• La propreté

    article écrit par : Monique RIBOULET - Psychologue

     

    A PROPOS DE LA PROPRETE 

    • Etre propre n’est pas un apprentissage mais une acquisition. 
    • C’est une période importante du développement de l’enfant. 
    • C’est un processus naturel qui ne s’apprend pas ; qu’il ait été ou non sollicité par l’adulte, l’enfant est capable spontanément de contrôler ses sphincters le moment venu, entre 2 et 3 ans. 
    • C’est une acquisition qui est avant tout le fait de l’enfant et de son désir à devenir grand. 
    • Elle met en jeu différents mécanismes physiologiques et psychologiques.

     

    1- Maturation physiologique

    Le développement neurophysiologique est parvenu à maturité avec la terminaison complète du système nerveux central, de la moelle épinière et des filets nerveux qui vont au périnée et au méat urinaire.

    L’enfant est « candidat » à la propreté quand il possède également la maîtrise de ses muscles volontaires qui lui permet de « monter et descendre seul un escalier et une échelle, poser des objets fragiles, transporter des vases à demi pleins puis pleins, lancer le ballon avec le pied dans une direction donnée, jeter un objet avec précision, ouvrir et fermer une boîte, boutonner et déboutonner, apprendre à découper, éplucher les légumes, visser et dévisser « écrit Françoise Dolto ( Les étapes majeures de l’enfance.).

    Peu à peu, l’enfant réalise ce qui se passe dans son corps, le fait savoir par des mots ou des gestes, peut se retenir et anticiper pour enlever sa couche et aller aux toilettes.

    2- Maturation affective

    Entre 2 et 3 ans, l’enfant intègre la différence des sexes (garçon-fille) et entre dans une période d’opposition ; il souhaite se conformer aux désirs de l’adulte et, en même temps, il a besoin de s’opposer pour affirmer son identité, son moi et l’étape de la propreté est propice à des conflits entre le désir de l’adulte et celui de l’enfant.

    Les selles et les urines représentent pour l’enfant une partie de son corps ; en devenant propre, il accepte de s’en séparer et une relation affective positive avec l’entourage est nécessaire.

    Son désir d’être propre lui appartient en tant que sujet actif de son corps ; son corps est à lui et il n’a pas à s’en servir pour « faire plaisir », ce n’est pas un objet de commerce affectif, ni de chantage.

    Tous les enfants ne sont pas prêts au même âge à renoncer aux plaisirs d’être changés de couche, pommadés, câlinés….ils peuvent penser qu’ils n’auront plus ces soins de maternage s’ils sont propres. L’enfant peut ressentir une angoisse de perte de son intégrité corporelle : « ce qui sort de moi est-il un morceau de moi ? » et des peurs au bruit de la chasse d’eau et à la disparition de ses matières fécales.

     

    3- Rôle de l’adulte

    Ne pas enlever les couches « pour essayer », « pour voir », mais lui permettre de garder la couche aussi longtemps qu’il le désire, c’est une enveloppe rassurante qui le prévient de tout accident et qui ne l’empêche pas de devenir propre.

    Quand un enfant mouille sa culotte, il y a des témoins à son échec, l’adulte intervient pour changer sa tenue et sa confiance en lui est ébranlée.

    Quand un enfant mouille sa couche, il n’y a pas de témoin, c’est son affaire, personne ne l’a vu et, cela, ça change tout.

    Dans les 2 cas, l’enfant n’est pas propre, mais le port de la couche le préserve du sentiment de « n’avoir pas pu se retenir » aux yeux des autres. La vessie se remplit à peu près toutes les 2 heures, il est donc inutile de mettre sans arrêt l’enfant sur le pot, il se soulagera très peu à chaque fois et n’aura jamais la sensation de la vessie pleine qui lui signifie le besoin de miction.

    Laisser le temps à l’enfant……l’acquisition de la propreté peut être comparée à celle de la marche : l’enfant marche quand il a l’équilibre, le maintien et la force musculaire suffisants pour le faire. L’adulte n’apprend pas à l’enfant à marcher, l’enfant marche quand toutes les conditions du développement psychomoteur sont arrivées à maturité.

    C’est pareil pour la propreté, l’enfant en est capable quand toutes les conditions du développement neuromusculaire sont réunies.

    Accompagner l’enfant en le rassurant : « tu es arrivé trop tard sur le pot, ce n’est pas grave, bientôt tu pourras sentir plus vite l’envie de faire pipi et tu viendras à temps sur le pot ».

    Observer certains signes pertinents : quand l’enfant verbalise ce qui se passe dans son corps (« pipi, caca »), quand la couche est sèche entre deux changes depuis assez longtemps.

