• Comment accompagner en bienveillance les colères des enfants ?

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    Comment accompagner en bienveillance les colères des enfants ?

    Il existe deux phases dans l’accompagnement des crises de colère :

    1. accompagner les colères quand elles se présentent,
    2. prévenir les grosses crises de colère des enfants avec des solutions préventives.

    1. Accompagner les colères des enfants

    La colère réparatrice

    Tout d’abord, je tiens à préciser que la colère n’est pas en soi une émotion à bannir à tout prix. Elle a une valeur réparatrice face à une frustration : c’est ce qu’Isabelle Filliozat appelle la colère réparatrice. Vous pouvez accompagner les colères de votre enfant avec des paroles qui témoignent de votre reconnaissance de ce que vit l’enfant :

    « Je comprends que tu sois frustré, tu avais envie de ce bonbon/ jouet ».

    citation éducation bienveillante

    Pour autant, frapper, casser, insulter ne sont pas acceptables

    « Tu as le droit d’être en colère mais pas de taper. »

    « Les gens ne doivent pas se faire mal. Je ferai toujours tout ce qui est en mon pouvoir pour t’empêcher de te faire du mal ou de faire mal aux autres. »

    Un endroit pour se calmer

    L’idée est de proposer aux enfants un espace de retour au calme plutôt qu’un isolement au coin.

    Cet espace serait agrémenté de :

    L’adulte pourrait alors demander à l’enfant :

    « J’ai l’impression que tu as besoin d’un temps calme. Est-ce que cela t’aiderait d’aller dans l’espace de retour au calme ? Si tu veux, je peux t’y conduire/ t’accompagner ».

    Ainsi, l’enfant dispose des moyens de se calmer et ne sent pas exclu. Le temps de retour au calme est structurant et éducatif.

    Et quand il ou elle tape, je fais quoi ?

    Il ou elle a le droit d’être en colère mais que ça ne lui donne pas pour autant le droit de taper. Taper, c’est interdit car taper fait mal et ceci est valable tout le temps pour toutes les personnes et même les animaux. Il faut que l’enfant comprenne que taper est moins efficace que demander calmement  pour obtenir quelque chose ou faire passer un message. Taper ne lui permettra jamais d’obtenir quoique ce soit de qui que ce soit.

    « Tu peux dire les choses avec des mots. »

    Mettez-vous à genoux à sa hauteur pour lui passer ce message mais refusez de :

    • rabaisser votre enfant (« méchant, tu devrais avoir honte »),
    • piquer des colères d’exaspération vous-même (allez plutôt vous isoler quitte à appliquer à vous-même la méthode du coussin de la colère ou de la feuille de papier jetée !),
    • frapper votre enfant.

    Les enfants apprennent de nos gestes plutôt que de nos paroles et ils reproduisent les exemples de leurs premiers modèles : leurs parents :-) !

    N’attendez pas la crise, anticipez les prémisses annonciateurs 

    Quand vous sentez les premiers signes d’une grosse colère pointer le bout de leur nez, n’attendez pas que votre enfant s’énerve. Par exemple, s’il s’agace sur un puzzle qu’il n’arrive pas à terminer ou sur ses pâtes qu’il n’arrive pas à piquer avec sa fourchette, aidez-le : « je parie que cette pièce va ici » ou « qu’est-ce que ça donnerait si tu faisais comme ça ?« . L’idée n’est pas de faire à sa place mais de le débloquer et de le laisser terminer son activité en autonomie. Il sera alors doublement fier : fier de faire tout seul et fier d’accepter l’aide des autres.

    crises de colère des enfants

    A ce moment-là, valorisez sa maîtrise de lui-même et encouragez-le : « Bravo, tu l’as fait tout seul« , « C’est agréable pour toute la famille quand tu restes calme et concentré. » Vous pouvez aussi lui dire que vous comprenez ses sentiments : « Je comprends ce que tu ressens quand tout ne marche pas comme tu veux et je suis vraiment fier(e) de voir que tu es capable de garder ton calme« .  Vous donnerez alors des outils à votre enfant pour affronter ses colères et ses frustrations.

     

    Un câlin, pas de raisonnement pendant les colères !

    Quand la crise de colère est vraiment forte, il est inutile de raisonner ou d’expliquer quoi que ce soit à votre enfant. Vous pouvez regarder la vidéo sur le fonctionnement du cerveau pour comprendre les mécanismes à l’œuvre : ici.

    En gros, lorsque nous sommes en colère, nous sommes comme déconnectés de notre capacité à prendre des décisions logiques. Nous sommes en prises directes avec notre stress et plus rien ne joue le rôle de modérateur des émotions. Ceci est valable pour les adultes… alors imaginez pour les enfants dont le cerveau est en cours de développement :-) !

    Non seulement l’enfant est incapable de penser et de se dominer pendant sa crise mais votre attention physique et verbale encourage l’enfant en lui donnant un public. Dans son livre « J’ai tout essayé », Isabelle Filliozat conseille plutôt dans ce cas d’accompagner la colère par un gros câlin à votre enfant afin qu’il se recharge en ocytocine, hormone du bien-être.

