• Les paroles adressées à l’enfant et la conception de l’image de soi (Patrick Mauvais)

     

    Des nombreuses expériences ont été faites depuis 1940 à aujourd’hui. Elles ont démontrés que le jeune enfant est réceptif et sensible à la parole. On peut évoquer les travaux de Françoise Dolto, qui a mis en évidence les enjeux de parler à l’enfant. Elle a permis de mettre l’importance sur le fait de parler au jeune enfant. Un grand nombre d’adulte, reconnait la nécessite de parler à l’enfant même si l’enfant ne peut être en capacité de tout comprendre, il reste cependant réceptif.

    Il y a une grande disparité dans la façon de s’adresser à l’enfant. Du coup, on est passé dans une surenchérisation au niveau de la parole adressé à l’enfant et d’être dans  un flux d’information. L’adulte se place dans une position de « convaincre » et non d’ « explication ».

    Lorsque nous adressons à l’enfant, nos mots peuvent évoquer le monde, des objets  … Nous transmettons alors une certaine image à l’enfant. Dans les mots que nous mettons à la bouche, il y en a qui sont plus utilisé que d’autres, nous véhiculons alors plus ou moins une certaine image du monde extérieur. Ce qui revient le plus chez les adultes (de manière inconsciente) sont les injonctions, des interdictions, des mises en garde et par conséquent des images négatives. Des vocabulaires peuvent aussi dominé de manière toujours inconsciente chez l’adulte. Exemple : « L’enfant vulnérable ».

    L’inquiétude peut apparaitre au moment du repas où le professionnel par la parole émet une crainte, ceci peut concerner au niveau de la « propreté » lors du repas. Exemple : comment l’enfant se saisit de la nourriture, avec les mains ou la cuillère ? Par conséquent, en tant que professionnel, comment ne pas se saisir de critique lors de ce moment ?

    Pourtant, ces situations font références aux normes et aux règles. Les paroles de l’adulte sont souvent centrées sur l’enfant et souvent avec de bonnes intentions, malgré tout essayons de nous questionner sur l’accompagnement de ces expériences chez le jeune enfant.

    Quand l’accompagnement de l’enfant par l’adulte est discret et pondéré, l’enfant peut avoir la possibilité d’expérimenter ses découvertes jusqu’à leur terme. En le félicitant, ceci peut avoir un effet pervers. L’enfant peut alors expérimenter pour attendre un compliment et non par plaisir. L’enfant construit l’image de lui-même par rapport au regard de l’adulte, le regard n’est pas seulement l’œil mais aussi le visage (mobilité, ton et musicalité de la voix …). On peut dire que le visage de l’adulte est le premier miroir de l’enfant, ce miroir façonne la situation dans lequel il se trouve. La voix de l’adulte permet à l’enfant de comprendre le climat dans lequel il se trouve. Tout cela engendre un climat pour l’enfant. Dire et s’adresser à l’enfant se passe dans la manière de faire.

    Les travaux sur le langage entre la mère et son enfant ont mis en évidence, les mots affectifs qui traduisent l’investissement maternel. Souvent, les professionnels portent l’importance sur la position des parents lors de cet accompagnement, cependant on oublie que la richesse s’opère sur la relation émotionnelle et l’importance d’un climat émotionnelle chaleureux. Pour que cet accompagnement soit réussi, il faut que ce climat soit tempérer.

    Les enjeux d’une parole adaptée 

    Parler avec des mots juste et adapté, c’est faire preuve de recherches. Une parole ajustée, c’est d’abord une parole qui s’appuie sur l’attention à l’enfant : ici et le maintenant. (Rapport au temps). Les paroles qu’on adresse à l’enfant sont une création continue, ils ne doivent pas être des mots appris par cœur, répétitif et sans âme. C’est notre attention qui est à la source des mots. Exemple d’un professionnel démunit face à un enfant : « Mais tu sais très bien que je ne peux pas m’occuper de toi, je te l’ai dit combien de fois »ou « tu en as encore mis partout », s’adresser comme cela à l’enfant ne règle rien. Dans la deuxième phrase, le mot « encore » amplifie, c’est une image transmis à l’enfant, il peut à cet instant là rien dégager de positif. La phrase « c’est n’importe quoi » que beaucoup prononce est une phrase imprécise. Les comparaisons lors des repas « regarde un tel à fini », ne sont pas des images positives pour l’enfant. Le mieux est de revenir sur des mots qui nous échapper face à l’enfant, nous avons rien à y perdre mais tout à gagner.

