• Education et empathie

    article issu de : http://www.education-joyeuse.com/2014/11/education-et-empathie.html

    Education et empathie

     
     
     
    L’empathie est la capacité que nous avons à nous mettre à la place de quelqu’un et à  comprendre ce qu’il ressent. C’est une qualité précieuse, qui permet de développer des aptitudes sociales, que ce soit en famille ou en société. Elle favoriserait une culture de la paix et de la non-violence ; à ce titre, elle doit donc pleinement être intégrée au cœur de l’éducation bienveillante. Il semble que l’empathie soit liée à plusieurs éléments, tels que le respect, les émotions, le vivre ensemble, la solidarité, etc.
    Récemment, les neurosciences se sont également penchées sur l’empathie, révélant l’existence de systèmes cérébraux spécifiques, neurones « miroir » ou « résonnant ». Elle est, semble t’il, un besoin fondamental de tout être humain – et pourtant, elle est souvent oubliée dans notre culture, ignorée par l’éducation, qui a privilégié et survalorisé le mental et l’intellect.
     
    A partir de quel âge l’empathie se manifeste t’elle chez l’enfant ?
    Elle apparait naturellement chez le tout-petit, elle est en fait inhérente à l’humanité. Selon Serge Tisseron, l’empathie se développe réellement chez le petit enfant entre l’âge de 8 et 12 mois. Elle est alors avant tout émotionnelle : l’enfant ressent les émotions de l’autre. Il comprend les émotions et désire aussi venir en aide. Vers ses 4 ans et demi, apparait l’empathie cognitive, l’enfant est alors capable de se représenter l’état mental de l’autre.
     
     
    •  Empathie, approche centrée sur la personne, CNV

     

     
    Si le psychologue Carl Rogers a mis l’empathie au cœur de sa théorie de l’approche centrée sur la personne, celle-ci est également le moteur de la CNV (communication non violente). Nous évoquions la possibilité de l’écoute active ci-dessus, et il est également important de « parler juste » : comment vais-je exprimer mes émotions ? Je reçois, par l’écoute, et je donne, par l’expression – j’accueille - et tout cela sans jugement : toute émotion est légitime. La colère ou la peur par exemple, comme toute émotion, comme tout état, est non seulement légitime, mais aussi momentanément utile, nécessaire, voire salutaire. L’émotion est l’état qui me permet de répondre à une situation ; l’état émotionnel est le moment de décharge, de libération – nécessaire de cette (sur)charge émotionnelle.
     
     
    • Auto-empathie

     

     
    Comment pourrais-je respecter les autres et leurs émotions, si je ne me respecte pas moi-même ? Comment pourrais-je vivre en bonne intelligence avec les autres si je n’assume pas mes besoins émotionnels ? La première partie de ce cheminement est consacrée à la relation que l’individu entretient avec lui-même : il s’agit de l’auto-empathie. Apprendre à reconnaître, comprendre et gérer mes émotions et mes besoins – être en lien avec moi-même – et ainsi être conscient de ce que je ressens et expérimente (plutôt que de rester inconscient ou vaguement conscient et de se laisser maîtriser par des processus qui nous échappent, ne nous appartiennent pas forcément et qui ne sont dès lors pas choisis, mais subis). Par ailleurs, et c’est notre thème de recherche via une éducation joyeuse : la joie doit toujours être notre boussole.
     
     
    • Empathie et culture émotionnelle

     

     
    Il est important d’encourager une culture de l’intelligence émotionnelle, avec moi-même, en tant que parent, mais aussi avec mes enfants. Je peux d’abord faire ce travail personnellement ; être clair quant à mes émotions et mes besoins, exprimer mes demandes, et poser des questions à mes enfants : « comment te sens-tu ? » est un début. J’écoute activement : ainsi, je suis relié à moi-même et aux autres, dans le moment présent. Il est tout à fait envisageable de pratiquer cette « hygiène de vie » émotionnelle au quotidien, tout comme nous prenons la peine de nous brosser les dents le soir.
    Michel Claeys Bouuaert, qui a consacré plusieurs ouvrages à l’éducation émotionnelle (Ed. Le souffle d’or) propose par ailleurs sur son site un guide pratique pour éducateurs et enseignants comprenant des exercices à mettre en pratique avec les plus jeunes[1].
     
