• L'aménagement de l'espace

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    L'aménagement de l'espace

    En structure d'accueil du jeune enfant, l'aménagement de l'espace est le B.A-BA pour assurer un accueil de qualité adapté aux enfants. Cependant, il demeure un véritable casse-tête pour les professionnelles!

     En effet, il arrive que les professionnelles de la petite enfance n'aient pas été, ne serait-ce que, consultées pour la réfléxion autour de la construction du batiment. Ainsi, certaines structures sont certes, "jolies", "design" mais néanmoins peu adaptées pour le travail quotidien auprès des enfants: lavabo en plein milieu de la salle de vie, estrade à plusieurs marches dans la salle des "bébés", dortoirs à coté de la buanderies où tournent 3 machines à laver et 2 seches-linges...!

    D'autre part, les enfants ayant des besoins bien spécifiques, les espaces de jeu, de changes, de repas ou de repos, doivent être pensés en ce sens.

     Alors bien sur, il n'est pas question de supprimer le lavabo si malencontreusement placé au milieu de la salle ou encore de casser des murs... Non, tout l'art de l'EJE est d'accompagner l'équipe vers une réflexion afin, qu'en partant des locaux, on parvienne au meilleur aménagement possible pour que les espaces soient à la fois sécurisés sécurisants mais aussi surtout stimulants!

     Réfléchir, oui... Mais à quoi?, me direz-vous. Et bien c'est ce que nous allons essayer de définir ici.

     


     L'aménagement des espaces pour la section "bébé"

     Quel que soit l'espace réservé aux bébés (parc, salle particulière etc.), cet espace doit être stimulant pour les touts-petits.

     Que peut-on proposer à des enfants qui ne marchent pas? 

     Et bien, tout d'abord, les bébés passent énormément de temps dans la position allongée et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, un tout-petit ne peut tenir assis: son dos n'étant pas encore suffisamment musclé pour tenir la position assise, il tentera vainement de maintenir son équilibre avec ses mains, ce qui l'empêchera de faire tout autre mouvement. Il se fatiguera très vite et pourrait basculer. D'autre part, c'est par la position allongée que l'enfant appréhende le mieux le monde qui l'entoure: il peut ainsi apprendre à se retourner, ramper, peut attraper le jouet qui l'intéresse etc.

     Ainsi, l'espace dédié aux tout-petits doit être munis de tapis ni trop durs (pas franchement agréable d'être allongé sur une planche de bois, pas vrai?) ni trop mous (pour que l'enfant puisse prendre appuie facilement sans s'enfoncer).

    •   Astuce n°1:  Rien n'est plus insécurisant pour un enfant allongé sur un tapis qu'un adulte qui passe et repasse à vive allure près de lui (testez avec vos collègues pour éprouvez cette sensation). Ainsi, prenez soin de vous annoncer auprès de l'enfant et de vous approcher de lui doucement à quatre pattes.

      Ensuite, vous en conviendrez, rien n'est plus moche que les plafonds des structures d'accueil! Pour que celui ci devienne intéressant à observer, le mieux est de l'agrémenter de suspensions et de mobiles.

    •  Astuce n°2: Les bébés sont nettement plus sensibles aux contrastes! Oubliez donc, les jolies couleurs pastels ou les couleurs dans le même tons! Préférez le noir et blanc (difficile à trouver dans le commerce, les seules suspensions que j'ai trouvé sont les mobiles Wee Gallery. Néanmoins, ils sont vraiment chouettes!), ou les forts contrastes entre 2 couleurs seulement.
    • Astuce n°3: Est-il utile d'agiter les mobiles sans arrêt ou de leur souffler dessus toutes les 5 minutes? Tout va toujours trop vite pour les bébés qui apprécient de contempler pendant de longues minutes le doux vacillement des plumes.
    •  Astuce n°4: Je trouve que la lumière dégagée par les néons est plutôt agressive. Le top est de les éteindre (ce qui aura aussi un effet sur la température de la pièce et sur l'agitation des enfants: magique!) et de préférer des lumières douces et tamisées.

     De plus, il me semble important de mettre des miroirs à hauteur des bébés (du sol jusqu'à une cinquantaine de centimètres) afin de les aider à construire leur personnalité.