    L’importance d’une parole empathique, est un mot devenu à la mode. L’empathie n’est pas la sympathie et l’empathie n’exclue pas la fermeté. Il est possible d’être à la fois empathique et ferme. Exemple : « Ecoute, j’ai bien compris ce que tu veux, mais ça ce n’est pas possible ». Quand, on est à la fois empathique et ferme on permet à l’enfant de pouvoir évoluer sereinement et de développer une image de soi. Dans les situations de la vie quotidienne, exemple un bébé surpris, effectivement la parole adresser à l’enfant permettra de faire tout d’abord le filtre par rapport à ce qui s’est passé et de lui permettre de retrouver une tranquillité perdue.

    La parole permet de présenter le monde à l’enfant, exemple : « je vais changer ta couche ». L’idéal est de le faire légèrement avant et pas pendant.

    S’adresser à l’enfant, c’est avant tout le considérer et lui parler sous forme interrogative, elle permet de créer une ouverture et de permettre à l’enfant d’avoir son champ de réponse. Une fonction de la parole c’est d’aider à l’intégration des règles sociales.

    Il faut penser à des règles limités et indiscutables pour ne pas être noyé dans l’incompréhension et les nombreuses reformulations. L’emportement de l’adulte qui est démunis, disqualifie lui-même et ne rend plus crédible la règle en elle-même. Parfois les adultes s’épuisent à redire les mêmes choses de façon récurrentes. Si l’adulte a dit : « non » plusieurs fois en raison du danger, d’une interdiction, il ne sert à rien de se justifier de nouveau. L’enfant nous a déjà entendu dire « non » et pourquoi nous disons cela, soyons économique et ainsi nous protégeons notre propre conscience émotionnelle.

    Cette phrase, « Je ne suis pas d’accord » renvoie à nos propres règles sociales, si nous ne sommes pas d’accord autant dire « non » que cette phrase. Pourtant en cherchant à éviter ce « non », nous nous épuisons nous même et nous ne donnons pas une meilleure image.

    Favoriser le ton bas, lorsque les enfants sont bruyants afin de les ramener au calme et pensez à s’assoir dans l’espace.


    votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire
  • Pour une enfance heureuse Catherine Gueguen


    Des découvertes récentes sur le développement du cerveau bouleversent notre compréhension de l’enfant quant à ses besoins affectifs essentiels pour devenir un être humain épanoui.
    Qu’est-ce qui favorise le bon développement de l’être humain ? Les progrès réalisés ces dix dernières années dans la connaissance du cerveau affectif de l’enfant sont considérables et nous permettent de mieux répondre à cette question.
    Ces découvertes scientifiques vont toutes dans le même sens, modifient notre compréhension de l’enfant et nos idées préconçues sur une bonne éducation : une relation « idéale », empathique, soutenante, aimante se révèle la condition fondamentale pour permettre au cerveau d’évoluer de manière optimale pour déployer toutes ses facultés affectives (vécus et expression des émotions, sentiments, capacité relationnelle) et intellectuelles (mémoire, apprentissage, réflexion).
    Durant les premières années de la vie, le cerveau est très vulnérable : les relations des parents et de l’entourage avec l’enfant ont des effets profonds sur les structures et les circuits cérébraux, sur le développement global de son cerveau, qui n’atteindra sa maturité qu’à la fin de l’adolescence. Ces relations retentiront ainsi de façon déterminante sur le comportement social et cognitif de l’enfant, notamment sa capacité à surmonter le stress, à vivre ses émotions et à exprimer son affectivité.

    La particularité du cerveau de l’enfant est d’être très malléable, (il se modifie), très immature et très vulnérable. Durant tout son parcours de vie, les premières années d’un être humain sont les années durant lesquelles son cerveau est le plus fragile.
    Tout ce que va vivre l’enfant , toutes ses expériences affectives, relationnelles vont s’imprégner au plus profond de lui, dans son cerveau, modifiant , modelant, ses neurones , ses circuits cérébraux, ses molécules cérébrales, ses structures cérébrales et même l’expression de certains gènes.
    Quand l’enfant a la chance d’avoir autour de lui des adultes attentifs, bienveillants, aimants, empathiques, l’enfant va se développer au maximum de ses possibilités aussi bien au niveau intellectuel qu’affectif.
    A contrario, quand l’enfant est entouré d’adultes durs, rigides, non empathiques, les conséquences se feront sentir sur sa santé physique, psychologique ( anxiété, dépression, agressivité) et sur son intellect.