    Utiliser un langage approprié : « je vais changer ta couche » au lieu de « je vais te changer ».

    Eviter les paroles blessantes : « ça pue ! tu as encore fait caca ! ».

    Ne pas se fâcher, l’adulte est là pour aider l’enfant à grandir, c’est une démarche éducative qui demande patience et respect.

    Ne pas hésiter à re-proposer la couche si l’enfant a des difficultés à rester propre après une période de propreté ; c’est juste une petite régression qu’il faut permettre à l’enfant pour qu’il accède de nouveau au désir de grandir.

    Plus l’adulte sera tendu et stressé par la propreté, plus l’enfant sentira la pression de la demande et le poids de sa responsabilité qui pourrait bien se convertir en culpabilité de ne pas pouvoir satisfaire le désir de ses parents, ce qui serait bien dommage !

     

    « POUR ALLER A L’ECOLE, IL FAUT QU’IL SOIT PROPRE ! »

    L’entrée à l’école ne justifie pas une démarche trop précoce de l’acquisition de la pro-preté.

    L’inquiétude des parents est légitime, mais d’une part, il n’est pas pertinent de relier Ecole et Propreté, ce qui voudrait dire que le lieu du savoir n’est accessible à l’enfant que si il est propre, et d’autre part, l’enfant devient propre très vite pendant les vacances avant la rentrée des classes. De plus, un apprentissage imposé à tort trop tôt est néfaste à un bon investissement scolaire.

     

    COMMENT AIDER L’ENFANT ?

    Lui mettre des vêtements confortables et faciles à retirer pour faciliter son autonomie : pas de salopette, pas de bretelles, pas de ceinture, pas de body mais des slips et des maillots de corps avec le dessin de leurs personnages préférés par exemple !

    Le pot reste dans les toilettes ou la salle de bains, et ne se promène pas dans toutes les pièces de la maison.

    Ne pas encourager l’enfant à rester sur le pot en lui proposant livres et jouets, il a envie ou pas envie, ce n’est pas un moment-jeu, ni une activité, c’est juste un moment nécessaire à la satisfaction des besoins. Verbaliser autour de l’acquisition de la propreté à l’aide de livres tels que :

    • « Le petit pot d’Alfred » V.Miller.Nathan • « Je veux mon petit pot » T.Ross.Seuil Jeunesse • « Cacaprout » C.Dolto-Tolich. Gallimard Jeunesse

    • « Petit ours brun et le pot ». D.Bour. Bayard Jeunesse

    • « Mon pot » D.Levy et F.Turnier. Nathan

     

    En conclusion, tout forcing ou éducation trop précoce à la propreté est souvent responsable plus tard de troubles fonctionnels (énurésie, encoprésie, diarrhée, colite, constipation) et de troubles de comportement (obsession, manie, angoisse, problème de concentration).

    Il faut faire confiance à l’enfant et à ses capacités, observer ce qu’il vous montre pour savoir où il en est et pouvoir ainsi l’accompagner dans son autonomie.

    L’acquisition de la propreté est trop importante pour devenir un enjeu relationnel.

    Monique RIBOULET - Psychologue

     

    Pour les professionnels… A propos de la propreté

    C’est aux parents de commencer la propreté à la maison quand l’enfant montre des signes de maturité.

    Le dialogue avec les parents est important, il faut rester dans l’échange, entendre leurs demandes et les rassurer.

    Si vous êtes en difficulté avec les parents, justifier votre position professionnelle en partageant vos connaissances sur le sujet en vous situant toujours du côté du bien-être de l’enfant et de l’observation de son développement. L’attitude de leur enfant peut être différente chez eux et chez vous.

    Laisser à disposition pot et toilettes, accompagner l’enfant et proposer votre aide pour se déshabiller et s’asseoir.

    L’enfant est le premier intéressé et le premier acteur de cette période, il doit toujours être associé à la relation parent/professionnel. Par ex : « ta maman me dit que tu n’as plus de couche à la maison ? Veux- tu venir demain sans couche aussi ? » Ou « ton papa me dit que tu vas sur le pot maintenant à la maison après le repas et la sieste, veux tu faire pareil ici ? ». L’enfant a besoin d’une cohérence éducative entre les deux lieux et suivre la démarche parentale est un gage de stabilité pour l’enfant.

    Proposer des activités de manipulation comme l’eau, le sable, la pâte à sel, la pâte à modeler qui sont des substituts symboliques des matières corporelles et qui permettent à l’enfant de jouer à l’extérieur de son corps ce qui se joue et se vit à l’intérieur : vider, remplir, retenir, faire couler, lâcher, faire déborder…etc…

    Monique RIBOULET - Psychologue


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