que notre cerveau pour comprendre la negation visualisait d'abord l'action, ou l'objet, pour ensuite le chasser, à partir de quel âge fait-il la 2e partie ? 

    Merci ! 

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