• Respect de l’intimité de l’enfant en crèche ? (analyse de situation)

    article issue de : https://petiteenfance836.wordpress.com

    Respect de l’intimité de l’enfant en crèche ?

    Cadre spatio-temporel : crèche. 12h30. Fin du repas et soin d’hygiène. Préparation à la sieste. Deux professionnelles: Pro1, CAP P.E et Pro2, EJE, qui est de retour d’un arrêt maladie de deux mois. Pro1 se dirige en salle de change, Pro2 vers le tapis en salle de vie où sont regroupés les enfants. Cette dernière propose aux enfants son accompagnement pour le déshabillage, rituel quotidien (depuis un an), avant de rejoindre Pro1 en salle de change. 

    Pro1 interpelle Pro2 : « Non. On ne les laisse plus se déshabiller seul sur le tapis. Y’a des habits partout on s’y retrouve plus. Et aussi pour le respect de l’intimité de l’enfant. Ils ne se déshabillent plus les uns à côté des autres. On les appelle un par un en salle de change ».

    Décision prise lors de l’absence de Pro2 par les professionnelles, sur proposition de Pro3, EJE, encore membre de l’équipe sur un poste d’A.P. Elles estiment que l’enfant ne doit pas se déshabiller et rester en sous vêtements devant un pair. Et que le déshabillage s’effectue forcément en salle de change.

    Mon avis:

    Je pense que le « respect de l’intimité » est à utiliser dans une juste mesure.

    Il me semble que le « respect de l’intimité » réside dans une manipulation bienveillante du corps et de l’intimité du petit enfant lors du change. Comme le préconise la pédagogie d’Emmi Pikler sur la base de la « théorie du soin ». Ainsi, nous pouvons respecter l’intimité de l’enfant en favorisant la référence (autant que possible parce-que pas évident en EAJE), en travaillant sur le temps d’accompagnement de l’enfant pendant ce soin d’hygiène, sur l’attitude professionnelle ( échanges de regards, verbalisations, interactions…), et la douceur des gestes auprès de l’enfant.

    Par ailleurs, lors d’une conférence sur le développement de l’enfant de 18 mois à 3 ans, le Professeur Delion, pédopsychiatre, a mis en exergue l’importance de la construction de l’identité à cet âge : les enfants s’observant mutuellement, le garçon prend conscience qu’il n’est pas une fille, et la fille prend conscience qu’elle n’est pas un garçon.

    En outre, cela m’amène à évoquer l’observation entre enfants, qui favorise également l’imitation, et donc l’apprentissage. Et par conséquent, l’acquisition de nouvelles compétences.

    Cela implique qu’en refusant le déshabillage en petit groupe, on empêche toute observation qui aurait permis à l’enfant d’imiter un pair qui sait déjà retirer ses chaussettes et son pantalon, et donc de ralentir l’apprentissage de l’autonomie, notamment celle de la propreté.

    Un(e) professionnel(le) peut accompagner l’enfant dans cet apprentissage, mais il (elle) manque souvent de temps avec le risque de se précipiter. Ce qui n’est pas en faveur de l’enfant.

    Or, nous savons que les enfants apprennent très vite lorsqu’ils sont en interaction, qu’elle soit verbale ou non. C’est dans ce cadre que les enfants apprennent à leur rythme.

    En outre, pour le problème des vêtements éparpillés, il serait opportun de proposer à chaque enfant un petit sac personnalisé pour qu’il y mette ses affaires tout de suite après s’être déshabillé. D’autant plus que l’une des professionnelles a des talents de couturière. Exit le budget, vive les tissus de recup’!

    Je pense enfin que ce déshabillage peut se faire en dehors de la salle de change, selon la crèche concernée. Dans celle que je cite, la salle de change à une superficie de 10m2 environ. Deux plans à langer sont disponibles. On y trouve les casiers des enfants ainsi que le lave-linge et le sèche-linge. Elle est utilisée le midi en même temps par les deux sections : Petits et Moyens/Grands, accompagnés des professionnelles.

    Les vas et viens sont nombreux: Deux professionnelles de chacune des deux sections, les bébés et les Moyens/Grands s’y retrouvent. Pendant un même laps de temps, on peut y rencontrer une professionnelle qui accompagne un enfant à chercher ses affaires dans son casier, une autre qui accompagne deux enfants aux petites toilettes, deux professionnelles qui occupent les plans à langer. Les professionnelles présentes se frôlent voire se bousculent lorsqu’elles se déplacent.

    Cette condition matérielle est-elle bénéfique à l’enfant? Un espace étroit et davantage restreint par la présence de nombreuses personnes, enfants et adultes,  permet-elle de favoriser l’apprentissage du déshabillage dans le confort et la sérénité?

    Pro 2 a évoqué cette situation en réunion d’équipe, Pro 3 a répondu que les parents s’occupaient déjà de cet apprentissage (le déshabillage). Elle ajoute que la professionnelle doit d’abord penser au bien-être de l’enfant.

    Cela me questionne:

    • que savons nous de l’accompagnement des parents à leur domicile? Le contexte familial et le rythme de vie est propre à chacun et l’accompagnement de l’enfant en dépend.
    • Le bien-être de l’enfant n’est il pas tributaire du bien-être de l’adulte qui l’accompagne ?

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