• Au fil des ans, la place de l'enfant...

    article issu de : https://www.sourirefamily.fr/family/

    Au fil des ans, la place de l'enfant...

    Je vous propose une petite histoire de l’enfant, ou plutôt de l’évolution de la place de l’enfant dans la société, histoire non exhaustive par ailleurs. Mais avant toute chose il convient d’avoir à l’esprit que cette histoire dépend bien de la vision des adultes sur le monde des enfants et se trouve très différente selon la période historique, les milieux socio-culturels et les croyances. J’ajouterais par ailleurs que je ne suis ni historienne, ni sociologue ; il s’agit ici pour moi de réunir (et synthétiser) certaines de mes connaissances mais aussi des recherches sur le sujet, des livres et articles bien plus documentés ont déjà été publiés sur ce thème.

      "Un enfant qu'est-ce donc ? Un morceau d'amour égaré, un miroir,

    une victime, un signe du temps en marche."  (F. Bossus)

      Aujourd’hui la société attribue à l’enfant une double nature : il est un individu à part entière avec des droits et des devoirs mais il est aussi un être fragile et vulnérable que l’adulte doit protéger.

    Avant 380 av. JC (avant que le christianisme ne devienne la religion d’état) = le nouveau-né est considéré comme un don de la Terre-mère. Il vient alors soit remplacer un ancêtre disparu soit réparer la lignée familiale en lui assurant une succession.

    Sous l’Antiquité =« Enfant », vient du latin « nfans » (in, privatif, et fari, parler). Chez les Romains l’enfant est « celui qui ne parle pas », il est une sorte de « non citoyen ». L’éducation se limite au dressage puisque les enfants sont considérés comme dénués de logique et d’intelligence. Les adultes ont alors la responsabilité de remplir cet esprit vide et de le commander.

    Au Moyen-Age = L’enfant est autant l’aboutissement du mariage chrétien que l’assurance de la pérennité de la famille. La mortalité infantile étant très fréquente, et la contraception inexistante une famille n’est réellement désignée comme telle que si les enfants pullulent. Mais ceux-ci n’ont aucune place particulière si ce n’est celle d’un objet/outil pour le monde du travail dans lequel ils rentrent dès qu’ils sont autonomes. Les adultes considèrent se sacrifier pour eux, agir pour leur bien, les enfants leur doivent en retour une totale soumission. Ce portrait de l’enfance semble froid, il n’en demeure pas moins qu’il ait pu exister des enfants réellement aimés malgré les risques de mortalité précoce et alors la difficulté de l’attachement.

    16°siècle = 2 conceptions de l’enfant s’affrontent : Il y a celle de l’enfant pêché, empli d’instincts mauvais dont on doit se méfier car porteur pêché originel. L’éducation est conçue comme un dressage, elle est autoritariste et coercitive et ce afin de remettre son esprit corrompu dans le droit chemin. Puis il y a celle de l’enfant jésus dans laquelle l’enfant de par sa proximité avec les origines serait un intermédiaire entre Dieu et les hommes. Les mesures éducationnelles ici tendent vers la préservation de l’innocence enfantine.

    « Dieu, qui connait le mieux les capacités des hommes, cache ses mystères aux sages et aux prudents de ce monde, et les révèle aux petits enfants » (Issac Newton)

      17° siècle = On assiste aux prémices de l’individuation de l’enfant. D’une part grâce à la dévotion grandissante envers l’enfant jésus (de plus en plus représenté à travers l’art) mais aussi parce que les femmes demandent à être accompagnées par des accoucheurs savants. Elles ne veulent plus mourir en couche, la vie de l’enfant devient de plus en plus importante, il convient de la préserver afin d’éviter le dépeuplement, et de limiter la mortalité infantile.

      18° siècle = Une nouvelle conception de la famille apparait avec la révolution industrielle qui est centrée sur le foyer. Davantage dans les familles bourgeoises, le nourrisson tient alors une place centrale et le regard porté sur l’enfant se modifie lentement. Cela dit il reste une main d’œuvre docile et exploitable, ainsi qu’une source de revenus supplémentaires notamment dans les classes ouvrières (mines, forges, fabriques, 15h/jour !)

    Pourtant, un écrit devenant vite populaire (malgré la censure) vient remettre sérieusement en question la place de l’enfant dans la société et plus particulièrement la façon dont l’adulte l’éduque. 

    « L’enfance a des manières de voir, de penser, de sentir qui lui sont propres ; rien n’est

    moins sensé que d’y vouloir substituer les nôtres. Laissez murir l’enfance dans les enfants. »

    Citation de Jean-Jacques ROUSSEAU dans son L’Emile ou de l’éducation (1762). Il s’agit d’un traité d’éducation sur l’art de former les hommes, l’auteur comptant sur les enfants pour fonder la société nouvelle. Il convient alors dit-il de laisser s’épanouir la nature de l’enfant et de l’aider à grandir selon ses dons, ses goûts et sa personnalité (bannissement de l’éducation coercitive)

     

    19° siècle = De plus en plus d’écrits et d’initiatives sont consacrés à la survie de l’enfant (+ progrès médical avec la découverte de l’asepsie/l’antisepsie); ce qui dénote d’une prise de conscience de la valeur de l’enfance (amélioration des conditions d’accouchement, asiles-dortoir pour femmes enceintes, lutte contre l’infanticide, surveillance des nourrices, répression pénale des sévices sexuels sur l’enfant…).

    La notion de droit à la survie et au secours émerge, puis la notion de droit de se développer normalement dans des conditions raisonnables.

    Un appareil juridique, qui accorde peu à peu un statut à l’enfant se met en place, la protection de l’enfance étant assurée essentiellement par l’Etat. Celui-ci prend aussi en charge les orphelins, les délinquants et les enfants dit « anormaux ». Des institutions sociales sont également créées (ancêtres de l’Aide Sociale à l'Enfance et de la Protection Judiciaire de la Jeunesse). 

    20° siècle = La convergence de plusieurs facteurs explique l’évolution de la place de l’enfant jusqu’à nos jours : développement d’un cadre législatif, baisse de la mortalité infantile et progrès médicaux, baisse de la natalité, augmentation du nombre de femmes qui travaillent et ainsi accroissement des gardes à l’extérieur du domicile et de la scolarisation des jeunes enfants, augmentation des familles monoparentales ou recomposées, et « vulgarisation » de la psychologie qui permet à un large public de connaître les données de recherche.

    → Il en résulte une modification des représentations et perceptions relatives à l’enfance, et ainsi des pratiques. Aujourd’hui l’enfant est considéré comme une personne à part entière avec sa personnalité, ses compétences, son point de vue cognitif et social.

      1924 : Déclaration internationale des droits de l’enfant adoptée par la Société des Nations.

    1989 : Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’O.N.U.

       Il y aurait encore 1000 éléments à relater sans compter les nombreuses questions soulevées aujourd’hui à travers des recherches, des initiatives sociales et culturelles, des faits de société, le droit de la famille, mais aussi les médias et la publicité.

    Enfant individu, enfant roi ? Enfant consommateur, enfant influençable ? Parole de l’enfant, vulnérabilité ? Enfant performant, autonome ?

      " Enfance. Période intermédiaire de la vie humaine entre l'idiotie de la prime enfance et la folie de la jeunesse, deux stades au-dessus de la faute originelle et trois stades en-dessous des remords de la vieillesse." (Ambrose Bierce)

     

     
     

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