    Un autre point important à connaître est de savoir que le cerveau de l’enfant extrêmement immature explique que l’enfant n’est pas encore capable de faire face à ses émotions.
    Par exemple, nombre d’adultes se plaignent que leur enfant de trois ans fait des caprices, des colères, hurle, a des cauchemars, ne veut pas dormir seul etc……. Mais c’est normal à cet âge ! La partie du cortex qui contrôle nos impulsions ne commence à mûrir qu’entre 5 et 7 ans. En dessous de 5 ans, le cerveau archaïque et émotionnel domine et l’enfant se contrôle difficilement : il tempête pour obtenir ce qu’il aime, de même qu’il est traversé par des peurs incontrôlées, de véritables angoisses et de très grands chagrins. Il ne s’agit ni de caprices, ni d’un trouble pathologique du développement mais la conséquence d’une immaturité de son cerveau……
    Nous adultes nous avons dans notre cerveau une structure très complexe, le cortex préfrontal, qui nous permet quand nous sommes envahis d’émotions désagréables, d’analyser la situation, d’y réfléchir, de prendre du recul, de réaliser que nous pouvons agir autrement.
    Le cortex préfrontal chez l’enfant n’est pas du tout mature, les circuits qui relient ce cortex avec le cerveau émotionnel ne sont pas encore bien fonctionnels. Son cerveau émotionnel et archaïque sont dominants. C’est pourquoi l’enfant va réagir impulsivement soit en attaquant soit en fuyant, c’est le cerveau archaïque. L’enfant petit reçoit les émotions de plein fouet, sans filtre, sans possibilité de s’apaiser seul. Quand il est en colère, quand il est triste, angoissé, a peur, ses émotions sont extrêmement intenses, sans avoir la capacité de s’apaiser, de se consoler seul. Il ne peut pas. Quand l’entourage ne console pas l’enfant, il est en proie à des molécules de stress (cortisol, adrénaline…) très toxique pour son cerveau en développement.


    Un comportement affectueux a un impact positif considérable sur la maturation des lobes frontaux de l’enfant. Il parviendra alors plus rapidement à gérer les émotions envahissantes et les impulsions de son cerveau émotionnel et archaïque. Ce moment de la vie de l’enfant où il est soumis à de véritables tempêtes émotionnelles ne durera pas si les adultes apaisent l’enfant au lieu de le réprimander plus ou moins violemment, en le menaçant, en criant, en s’énervant, en punissant ou en frappant. Chaque fois que l’adulte rassure, sécurise, console, câline l’enfant, a une attitude douce, chaleureuse, un ton de voix calme, apaisant, un regard compréhensif, il aide l’enfant à faire face à ses émotions et à ses impulsions.
    Etre empathique, aimant ne veut pas dire céder à toutes ses envies, à toutes ses impulsions. Dire non, lui transmettre des valeurs, lui donner des limites passent d’abord par notre attitude. Nous sommes un modèle pour lui. Les limites seront données avec calme et douceur sans jamais lui faire peur.

    La peur, le stress sont très néfaste pour son cerveau immature. La structure cérébrale qui apaise la peur n’est pas encore développée chez l’enfant. Nous adultes, avons les structures cérébrales qui nous permettent de faire face aux peurs et de pouvoir calmer notre amygdale cérébrale, centre de la peur. L’enfant lui ne peut pas calmer son amygdale cérébrale. La peur est donc très nocive durant les premières années de vie.

