• Besoins du jeune enfant et sécurité affective

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    Besoins du jeune enfant et sécurité affective

    Tout d’abord, il est important de définir le concept de besoin du jeune enfant : il s’agirait d’un ensemble de nécessités à combler tant sur le plan sensori-moteur, psycho-affectif, intellectuel, social et environnemental qui lui permettront, de construire un juste équilibre entre son bien-être corporel, la gestion de ses émotions internes, ou exprimées dans un temps individuel ou/et collectif, et le processus d’acquisitions dans lequel il se trouve.

     

    Le besoin suppose qu’en l’absence de réponse pour le satisfaire, l’enfant perdrait une part essentielle à son fonctionnement vital et ce serait l’ensemble de sa matrice qui serait tributaire de cette perturbation.

     

    Les classifications des besoins issus des théories de soins de Virginia Henderson et de Mia Kellmer Pringle sont à prendre en compte. Ces besoins interagissent, s’entrelacent, se nourrissent les uns des autres, contribuent à l’homéostasie de l’individu.

     

    Parmi les besoins organiques, nous pouvons citer :

     

    –                     La fonction cardio-respiratoire

     

    –                     La fonction d’élimination

     

    En type de besoins physiques, sont répertoriés :

     

    –                     Le besoin nutritionnel

     

    –                     Les besoins de protection déclinés sous 3 rubriques : l’intégrité corporelle (la peau et phanères), la douleur, la thermorégulation

     

    –                     La protection contre les accidents (maladies, carence et danger)

     

    Pour les besoins physiologiques, s’y trouvent :

     

    –                     Le besoin de sommeil et repos

     

    –                     La rythmicité activité sommeil

     

    Pour les besoins psycho-sociaux, nous parlerons :

     

    –                     Du thème Amour et sécurité

     

    –                     Du besoin de nouvelles expériences

     

    –                     Du besoin d’éloge et d’Estime

     

    –                     Et enfin du besoin de responsabilité à sa mesure.

     

    Les besoins psychoaffectifs

     

    Le besoin d’amour et sécurité

     

    Ce besoin prend racine dans le mode d’attachement que l’enfant aura pu développer. En effet, à partir d’une relation solide, stable et adaptée avec sa mère, son père et un petit cercle d’individus de son entourage, les sentiments d’amour et  de sécurité  se développent. Alicia Lieberman professeur de psychologie à San Francisco, explique à ce sujet concernant les enfants entre 1 et 3 ans « Les prémices de cette théorie, c’est que les tout-petits ne peuvent acquérir une autonomie et des compétences qu’à condition de pouvoir se reposer sur un adulte qui les sécurise et les protège. » L’enfant encouragé, accompagné, gratifié dans ces efforts va nourrir ses affects de plénitudes ; il se réalisera grâce au soutien et sa mère et de ses proches, explorera la notion de plaisir d’être avec l’autre, de penser l’autre en son absence et construira ses premiers lien d’amour.

     

    La base de sécurité s’appuie sur les repères fixes, reconnus par l’enfant concernant le déroulement des journées, les lieux, les rituels, les objets environnants, les comportements protecteurs de ses proches .Quand le cadre familial répond à ces besoins, l’enfant peut s’inscrire dans une continuité personnelle et acquérir confiance en lui et image favorable de lui-même.

     

    Les limites posées à l’enfant sont également des repères nécessaires. Le tout-petit fera l’expérience au cours de cette 2e année de vie de la phase d’opposition ou dite négativisme. Il a acquis de nouvelles compétences physiques et intellectuelles et souhaite les mettre au service de ses explorations, de ses désirs et s’affirme vivement lorsque ça n’est pas possible. Il vit sous le principe du plaisir, et la capacité de différer ne viendra que plus tard vers 4/5 ans .L’adulte doit être en mesure de lui expliquer la réalité à sa portée, de maintenir une décision sans fermer le dialogue et en tentant de rester maître de ses émotions. Les colères et frustrations peuvent être fréquentes à cet âge c’est pourquoi il est important de tenir des propos cohérents afin que l’enfant accepte et intériorise une règle sociale ou un interdit.