    2. Solutions préventives 

    Exprimer sa frustration et gérer sa colère, ça s’apprend

    Montrez à votre enfant qu’il existe des manières de s’exprimer sans agresser ni hurler et encore moins taper.

    Vous pouvez lui apprendre des techniques pour exprimer sa colère, notamment en utilisant une feuille de papier qu’il ou elle met en boule en imaginant y mettre toute sa colère puis qu’il ou elle jette de toutes ses forces.

    Vous pouvez visionner cette vidéo de sophrologie ludique pour plus de détails (la position du karaté pour jeter la colère hors de soi est fortement recommandée dans ce cas :-) ).

    sophrologie ludique pour enfant relaxation dynamique

    Un tableau des émotions pour communiquer sur l’humeur du moment

    J’ai rédigé un article sur le tableau des émotions : il est disponible à ce lienLe tableau des émotions ou tableau des humeurs est un outil alternatif aux punitions et préventif des colères car l’enfant peut l’utiliser pour définir son humeur du moment et vous la communiquer afin que vous la preniez en compte. 

    tableau des émotions ou tableau des humeurs

    Savoir reconnaître ses émotions et les calmer, ça s’apprend aussi :-)

    Tant que le cerveau n’a pas atteint sa pleine maturité (pas avant 20 ans, certains chercheurs affirmant même vers 30 ans), les processus de gestion des émotions ne sont pas totalement fonctionnels. L’enfant a alors des difficultés à contrôler et maîtriser ses réactions émotionnelles. L’enfant n’est pas en mesure de gérer l’ensemble des émotions qui affluent en lui du fait de l’incomplétude de ses réseaux neuronaux.

    L’apprentissage du langage et du vocabulaire des émotions aura alors sur l’enfant un impact sur son comportement social, et notamment sa capacité à surmonter le stress, à gérer son agressivité et à exprimer ses affects. Voir cet article : 7 étapes pour apprendre à (re)connaître ses émotions.7 étapes pour apprendre à reconnaître ses émotions un atout pour la vie

    La pleine conscience peut aider les enfants en ce sens. Je vous propose de découvrir 3 exercices de méditation de pleine conscience pour apprendre aux enfants à retrouver leur calme : 3 exercices pour apprendre aux enfants à retrouver leur calme.

    calme enfant

    Des livres pour enfants pour aborder le thème de la colère dans les moments calmes

    Retrouvez ma sélection de livres qui peuvent servir de médiateurs pour parler de la colère avec les enfants :

    livre colère enfant

    Et à l’extérieur ? 

    Il est toujours difficile de gérer des crises d’opposition à l’extérieur de la maison et de surcroît en public. Pourtant, il suffit de peu pour passer d’une grosse scène de pleurs aux rires : l’imagination, le détournement d’attention et les questions sont bénéfiques dans ce cas.

    Si votre enfant vous réclame un jouet/ un bonbon… dans un magasin et que vous n’êtes pas disposé à lui accorder, faites glisser subtilement la discussion sur un autre terrain. Par exemple, si votre fille veut que vous achetiez une poupée au magasin (c’est du vécu !),

    • demandez-lui ce qui lui plait dans cette poupée,
    • posez-lui des questions sur ce qu’elle vous décrit et donnez votre propre avis,
    • dites-lui que ce n’est pas le moment des cadeaux mais qu’en revanche, elle peut garder cette idée dans sa tête pour la mettre sur sa liste de Noël ou d’anniversaire,
    • conseillez-lui de bien la regarder pour se souvenir de tous les détails à répéter au Père Noël qui ne devra pas se tromper !

    Pour plus d’astuces, je vous invite à (re)lire cet article sur le détournement d’attention au supermarché !

    anti crise d'enfant

    En mesure préventive, Isabelle Fiiliozat conseille dans « J’ai tout essayé » de donner des responsabilités avant les courses (par exemple, chargez votre enfant de choisir et peser les fruits et de trouver le rayon des pâtes). Vous pouvez aussi avertir votre enfant avant de quitter la maison que vous allez en courses mais que vous n’achèterez que ce qui est prévu sur la liste et rien d’autre, il ne devra donc pas exiger de bonbons ou de jouets. Quitte à lui en acheter en d’autres occasions quand vous l’aurez décidé et que cela vous fera plaisir.

    Essayez au maximum de vous mettre dans une bulle avec votre enfant pour devenir hermétique aux jugements ou regards en coin des passants. Ça se passe entre votre enfant et vous, pas avec les clients qui se trouvent par hasard dans le rayon boucherie du supermarché. Ils ne vous connaissent ni vous ni votre enfant, ne savent rien de la journée que vous venez de passer (la fatigue des uns et des autres est un démultiplicateur puissance 1000 des scènes) et encore moins de la raison de cette crise. Vous n’avez pas à vous justifier ni à vous sentir coupable !

    Et l’option du câlin est toujours valable dans le cas des colères hors de la maison :-).


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