    Le stress quand il est intense détruit des neurones dans de nombreuses parties du cerveau……Les paroles utilisant le chantage, les menaces, les paroles dévalorisantes, les gestes brusques ou brutaux : pousser l’enfant, le tirer, ou le frapper , faire peur à l’enfant en criant, faisant les gros yeux. Toutes ces attitudes provoquent un stress très important très préjudiciable pour le cerveau de l’enfant. : l’enfant devient anxieux, déprimé, triste …….
    Quand l’enfant est stressé son organisme sécrète de l’adrénaline, du cortisol, molécules qui en quantité modérée ne sont pas nocives mais qui deviennent très toxiques quand leur sécrétion est fréquente et abondante. Lors de stress important, chronique le cortisol peut détruire les neurones dans des structures cérébrales très importantes (cortex frontal, hippocampe, amygdale, cervelet, corps calleux).

    La peur empêche de penser et d’apprendre.
    Apprendre est essentiel pour un enfant. Il a soif d’apprendre, de découvrir, de comprendre. Plus l’apprentissage baigne dans une atmosphère soutenante et encourageante pour l’enfant, meilleures seront sa mémorisation et sa compréhension. Le stress qui règne dans une classe, la peur du regard des autres ou de paraître nul devant le professeur et les camarades de classe, peuvent sont contre performants et altèrent l’apprentissage.
    Le stress subi par l’enfant quand il étudie peut diminuer le nombre de neurones dans l’hippocampe, (structure dévolue à la mémoire et à l’apprentissage) voire même les détruire.
    Quand les enseignants intègrent ces connaissances sur les effets délétères du stress sur le cerveau de l’enfant, ils modifient leur manière d’enseigner et les enfants ne subissent plus de pression inutile. L’ambiance dans la classe devient agréable aussi bien pour l’enseignant que pour les enfants. Ils sont alors disponibles pour apprendre et les résultats s’améliorent.
    En effet, que se passe-t-il au niveau de l’hippocampe quand les professeurs pressurisent leurs élèves, ont des paroles négatives, blessantes, humiliantes ? : « Tu ne comprends rien, tu es vraiment nul, tu es en dessous de tout !! » Que se passe-t-il quand les parents, de même, mettent de la pression, s’énervent, crient par exemple, lors des devoirs le soir à la maison ? : « Tu n’apprendras donc jamais rien ! Tu es un bon à rien, tu es un incapable ! Qu’est-ce-que qu’on va faire de toi plus tard ? »
    Dans ces situations, les professeurs et les parents altèrent les capacités d’apprentissage, de mémorisation et de réflexion de l’enfant, à l’inverse du but recherché.
    En 2012, une étude réalisée par Joan Luby, professeur de psychiatrie à l’université de Saint-Louis, montre que lorsque la mère soutient, encourage son enfant quand il est petit, son hippocampe augmente de volume.
    Cette étude concerne 92 enfants et révèle le lien entre une attitude soutenante dans la petite enfance et l’augmentation du volume de l’hippocampe entre 7 et 13 ans.
    Dès que le stress est là, les circuits qui nous permettent de penser, d’apprendre, de réfléchir, de mémoriser sont perturbés voire inhibés. Plus le stress est intense, plus nous sommes dépossédés de nos facultés intellectuelles et penser clairement n’est plus possible.
    C’est un cercle vicieux : quand l’enfant a peur, il apprend mal, a de mauvaises notes, est en situation d’échec. Il se sent alors nul, humilié et ne veut plus aller en classe. Les méthodes d’enseignement bannissant totalement la peur et le stress sont beaucoup plus agréables et satisfaisantes pour le professeur mais en plus permettent aux élèves, aux étudiants de mieux apprendre, de mieux mémoriser et d’être plus créatifs.
    Le petit de l’homme a besoin d’être entouré d’adultes empathiques qui montrent le chemin, l’élèvent dans une ambiance chaleureuse, aimante, faite de respect et lui donnent confiance en lui-même et dans la vie.
    Si dès la petite enfance, l’enfant ne rencontre sur sa route que dureté, rigidité, non respect, le développement de son cerveau peut être altéré, entrainant des effets négatifs sur ses capacités cognitives et affectives, sur son humeur avec des manifestations anxieuses, dépressives, agressives entravant sa vie personnelle et relationnelle. La dureté physique ou psychologique durant l’enfance freine le bon développement des enfants, a des répercussions sur sa vie d’adulte en terme de santé physique et psychologique et peut laisser une empreinte sur la génération suivante.
    C’est un coût très important pour la personne elle-même car elle souffre et ne s’épanouit pas mais c’est un coût également pour toute la société qui prend en charge ses difficultés physiques et psychologiques parfois très importantes, ses difficultés d’apprentissage et ses troubles du comportement qui peuvent conduire à des conduites d’agression, de délinquance.
    Etre chaleureux avec l’enfant, lui donner confiance, l’encourager, le soutenir, avoir du respect et de la considération pour lui n’est pas une utopie mais est au contraire tout à fait réalisable si la motivation est là.