     

    Le besoin d’éloges et d’estime

     

    Porter un regard bienveillant et encourageant sur un enfant aura pour effet de le conforter dans la force de ses capacités ;  et ainsi l’aider à franchir de nouvelles étapes. Ce besoin conjugue la réussite de l’enfant à un obstacle à sa mesure et la reconnaissance qu’un tiers lui adressera face à cette réussite.

     

    Le besoin de responsabilité

     

    Dès 15 mois, l’enfant tient à faire valoir ses potentialités et ressent un réel plaisir à effectuer une tâche gratifiante. Ce besoin s’inscrit dans un cadre sécurisé s’adapte aux possibilités de l’enfant. Il n’est pas rare de voir des petits de 15/18 mois vouloir aider une auxiliaire de puériculture à nettoyer une table ou à ranger des livres dans une caisse.

     

    Le besoin de nouvelles expériences

     

    A cette période, l’enfant fait un bond dans ses nouvelles acquisitions : motricité, langage, concentration, développement intellectuel et émotionnel.

     

     Le besoin nutritionnel

     

    Etant donné qu’il faudra au jeune enfant, un minimum d’énergie requise pour répondre à ces besoins d’exploration, il est intéressant d’aborder la fonction nutritive. Il a acquis dès 15/24 mois un stade de motricité générale lui permettant de s’asseoir seul autour d’une table, et d’organiser ses mouvements pour attraper, palper, écraser. Les gestes sont encore balbutiants ainsi l’adulte doit veiller à bien rapprocher la chaise, à s’assurer que les gobelets sont au centre… En terme de préhension fine, il boit seul au verre . Dès 15 mois, il sera en mesure de manger seul ; petit à petit de plus en plus proprement .Vers 18 mois il commencera à faire la part des choses entre besoin de s’alimenter et besoin de manipuler et jouer avec contenus /contenants.

     

    Quand un groupe d’enfants de 1 à 2 ans manifeste une forte envie de manipuler la nourriture, il est nécessaire de leur expliquer la différence des matières très simplement et de proposer des activités de manipulation fine (pâtes à sel, jeux d’eau) en réponse à leur souhait de découverte et de compréhension du monde .L’enfant de cet âge est tout naturellement  en phase d’opposition, il n’est pas toujours aisé de réaliser un repas mais voici quelques conduites qui peuvent rendre paisible ce moment :

     

    –                     En collectivité, en petit groupe pour permettre à l’enfant d’être au calme pour se consacrer au repas, de communiquer avec ses pairs et se sentir accompagné de l’adulte, le bénéfice est double car l’adulte sera moins sous tension du coup aura un Handling plus efficace

     

    –                     Présenter l’assiette pleine, ce là peut paraitre bête mais il m’est arrivé de voir certaines personnes exaspérées car les enfants tapaient sur la table avec leur plateau vide qu’on venait de leur distribuer. L’enfant ne fait pas encore le lien entre l’assiette colorée et l’alimentation qui y sera contenu, de plus il est dans le jeu (principe de plaisir) .En fin de deuxième année de vie, il sera capable d’intégrer cette logique

     

    –                     Les petites parts (fruits, gâteaux)  ou petits bâtonnets (concombre, carottes) pour faciliter la prise et encourager l’autonomie ;

     

    Le besoin d’élimination

     

    Entre 15 et 24 mois, les prémices de la propreté apparaissent. L’enfant commence à percevoir sa vessie tendue, il apprendra à faire le lien entre cette sensation et l’envie d’uriner. Dès qu’il aura une maîtrise sphinctérienne adéquate (plutôt en fin de 2e année de vie, 3e année de vie), et qu’il se sentira prêt psychiquement il parviendra à faire ses mictions volontaires. Pour ce qui concerne l’élimination digestive, la propreté prend parfois un peu plus de temps, certains enfants se retiennent pour exercer leur sphincters ; la notion du dedans et du dehors n’est pas toujours claire et peut être source d’inquiétude chez l’enfant. Il arrive que certains parents exercent très une forte pression du fait de leur propre éducation ou la crainte qu’il ne soit pas prêt à l’entrée à l’école maternelle. Il convient donc de discuter avec les parents afin qu’ils comprennent les mécanismes de la propreté et surtout qu’elle nécessite beaucoup de souplesse, qu’elle n’est pas linéaire (période de progression, arrêt et reprise). Les professionnelles de la crèche peuvent expliquer aux enfants où se trouvent les toilettes, leur rôle avec des phrases simples et courtes. Le phénomène d’imitation « active » la propreté sur le temps de crèche ou scolaire.

