Bon, même si on n’aime pas le terme « propre », on a surtout voulu insister sur le terme acquisition et non apprentissage.
Apprentissage : c’est l’adulte qui intervient.
Et l’idée est là ! Le laisser acquérir la maîtrise de ses sphincters à son rythme. Il faut donc qu’il soit prêt.
Quelques exemples :
On peut avoir un pot dans les toilettes, juste pour que l’enfant découvre cet objet, sache qu’il existe. Pas besoin de lui montrer tous les jours, hein Une fois, c’est bien. Viendra un moment où il s’y intéressera davantage.
Quand le loulou a la couche sèche ou qu’il montre l’envie d’aller sur le pot ou qu’il montre que la couche pleine le gêne, on peut commencer à lui proposer le pot au moment de l’habillage par exemple. Il y va, c’est bien. Il y va pas, c’est pas grave. L’important est de ne pas sacraliser le passage aux toilettes : ne pas récompenser (s’il le fait pour quelque chose, il ne le fait pas pour lui. Quelle sera la limite ? Jusqu’à quand donnera t’on une récompense ?), ne pas féliciter de manière excessive, ne surtout pas disputer, ne pas faire du chantage ou manipuler. Comme pour beaucoup de choses, si l’enfant ressent toute l’importance que ça peut avoir pour l’adulte, s’il ressent qu’il y a un enjeu, le risque est que pour faire plaisir, il y aille et le jour où il est contrarié, il n’ira pas. Or, le but, c’est vraiment qu’il aille à son rythme, parce qu’il en a envie, pour lui. C’est un processus naturel, il ne faut donc pas en faire des tonnes
Si l’adulte propose à l’enfant d’aller sur le pot,
si l’adulte n’attend pas que le petit demande, il anticipe ses besoins. Il anticipe ses ressentis. L’enfant n’aura pas le temps de ressentir ce qu’il se passe dans son corps et il ne prendra pas l’habitude d’avoir lui-même la démarche. Il restera quelque part dépendant de l’adulte. Proposer un peu, c’est bien. Proposer systématiquement, ça aide pas forcément.
Quand il commence à dire, demander ou montrer qu’il a besoin d’aller aux toilettes, on peut lui proposer d’enlever la couche et de mettre une culotte. C’est lui qui décide. Il met la culotte : c’est bien. Il préfère la couche : c’est pas grave. Ne soyez pas déçu. Il est important de donner le choix à l’enfant. Lui donner deux alternatives, c’est garder sa place d’adulte tout en rendant l’enfant acteur. Et plus il sera acteur, plus il sera coopératif et mieux ça se passera. Alors que plus on insiste, plus on complexifie la situation.
Le rapport de force où on impose à l’enfant n’est pas constructif. Productif peut-être. On voit certains enfants sur le pot très tôt et/ou qu’on oblige à rester dessus. L’enfant y va parce que l’adulte demande, pas parce qu’il est prêt… D’autres pratiques encore peuvent amener un résultat (« génial, il est propre ») mais il y aura eu un loupé dans le processus et il pourra y avoir des répercussions plus tard (énurésie, manque de confiance en soi, tempérament anxieux, etc.). Ce sont des conséquences qui ne sont pas visibles à proprement parlé et qu’on ne peut pas seulement associer à l’acquisition (apprentissage…) de la propreté : un enfant peut être anxieux pour bien des raisons. Mais pourquoi en créer une de plus en lui proposant (imposant) le pot trop tôt ?
Quand on commence à enlever les couches, on pense à mettre des vêtements souples et faciles à baisser Pas besoin de difficulté supplémentaire !
Si l’enfant n’arrive pas à maîtriser ses sphincters et qu’il y a plusieurs accidents (là encore, je n’aime pas le terme mais ça parle à tout le monde), il ne faut pas hésiter à proposer de remettre des couches. Des pipis sur soi à répétition, on comprendra bien que ce n’est pas facile à vivre, que ça peut être ressenti comme un échec et une humiliation, surtout si c’est devant d’autres personnes.
La régression est normale et parfois même nécessaire ! Il mettait des culottes, ça se passait bien et d’un coup, il veut une couche ? Pas grave. Il a peut-être besoin de revenir à une étape de son développement qui le sécurise pour se rassurer, se donner confiance en lui et retenter. Revenir à une étape qu’il maîtrise pour mieux aller de l’avant ensuite.