    Dr Catherine Gueguen


    votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire
  • article issu du blog : http://madamegazouille.fr/2015/06/lacquisition-de-la-proprete/

    L’acquisition de la propreté

    L’acquisition de la propreté pour l’enfant… vaste sujet ! C’était celui de la réunion à thème que nous avons organisée le mois dernier avec Sandra Loddo, éducatrice de jeunes enfants.

     Bon, même si on n’aime pas le terme « propre », on a surtout voulu insister sur le terme acquisition et non apprentissage.

     Apprentissage : c’est l’adulte qui intervient.

    Acquisition : c’est l’enfant qui est acteur.
     

     Et l’idée est là ! Le laisser acquérir la maîtrise de ses sphincters à son rythme. Il faut donc qu’il soit prêt.

    Et ça ne dépend pas que de sa volonté ! Il faut qu’il soit mature sur différents plans : physique et émotionnel.

    Quelques exemples :
    On dit qu’il faut que le loulou sache monter et descendre les escaliers, qu’il soit capable de s’accroupir (maturité des muscles du périnée).
    L’enfant doit être prêt à ressentir ce qui se passe dans son corps. Il expérimente, ressent. Et ça, ce n’est possible qu’à partir de 18 mois, quand la myélinisation des nerfs est faite.
    S’il est dans un pic d’opposition, il se peut qu’il dise « non » au pot et pas que au pot ! Il doit être apaisé par rapport à l’affirmation de soi, par rapport à son autonomie.
    propret

     

    En pratique :

     On peut avoir un pot dans les toilettes, juste pour que l’enfant découvre cet objet, sache qu’il existe. Pas besoin de lui montrer tous les jours, hein ;-) Une fois, c’est bien. Viendra un moment où il s’y intéressera davantage.

     Quand le loulou a la couche sèche ou qu’il montre l’envie d’aller sur le pot ou qu’il montre que la couche pleine le gêne, on peut commencer à lui proposer le pot au moment de l’habillage par exemple. Il y va, c’est bien. Il y va pas, c’est pas grave. L’important est de ne pas sacraliser le passage aux toilettes : ne pas récompenser (s’il le fait pour quelque chose, il ne le fait pas pour lui. Quelle sera la limite ? Jusqu’à quand donnera t’on une récompense ?), ne pas féliciter de manière excessive, ne surtout pas disputer, ne pas faire du chantage ou manipuler. Comme pour beaucoup de choses, si l’enfant ressent toute l’importance que ça peut avoir pour l’adulte, s’il ressent qu’il y a un enjeu, le risque est que pour faire plaisir, il y aille et le jour où il est contrarié, il n’ira pas. Or, le but, c’est vraiment qu’il aille à son rythme, parce qu’il en a envie, pour lui. C’est un processus naturel, il ne faut donc pas en faire des tonnes :-)

     Si l’adulte propose à l’enfant d’aller sur le pot,

    si ça ne vient pas du loulou lui-même,
    si l’adulte n’attend pas que le petit demande, il anticipe ses besoins. Il anticipe ses ressentis. L’enfant n’aura pas le temps de ressentir ce qu’il se passe dans son corps et il ne prendra pas l’habitude d’avoir lui-même la démarche. Il restera quelque part dépendant de l’adulte. Proposer un peu, c’est bien. Proposer systématiquement, ça aide pas forcément.

     Quand il commence à dire, demander ou montrer qu’il a besoin d’aller aux toilettes, on peut lui proposer d’enlever la couche et de mettre une culotte. C’est lui qui décide. Il met la culotte : c’est bien. Il préfère la couche : c’est pas grave. Ne soyez pas déçu. Il est important de donner le choix à l’enfant. Lui donner deux alternatives, c’est garder sa place d’adulte tout en rendant l’enfant acteur. Et plus il sera acteur, plus il sera coopératif et mieux ça se passera. Alors que plus on insiste, plus on complexifie la situation.