     En effet, le tout-petit ne prendra conscience de lui-même, de son propre corps que progressivement. Ainsi, à la naissance, le nourrisson et la mère sont en totale symbiose psychique, autrement dit, il ne font qu'un. Un peu plus tard, vers le 4ème mois, l'enfant réagit face à son reflet comme il le ferait face à un autre enfant: il va tenter d'appréhender son image, en touchant, léchant ou tapant son reflet. Ce n'est que vers le 7ème ou 8ème mois (stade du miroir selon le psychiatre et psychanalyste Jacques LACAN) que l'enfant prend petit à petit conscience qu'il est un être à part entière, indépendant de sa mère, différent de son compagnon allongé près de lui et comprend que l'image reflétée dans le miroir n'est pas réelle. Le stade du miroir est le premier grand pivot de la construction de la personnalité chez l'enfant.

     D'autre part, je trouve intéressant de mettre à disposition des enfants des supports sur lesquels ils peuvent prendre appui afin de se hisser sur leurs jambes. Les barreaux des parcs font en général l'affaire, mais une fine barre fixée au mur peut également être utile (même pour les professionnelles: que la terre est basse, hein?).

     Enfin, l'espace peut être agrémenter de toutes sortes de jeux: petites balles à picots ou lisses, jeux à mordiller pour soulager les douloureuses poussées dentaires, jeux qui font du bruits (pas nécessairement électroniques...), livres tissus, jeux tactiles et sensoriels...

    •  Astuce n°5: Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de noyer les enfants sous une montagne de jouets! Un ou deux par enfant sont suffisants pour de longues minutes de découverte. Il suffit ensuite de les remplacer régulièrement : l'enfant aura ainsi tout le plaisir de se trouver face à un nouvel objet à explorer.

      L'aménagement de l'espace pour la section « grands »

     A partir du moment où les enfants se déplacent de manière autonome, leurs besoins changent; les espaces proposés doivent donc permettre cette évolution.

      Ainsi, les espaces de jeux doivent être délimiter afin de créer des repères spatiaux auxquels l'enfant se réfèrera tout au long de sa journée et les jours qui suivront.

    •  Réflexion n°1: Faut-il poser des limites réelles ou symboliques? Je crois qu'il est important de se poser cette question parce que sous prétexte de la « sécurité », un enfant à trouver la mort dans une structure de Nice étranglé entre deux barreaux d'une barrière en bois: il s'était coincé la tête et les professionnelles n'ont pas réussi à le délivrer à temps. Alors quoi? Est-ce vraiment constructif que de barricader les enfants dans des parcs? N'est-ce pas plus intéressant de les accompagner dans l'apprentissage des règles par la verbalisation plutôt que par la contrainte? Les barrières sont au service des enfants ou des professionnelles? A bon entendeur, salut!
    • Astuce n°6: A défaut de barrières en bois, il est possible (et sans doute beaucoup plus intéressant) de délimiter un espace grâce à un tapis ou un meuble.

     On peut donc créer de multiples espaces, je vous propose d'en dresser ici une liste loin d'être exhaustive:

     L'espace dédié aux jeux symboliques: on appelle « jeux symboliques » les jeux qui permettent de « faire comme », c'est-à-dire ceux qui offrent à l'enfant la possibilité de (re)jouer des situations de son quotidien afin de se familiariser avec le monde qui l'entoure. C'est là que l'on retrouve la dinette (avec une petite table, des chaises et tout le nécessaire culinaire), les déguisements (avec une glace), l'outillage nécessaire à la toilette des poupons (gant, couches, habits, brosse à cheveux...), etc.

    •  Astuce n°7: Un enfant construit sa personnalité tout au long des 18 premiers mois de sa vie environ. Afin qu'il se reconnaisse en tant que personne à part entière, il lui est fondamentalement nécessaire d'être confronté à « d'autres » que lui. Je trouve donc intéressant de créer un outil afin qui l'accompagne dans sa construction identitaire. Par exemple, il est possible de créer des « cadres photo / miroir ». Le principe est simple: les cadres sont suspendus et il y en a un par enfant accueilli. D'un côté il y a la photo de l'enfant, de l'autre un miroir permet de vérifier si « celui-que-je-vois-sur-la-photo-est-bien-moi » ou si « celui-que-je-vois-sur-la-photo-est-différent-de-moi ».  

     L'espace dédié aux jeux éducatifs: ici on peut y retrouver tous les jeux d'encastrement, les puzzles, les Kaplas, les cubes, les Legos, etc. Dans l'idéal, ces jeux doivent être complets,  accessibles aux enfants qui, accompagnés par les professionnelles, pourront assimiler les règles de l'espace (ranger quand on a fini de jouer, les pièces du puzzle doivent rester dans cet espace, etc.) tout en douceur.

