• L’alimentation de l’enfant selon Emmi Pikler

    extrait de : http://lesvendredisintellos.com/2012/07/13/lalimentation-de-lenfant-selon-emmi-pikler/

    Posted by docmariiie on 13 juillet 2012

     

    Je vous cite un passage du livre « Loczy ou le maternage insolite »  qui me fait rêver…!!!

     

    « Dans ces groupes E(23-30 mois) et F(33-42 mois), les repas sont rapides, on note huit, dix, treize minutes, un quart d’heure maximum. Ils se passent dans le calme, chacun mange de bon appétit, bavarde assez peu, parce qu’occupé à ce qu’il fait. Tout est là, sous la main, pas d’attente et pas d’énervement. Ce n’est pas un moment de plaisir intense ni d’animation, ni de contact très proche avec la nurse, comme le sont le bain, le change et la promenade. C’est plus une routine importante qui se déroule comme allant de soi. Les enfants anorexiques sont totalement inconnus. »

     

     Ce livre relate les observations de 2 psychologues au cours d’un séjour à la pouponnière de Loczy, en 1971, à Budapest, alors dirigée par la pédiatre Emmi Pikler, dont les observations sur la motricité libre du jeune enfant on été présentées ici et par muuuum, et là aussi par mamanpsychomot.

     

    Chez nous, quand nous sommes à table, mon mari et moi, avec notre poussin de 3 ans, les repas finissent très souvent par haussements de ton et chantage :o/, après que Mr Poussin, s’il a bien voulu manger 3 grains de riz, joue avec sa nourriture, attrape un jouet à proximité, fait de la musique avec ses couverts ou les envoie valser par terre… ><

     

    Mais comment font-elles à Loczy ? Donnez-nous leur secret !!!!!! lol

     

    De secret il n’y en a point, ça se saurait ;o), mais une organisation, un comportement avec les enfants, un aménagement de l’espace, qui font que les repas se passent comme cela…

     

    On va retrouver au niveau des repas, les bases du fonctionnement de Loczy : Observation, Référence, et Activité libre.

     

    –> L’Observation :

    Le rythme de l’enfant est en permanence pris en compte grâce à l’observation, que les nurses mettent en commun au cours de réunions régulières.

    La règle « pas une cuillère de plus » est absolue ;  par contre, un supplément est donné, jusqu’à satiété, si l’enfant a encore faim une fois son repas terminé, et ce, dès le plus jeune âge. On lui fait confiance pour savoir les quantités dont il a besoin.

    –> La Référence :

    Pour les plus petits , c’est toujours la nurse référente de l’enfant qui le nourrit ;

    Pour les plus grands,  la référence est aussi représentée par la régularité des horaires de repas, qui va notamment permettre à partir d’un certain âge  l’anticipation, mais on prévient de toute façon toujours les enfants avant l’heure du repas, ou de tout autre soin, que ça va être leur tour.

    –> L’Activité Libre :

    Les enfants sont laissés libres de manipuler biberon, cuillère, verre quand ils le souhaitent, aidés au minimum par la nurse. Cela est fait encore une fois en fonction du rythme d’évolution de chaque enfant, et jamais au-delà de ses capacités. Si un enfant ne sait pas faire, on ne fait pas à sa place, par exemple, s’il ne sait pas dénoyauter les cerises, on lui donne les fruits en compote, mais on enlève pas le noyau à sa place.

    Elle va amener à l’autonomisation progressive des enfants, qui, plus grands, participent aussi au service.

     

    Il ne faut pas oublier que ces observations ont été faites dans une collectivité d’enfants, et que cela n’est peut être pas aussi simple à extrapoler à la maison, où d’autres facteurs, d’ordre affectif et émotionnel notamment, rentrent en ligne de compte.

     

    Ces observations ont donc été reprises, plus adaptées à l’enfant dans sa famille, dans le livre « L’éveil de votre enfant » de Chantal de Truchis, avec les mêmes grandes lignes :

     

    * Préparer le moment du repas :  en mettant en place des petites routines qui permettent à l’enfant d’anticiper.