    L’empathie est à mon sens fortement liée à cette activité et valorisation de l’intelligence du cœur. Elle relève d’un savoir-être, c’est à dire d’une qualité d’être en processus qui se « travaille » tout au long de la vie. Et parce que nous ne vivons pas (encore) dans une culture de la paix et de la non-violence, il nous faudra sans doute faire un cheminement pour nous défaire de nos conditionnements non-bienveillants, voire violents.
    Je précise qu’il ne s’agit pas non plus d’aller vers un autre extrême ; nous ne devons pas quitter la condition de bourreau pour celle de la victime (ou l’inverse) ; de toute évidence, ces deux polarités étant immanquablement liées, nous allons généralement de l’une à l’autre, comme s’il s’agissait des deux faces d’une même pièce. Il s’agit au contraire de quitter ces états et d’adopter une posture de responsabilité.
     
    L’empathie ne signifie pas non plus prendre la responsabilité des émotions ou des besoins de l’autre : elle se met à l’écoute, mais ne se substitue pas ; elle accompagne, sans intrusion, et laisse l’autre libre de lui-même, et donc pleinement responsable. Là réside le respect : de soi et de l’autre, et donc l’empathie.
     
     
    • Empathie et responsabilisation

     

     
    Concrètement, il apparaît clairement que nos enfants ont tendance à reproduire nos propres schémas non résolus. La manière la plus pertinente d’encourager l’empathie chez un enfant est de la pratiquer soi-même et avec eux, au quotidien – car nous savons qu’un discours, même répété, ne laisse que peu de traces. Par ailleurs, nous pouvons encourager et nourrir des valeurs positives à travers des lectures inspirantes par exemple (voir ci-dessous).
     
    Il est vraisemblable qu’une éducation bienveillante et consciente (parentage) encourage tout naturellement l’empathie et l’intelligence émotionnelle des enfants. A l’inverse, ce sont au contraire les blessures d’enfance qui engendrent manque d’empathie, narcissisme, fausses croyances limitantes et autres conséquences : si je ne suis pas guéri d’un manque ou d’une souffrance que j’ai vécus, je chercherai à le combler d’une manière ou d’une autre, tout au long de mon existence. La vie et ses expériences sont une constante invitation à guérir, apprendre, grandir en conscience ; s'éduquer, c'est se libérer et se responsabiliser. 
     
     
    • Lectures conseillées

     

     
    Lectures pour les parents :
    Michel Claeys Bouuaert, Pratique de l'éducation émotionnelle : Une approche ludique, 2004, Ed. Le Souffle d'Or
    Jean-Philippe Faure, Céline Girardet, L’empathie, le pouvoir de l’accueil, 2003, Ed. Jouvence
    Jean-Philippe Faure, Eduquer sans punitions ni récompenses, 2005, Ed. Jouvence
    Isabelle Filliozat, Au coeur des émotions de l'enfant, 2013, Ed. Marabout
    - Que se passe t-il en moi ? 2013, Ed. Marabout
     
    Lecture pour les enfants :
     
    Julie Belaval, Carla Manea (illustrations), Le temps des émotions, 2013, Ed. Rue des enfants, à partir de 4 ans.
     
     
    Gilles Diederichs, Gestion des émotions - 35 activités pour aider votre enfant à mieux vivre les émotions, 2014, Ed. MANGO
     
     
    Dharmachari Nagaraja, Histoires d'ailleurs : Petits contes de sagesse bouddhiste pour aider votre enfant à vivre dans l'harmonie, 2014, Ed. Le Courrier du Livre
     
     
    Michel Piquemal, Philippe Lagautrière, Les philo-fables pour vivre ensemble, 2009, Ed. Albin Michel Jeunesse
     
    David Sander, Sophie Schwartz et Clotilde Perrin (illustrations), Au coeur des émotions, 2010, Ed. le Pommier

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