• les enfants et les armes

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    les enfants et les armes

     

    Ceci n’est pas un thème facile à aborder, mais il faut je crois en parler.
    Mais avant un tout petit pas en arrière. Je dois dire que je connais la guerre ayant travaillé plusieurs années au Comité Internationale de la Croix Rouge (CICR – Genève) et ayant fait des missions dans des coins plutôt difficiles comme le Sierra Leone et l’Irak, pour n’en citer que deux. Je peux reconnaître des tires de mortiers, et j’ai vu ce que des bombes peuvent provoquer en tant que souffrance physique, mais également la souffrance de perdre des êtres chers, de voir son monde s’écrouler pour des enjeux politiques, etc. (Je suis en ce moment en longue « pause Maman » depuis que mon fils –conçu par une nuit de bombardements intenses dans le nord du Yémen !- est né en Janvier 2009). Mon mari pour sa part est médecin également au CICR et est Afghan. Lui la guerre, il ne connaît que cela. Il est difficile de s’imaginer son enfance, avec la perte de proches, les pénuries, la peur… Et sa famille est toujours en Afghanistan.
    Voilà pour le petit pas en arrière, mais c’était simplement pour mettre la chose dans son contexte.
    Ici je veux parler des enfants et des armes comme jouet.
    Il n’y a pas longtemps lors d’un séjour à Paris, mon fils s’est approché de quelques enfants qui jouaient au Jardin du Luxembourg. Il y avait des jouets au sol. Il en a pris un et l’a levé haut avec son bras. C’était une Kalachnikov en plastique bien sur, mais bien noire et pour moi bien vraie. Cette image m’est restée gravée comme ces enfants que j’ai vus au Sierra Leone et autres endroits. Mon cœur battait à tout rompre et j’ai eu les larmes aux yeux en le voyant brandir cette arme. Je lui ai enlevé le jouet de la main doucement en lui disant « laisse ce n’est pas un jouet ». Et nous avons continué notre marche. Mon fils avait 16 mois.
    Quelqu’un m’a dit : « mais les armes c’est comme le sexe ou la drogue – il faut en parler. » Certes, mais on n’achète pas des paquets de cigarettes ou des bouteilles d’alcool en plastiques comme jeux !
    De la même manière, on me dit que les enfants sont d’instinct agressif. Certains vont peut-être naturellement prendre un bâton et le brandir comme une épée, et une petite fille pourrait donner une bonne fessée à sa Barbie même si elle n’en a jamais reçu. Je ne suis pas certaine que les enfants soient « agressifs » par nature comme on me le dit. Je ne m’y connais pas en psychologie infantile, mais je crois que le milieu dans lequel ils grandissent est ce qui va leur apprendre à reconnaître le bien du mal. Si on ne crie pas sur eux, ils ne crieront pas sur d’autres. Si on ne les frappe pas, ils ne le feront pas. Ai-je tord ? Peut-être. Mais au moins, si la petite bat sa Barbie à lui fendre le crâne et le petit prend un bâton contre son compagnon, on peut au moins expliquer que ce n’est pas bien et pourquoi.
    Il est trop facile de laisser les choses se faire parce que c’est « naturel ». La violence n’est pas naturelle, de cela j’en suis convaincue. Le fait terrifiant pour moi dans l’exemple du Jardin du Luxembourg fut de voir que des parents offrent des jouets de guerre à des enfants dans un pays « civilisé » où ils ont la chance de ne voir des armes que portées par des agents de la loi.
    Je vous laisse réfléchir.

    L’illustration est du merveilleux film du cinéaste japonais Hayao Miyazaki « Le tombeau des lucioles ». Si vous ne l’avez pas vu, je le recommande vivement. 

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