    * Nourriture affective et psychique :

    –> calme et régularité des repas : moi je l’entends (pour nous) comme pas de télé en mangeant, et horaires à peu près réguliers des repas…

    –> continuité du lien affectif : c’est un repère important pour le petit bébé que ce soit le plus souvent possible la même personne qui le nourrisse, et il n’a pas forcément les moyens de montrer que ça ne lui convient pas de passer dans différents bras à chaque biberon …

    * Participation active du bébé :

    –> initiatives du bébé au cours du repas : « Quand vous voyez naître une possibilité, laisser la se développer en aménageant ce qu’il faut autour », tout ça au rythme du bébé,  par exemple quand il commence à attraper sa cuillère, prévoir un environnement lavable tout autour ^^

    –> Bébé sait s’il a faim : alors que c’est naturel au sein, même quand il est nourri au biberon  » laissez-le régler lui-même la quantité de lait et de nourriture qui lui est nécessaire, à l’inverse, arrêtez de le nourrir quand il vous fait comprendre qu’il n’en veut plus « 

     

    J’ai vu plusieurs exemples de cet ordre là chez des bébés nourris au biberon, qui réclamaient plus que les quantités recommandées par la médecine, et qui, quand on les a laissé faire, se sont régulés naturellement en quelques semaines, et ne sont pas devenus obèses pour autant…

     

    Alors je suis OK avec ça pour les petits, mais passé 1 an grosso modo, , l’alimentation devient aussi un moyen d’agir sur ses parents, parfois je ne mange pas, non parce que je n’ai pas faim, mais parce que j’ai un message à faire passer, et là ça devient plus compliqué…

     

    J’ai lu ailleurs (dans une des newsletter de Véronique Darmangeat, consultante en lactation),  que la capacité d’estomac d’un enfant est variable, et que certains troubles alimentaires peuvent être régulés au contraire en fractionnant l’alimentation. Ces deux approches me semblent un peu contradictoires au premier abord, et je ne sais qu’en penser….à creuser.

     

    –> l’envie de jouer avec la nourriture : « Les expérimentations périlleuses durent peu chez la plupart des enfants si on leur signifie clairement que ce n’est pas ainsi qu’il faut faire (…) d’autant plus qu’on leur laisse en parallèle tenir le verre, manger des morceaux avec les doigts etc… »

    Permettre de faire de la « patouille » en dehors des repas  peut aussi participer à combler le besoin de découverte tactile du bébé avec autre chose que de la nourriture !

    * La composition des repas

    –> Un enfant doit-il manger de tout ?

    Ici le message est : « goûter ou pas, à chacun de voir… » et « les goûts de l’enfant évoluent avec le temps ».

     

    A ce sujet je me souviens des études citées dans la thèse Geneviève Dulude dans l’article « Finis ton assiette » de nadinbox, qui disent qu’« un enfant à parfois besoin de 15 contacts avec un aliment avant d’accepter d’y goûter », alors peut-être qu’un peu de patience…

     

    En tout cas, Il parait indispensable que l’enfant ait le droit de dire « je n’aime pas ça « .

    * Les horaires

    –> faut-il imposer les horaires de repas ?

    « Entre la rigidité qui consiste à régler le bébé parce qu’il est l’heure, et le libre choix complet où rien ne peut être organisé dans la journée parce qu’on ne sait pas à quelle heure il va se réveiller et manger, il y a sûrement de la place pour une troisième voie où les horaires sont prévus, avec une certaine marge, mais prévus quand même. »

    « Il paraît logique, vers 4-5 mois (ou avant, c’est à vous de voir), de considérer les horaires que l’enfant choisit le plus souvent et ceux qui vous arrangent, vous, puis de fixer ces horaires. »

    –> entendre les messages de bébé :

    – pour qu’il se sente bien au cours du repas

    – pour que ses initiatives soient prises en compte

    Quand je vois tous les effets positifs de la mise en œuvre des observations d’Emmi Pikler sur la motricité libre du jeune enfant sur mon fils et d’autres enfants autour de moi, je me dis qu’il y a aussi un paquet de bonnes choses à prendre (et à faire passer) dans sa façon d’aborder l’alimentation...


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