Et puis, il y a des jours où il n’aura pas envie, où il sera fatigué, ou trop occupé à autre chose. Donc pas d’inquiétude.
Questionnons-nous sur nos attitudes. On manque parfois de cohérence… Quand j’attends de l’enfant qu’il aille aux toilettes comme « un grand » mais que je le lange encore comme « un petit », alors qu’il est capable de se déshabiller, de se laver seul si je l’accompagne…
Une autre attitude à questionner : quand on montre à l’enfant notre dégoût (« la couche est sale, ça sent pas bon », etc.). Il faut savoir que pour le loulou, dans son développement arrive une étape où il ressent une angoisse de morcellement. Il a l’illusion terrifiante de perdre un morceau de lui-même quand il a des selles. C’est pour cela aussi qu’en général, faire pipi dans le pot, c’est plus facile que caca… Quand le petit a des selles dans sa couche, c’est chaud sur sa peau, c’est érogène. C’est plaisant, c’est rassurant. Oui, c’est incompréhensible pour nous mais bon, on y est passé aussi Du coup, quand on montre notre dégoût par rapport à ses « productions », ça peut être comme si on avait du dégoût pour lui. Attention à ne pas en faire trop et à mettre les mots…
On sait que ce n’est pas facile. Il y a la pression par rapport à l’école, l’entourage… et même les médecins ! Une amie me racontait que son généraliste lui a dit concernant sa petite âgée de 29 mois environ qu’elle avait loupé le coche. Non, il aurait fallu lui enlever la couche entre 20 et 22 mois ! Super culpabilisant et totalement faux !!! Sur quoi il se base ? Pas sûre qu’il se soit mis à la page et ait lu les dernières études sur le développement de l’enfant. Si j’avais su, je l’aurais invité à la réunion Nanméo ! Courage, confiance ! Confiance en votre loulou et confiance en vous ! J’vous jure, ce genre de discours… Mode grizzli on !
Le risque quand l’échéance par rapport à la rentrée scolaire se réduit, c’est de suivre les bons conseils du genre « c’est l’été, mets-le cul nu ». Bah oui, bien sûr ! On lui impose donc. Pas d’alternative. Rapport de force, risque de conflits… Et aussi risque de perdre en estime de soi et confiance en soi si le petit se fait dessus. C’est angoissant de ne pas maîtriser ! »Cul nu » : oui, s’il le veut bien. Disons qu’en été, on peut plus facilement les laisser en slip, ça leur évite d’avoir à baisser pantalon + culotte et le linge sèche plus vite Mais ça n’empêche qu’il doit rester acteur et être d’accord.
Il faut le temps que l’idée chemine. C’est pour ça qu’un pot dans les WC aux alentours des 18 mois du loulou, ça peut être un début. Il le voit, il se familiarise avec. Et puis tout doucement, l’intérêt va être grandissant. Peut-être avec un passage à la culotte rapide ou juste avant l’école.
Il y a quelques livres jeunesse qui en parlent. J’avais écrit un article sur « Qu’y a t’il dans ta couche ? » mais il y en a d’autres. Après, attention à ne pas l’inonder avec ce thème dans l’espoir de faire passer le message
Où mettre le pot ?
Plutôt réducteur ou pot ?
Parfois, il arrive que le loulou ait des « accidents » à la crèche, alors qu’à la maison, ça se passe bien. Chez lui, ses parents sont plus disponibles que les professionnels (qui essaient pourtant mais prennent en charge un groupe). En structure, l’enfant fait peut-être moins attention parce qu’il est en train de jouer avec ses copains. Peut-être aussi que s’arrêter dans son jeu pour aller aux toilettes, c’est prendre le risque de « perdre » son jouet. C’est du vécu, ça A la crèche, on propose aux enfants de mettre le jouet
Pour compléter cet article, je vous invite à lire le compte-rendu de l’intervention d’Isabelle Gien, kinésithérapeute spécialisée dans la rééducation périnéale des ENFANTS et des adultes et de Lucie Larcin, Educatrice de Jeunes Enfants sur le site VAE EJE. Archi intéressant !!
Il y a aussi un pdf à télécharger : « Charlotte dans « Quand je serai propre… » Cliquer sur : moutard_quand je serai propre
Un super document à lire et à partager ! Il y en a d’autres d’ailleurs sur différents thèmes pour soutenir la parentalité (colère, etc.). Une mine d’or !