• Le stade du miroir

    LE STADE DU MIROIR

     

     

    LE STADE DU MIROIR

     

     

    Le développement de la personnalité passe par l’acquisition du "JE". Beaucoup de patients souffrant de maladie mentale ne sont pas 'sujet de leur discours'.

     

    Il faut bien savoir que le nourrisson ne se vit pas distinct de sa mère, et donc qu'il n'a pas conscience de son propre corps. Ce n'est que progressivement qu'il va prendre conscience de lui-même, et intégrer les limites de ce corps qui est à lui et différent des Autres. Il distinguera ainsi ce qui est de l'ordre du Moi et ce qui ne l'est pas.

     

    On peut remarquer que déjà vers 4 mois il réagit à son image reflétée par le miroir, mais comme à n'importe quelle apparition d'enfant. Il sait par contre reconnaître sa mère et la reconnaît dans le miroir: il n'a pas encore réalisé qu'il s'agissait d'une image.

     

    Dans cette évolution psychique du petit enfant, survient vers 7 ou 8 mois un stade important pour son développement que Jacques Lacan nomme le "stade du miroir". Cette étape doit permettre au bébé d'identifier ce corps qui est à lui et qui est différent de l'Autre, le premier Autre: la mère. Son corps à lui, il l'a déjà exploré des mains, de la bouche, et ses yeux ont enregistré les mains et les pieds qui passaient devant son visage. Il reconnaît aussi les visages de ses proches. Quand il se voit dans le miroir, il attend une réaction de cet Autre devant lui. La mère qui le tient dans ses bras (ou qui est placée derrière lui) va lui nommer cette image et lui dire "c'est l'image de ton corps, c'est toi que l'on voit dans le miroir". Cette parole de la mère va lui faire prendre conscience de leur existence distincte,  à elle et à lui. Il va chercher confirmation en se retournant pour voir sa mère derrière (ou à côté de) lui.


    Cette étape du stade du miroir a une grande valeur symbolique dans l'évolution psychique de l'enfant. Elle le force à prendre conscience qu'il est différent de sa mère, des Autres. Elle lui donne des limites dans la vision de ce corps "limité" par un contour, et aussi par une taille. Il se perçoit comme un tout, unique, et aussi comme extériorité. Il découvre les parties de son corps qu'il ne connaissait pas encore: le
    schéma corporel se construit. La relation affective que l'enfant entretient avec les autres, de symbiotique (relatif à un soutien mutuel) devient anaclitique (conscience de ce soutien). Désormais l'enfant sait qu'il a besoin de la mère. C'est une période très importante de distinction, que ce soit extérieur/intérieur ou Moi/Autre (le Moi se forme en même temps que se forme l'Objet extérieur, l'un n'existant que par rapport à l'autre).

    Il découvre aussi que l'Autre dans la glace n'est qu'une image et non un être réel. C'est un leurre: l'enfant passe du réel à l'imaginaire.

     

     

     

    Distinctions entre les théories de Jacques LACAN et de Françoise DOLTO

     

    • Chez LACAN, le miroir est une surface plane qui réfléchit visuellement. L'image du "stade du miroir" est ainsi un mirage de totalité et de maturation face au réel dispersé et immature que l'enfant perçoit de son corps. C'est donc une expérience première et inaugurale dans un réel dispersé et morcelé. LACAN oppose le corps morcelé du bébé à cette image globale à laquelle il doit se confronter. C'est un commencement dans sa maturation psychologique. De cet impact naîtra une 'jubilation' due à l'appropriation de cette image de son corps, total et aimé de la Mère. Le stade du miroir a une valeur décisive.

     

    • Chez DOLTO par contre, le miroir est une surface réfléchissante de toute forme sensible, visible comme psychique. Ce qui importe alors, c'est la fonction relationnelle réfléchie par l'image du miroir. La surface plane du miroir est relativisée, ce n'est qu'un instrument parmi d'autres pour individualiser le corps, l'image inconsciente du corps mais aussi le visage, et découvrir la différence (Moi/Autre, différence des sexes...). L'enfant n'est pas dans un réel dispersé et morcelé mais déjà cohésif et continu. L'opposition n'est plus dans un face à face mais bien plutôt entre deux images différentes: l'image visuelle vue par l'enfant et l'image inconsciente qu'il a de son corps. Le stade du miroir ne marque plus un commencement mais confirme une "individuation narcissique primaire". Et l'impact produit chez l'enfant n'est alors plus jubilatoire mais s'apparente bien à une épreuve douloureuse de castration. En effet, l'enfant fait le constat qu'il existe un grand écart entre son image et lui. Il n'est pas cette image que lui renvoie le miroir et devant laquelle s'extasie sa mère. Il ne se réduit pas à cela, et c'est une véritable épreuve qu'il doit franchir.


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