     

    Les besoins de protection

     

    font partie  intégrantes d’une sécurité globale (corporelle et psychique). Il existe de nos jours énormément de très jolies tenues pour enfant mais l’enfant de 15-24 mois a réellement un  besoin de motricité exacerbé donc c’est toujours le confort qui doit primer. Les adultes veillent à adapter les couches de vêtement  à l’activité. Il peut arriver qu’un enfant ne souhaite pas retirer son manteau à l’accueil du matin ; dans ce cas il n’y a nul besoin de le retirer immédiatement, mieux vaut essayer de comprendre la crainte derrière car dans ce cas elle est souvent liée à la séparation (le manteau prenant office d’objet transitionnel).Prendre soin de son corps est une belle aventure d’autonomie : apprendre à monter seul les petits escaliers qui mènent aux plans de changes, se laver les mains avec les camarades, prendre un gant et se débarbouiller le visage … ce sont souvent des moments que les enfants apprécient, l’auxiliaire a tout intérêt à favoriser une ambiance chaleureuse ( son organisation en amont  l’aidera) .

     

    La gestion de la douleur est un thème relativement vaste. La douleur exprimée par l’enfant (pleurs, geignements, posture inhabituelle, repli, irritabilité…) doit être prise en compte, identifiée par l’adulte et accompagnée. Il est important de travailler avec les professionnelles sur les représentations de la douleur afin qu’elle ne soit ni dramatisée ni minimisée. Les manifestations infectieuses étant fréquentes en collectivité, il est courant de voir des enfants en hyperthermie, certaines fièvres sont parfaitement tolérées, d’autres vont mettre l’enfant dans un mal être qui doit être reconnu et apaisé par l’adulte.

     

    La protection contre les maladies, les carences et  les dangers

     

    Sur ce besoin précis, j’aborderai principalement les signes de détresse qui doivent alerter un professionnel travaillant en structure collective. Quand un doute se présente concernant le bien-être d’un enfant à priori sans problème sous-jacent, cela vaut le coup d’observer les différents secteurs de développement et le contexte global :

     

    –                     Quand est-il de sa croissance ?

     

    –                     Quelles sont ses difficultés alimentaires ?

     

    –                     Comment gère-t-il ses phases de sommeil et d’éveil ? Quelles sont ses facilités au lâcher-prise ? Que dire de son état de vigilance, de compréhension et de concentration lors des jeux ?

     

    –                     Il y a-t-il notion de fièvres inexpliquées, de dermatites, de pathologies ORL ou digestives ?

     

    –                     Quand est-il de son état tonique ?

     

    –                     Ou se situe-t-il selon les organisateurs du moi ?

     

    Tout ce travail se réalise en équipe.

     

    Pour les enfants ayant déjà une difficulté identifiée quelle qu’elle soit, l’intérêt de soutenir l’équipe permettra de ne pas stigmatiser l’enfant et de l’insérer dans son groupe en valorisant ses capacités.

     

    En collectivité les professionnels peuvent reconnaitre un enfant en danger ou en risque de l’être : Retard staturo-pondéral, traces de coup,  hématomes,  fractures, brûlures,  négligence, accidents domestiques à répétitions, problèmes de santé répétés, mutisme, repli sur soi, agressivité, quête affective, anorexie, boulimie, vomissements répétés.

     

    Il conviendra d’éclaircir la situation avec la famille afin d’agir en conséquence dans l’intérêt de l’enfant.

     

    Voilà un âge où l’enfant réalise ces nouvelles potentialités et souhaite les exercer, ainsi Myriam David évoque «  ces besoins d’activités et d’autonomie, nous les voyons s’exprimer dans tous les aspects de son existence : activité motrice, alimentation et éliminations… » Dans l’ouvrage l’enfant de 0 à 2 ans.


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