     Un coin douillet pour se ressourcer: les enfants peuvent être fatigués par le groupe, les activités, le changement de rythme induit par l'accueil de la structure, et peuvent avoir besoin à certains moments de la journée de se ressourcer. Cet espace peut leur être proposé en l'aménageant grâce à des tapis douillets, de voilages, des coussins, des couvertures... Mais également en mettant à disposition leur objet transitionnel (ou plus communément appelé « doudou » ) ainsi que des photos de leur famille (sous forme d'affichage ou de petits albums photos individuels par exemple).

    •  Réflexion n°2: Quelle place choisissons-nous de donner à l'inséparable compagnon de l'enfant? Le « doudou » est symboliquement très important pour l'enfant. Il constitue un substitut maternel qui le lie à son quotidien familial. Il a une odeur familière et rassurante. Pour toutes ces raisons, il me semble important de respecter cet objet.  Pour ma part, je trouve plus intéressant de les laisser à disposition des enfants plutôt que leur fournir à la demande, ainsi que de les ranger dans des casiers ou petits sacs individuels plutôt que des les mettre tous ensemble dans une même caisse...

    Le coin lecture: c'est un fait, les enfants adorent les histoires! Pourquoi? Et bien d'abord parce qu'elles leur permettent de se familiariser avec le monde qui les entoure (grâce aux imagiers par exemple) ou encore d'appréhender certaines situations de leur quotidien (la séparation, l'apprentissage de la propreté, le coucher, le décès d'un proche...), d'en comprendre le sens, parfois d'en dédramatiser l'importance qu'on leur porte ou encore de les aider à dépasser leurs doutes ou angoisses (histoires sur les monstres...). D'autre part, la lecture des histoires favorise l'accès au langage par l'apprentissage d'un vocabulaire riche et varié. De plus, elles permettent l'évasion, l'accès à l'imaginaire, au rêve. Enfin, le livre est un objet culturel, un médiateur qui permet l'échange entre l'enfant et un adulte et surtout, il est source de plaisir! Alors pourquoi s'en priver?

    L'espace dédié aux livres peut être pensé comme un espace calme, avec des canapés ou fauteuil individuel, des présentoirs à livres... Les enfants ont besoin d'être accompagnés dans la découverte du livre. En effet, le livre demeure un objet fragile, or, les enfants n'en auront conscience qu'à partir du moment où ils auront pu constater physiquement qu'il est: pourquoi n'aurait-il pas le droit de le déchirer? C'est pourtant si amusant! Pourquoi ne pourrait-il pas le manger? Ce goût de carton est délicieux! Il me semble donc que le rôle de la professionnelle est de verbaliser les règles et de répondre aux attentes des enfants.

    •  Astuce n°8: Les enfants ont tendance à déchirer les livres? Il est alors peut-être intéressant de penser à proposer une activité de « déchirage » de papier (magazine par exemple). En verbalisant le fait que certains livres peuvent être déchirés et d'autres pas, l'enfant assimilera petit à petit la règle et pourra dévier sa pulsion de déchirer sur les magazines, mais pas sur les livres ranger dans le présentoir.
    • Astuce n°9: En parallèle d'un accompagnement, il est sans doute préférable de sélectionner les livres mis à disposition. En effet, les livres cartonnés, costauds et résistants sont à privilégier. Néanmoins, même si les livres sont susceptibles d'être abimés par les enfants, je crois essentiel de proposer des livres en bon état et de maintenir leur état (les réparations régulières sont de mises). Enfin, il me semble primordial de mettre à disposition des livres complets : rien de plus frustrant que de ne pas avoir la fin d'une histoire, non?

    •  Astuce n°10: Pas facile de s'y retrouver dans la jungle des livres pour enfants, n'est-ce pas? Que faut-il proposer aux enfants? A quel âge? Pour répondre à toutes ces questions, je vous donne rendez-vous dans la rubrique « La bibliothèque des tout-petits » du blog pour avoir accès à une bibliographie de littérature jeunesse commentée!

     L'espace de motricité: Les enfants ont un besoin moteur très important. En effet, c'est par leurs mouvements qu'ils appréhendent leur espace, construisent leur schéma corporel et apprennent à maitriser leur corps. Un espace motricité me semble donc intéressant à penser en équipe et à aménager. Cet espace peut ainsi se composer de modules en mousse de différentes hauteurs, d'un mur d'escalade, d'un tunnel, d'un toboggan, d'une échelle, de modules tactiles, d'une bascule etc.

     Certains établissements sont suffisamment chanceux pour être dotés d'une structure de motricité! Si tel est votre cas, mettez là à profit le plus possible! Pour ma part, je trouve plus profitable à l'enfant que l'espace motricité soit accessible de manière permanente et autonome. Ainsi, je trouve dommage que certaines équipes décident de créer cet espace juste pour quelques heures ou en régulent l'accès à certains moments de la journée.

     
     

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