     Le rapport de force où on impose à l’enfant n’est pas constructif. Productif peut-être. On voit certains enfants sur le pot très tôt et/ou qu’on oblige à rester dessus. L’enfant y va parce que l’adulte demande, pas parce qu’il est prêt… D’autres pratiques encore peuvent amener un résultat (« génial, il est propre ») mais il y aura eu un loupé dans le processus et il pourra y avoir des répercussions plus tard (énurésie, manque de confiance en soi, tempérament anxieux, etc.). Ce sont des conséquences qui ne sont pas visibles à proprement parlé et qu’on ne peut pas seulement associer à l’acquisition (apprentissage…) de la propreté : un enfant peut être anxieux pour bien des raisons. Mais pourquoi en créer une de plus en lui proposant (imposant) le pot trop tôt ?

    C’est parfois compliqué de ne pas tomber dans le rapport de force parce qu’on est convaincu de faire pour son bien. Mais il faut y être vigilent.

     Quand on commence à enlever les couches, on pense à mettre des vêtements souples et faciles à baisser :-) Pas besoin de difficulté supplémentaire !

     Si l’enfant n’arrive pas à maîtriser ses sphincters et qu’il y a plusieurs accidents (là encore, je n’aime pas le terme mais ça parle à tout le monde), il ne faut pas hésiter à proposer de remettre des couches. Des pipis sur soi à répétition, on comprendra bien que ce n’est pas facile à vivre, que ça peut être ressenti comme un échec et une humiliation, surtout si c’est devant d’autres personnes.

     La régression est normale et parfois même nécessaire ! Il mettait des culottes, ça se passait bien et d’un coup, il veut une couche ? Pas grave. Il a peut-être besoin de revenir à une étape de son développement qui le sécurise pour se rassurer, se donner confiance en lui et retenter. Revenir à une étape qu’il maîtrise pour mieux aller de l’avant ensuite.

     Et puis, il y a des jours où il n’aura pas envie, où il sera fatigué, ou trop occupé à autre chose. Donc pas d’inquiétude.

     

    1
    Source : Charlotte dans « quand je serai propre », www.one.be

     Questionnons-nous sur nos attitudes. On manque parfois de cohérence… Quand j’attends de l’enfant qu’il aille aux toilettes comme « un grand » mais que je le lange encore comme « un petit », alors qu’il est capable de se déshabiller, de se laver seul si je l’accompagne…

    Et cette notion de « grand » et de « petit », on devrait l’oublier. ça catalogue l’enfant. Et c’est compliqué pour lui parce que par rapport à son âge, il est dans une période d’affirmation de soi où les sentiments sont ambivalents : « j’ai envie d’être grand (= gagner en autonomie et indépendance) mais je veux aussi rester le bébé de papa et maman »… On en rajoute donc en utilisant ces termes.
    C’est comme comme on parle de l’école : « tu es un grand, tu y vas bientôt. – Oui j’ai envie mais ça fait peur aussi… Ah, il ne faut plus de culotte ? Je sais pas trop… Et puis, on me parle de l’école mais c’est pas concret pour moi : je sais pas vraiment ce que c’est, ce qu’on y fait et ça me parait loin, moi qui n’ait pas la notion du temps. »

     

    0
    Source : Charlotte dans « quand je serai propre », www.one.be

     

    On observe assez souvent à la crèche des enfants qui retirent la couche quelques semaines / jours avant la rentrée scolaire. Parce que ça y est, ils sont prêts. C’est concret. Alors je comprends tout à fait que ce soit flippant. On voit l’échéance se réduire. Courage, confiance ! Confiance en votre loulou ! Y’a pas de raison qu’il n’y vienne pas.

     Une autre attitude à questionner : quand on montre à l’enfant notre dégoût (« la couche est sale, ça sent pas bon », etc.). Il faut savoir que pour le loulou, dans son développement arrive une étape où il ressent une angoisse de morcellement. Il a l’illusion terrifiante de perdre un morceau de lui-même quand il a des selles. C’est pour cela aussi qu’en général, faire pipi dans le pot, c’est plus facile que caca… Quand le petit a des selles dans sa couche, c’est chaud sur sa peau, c’est érogène. C’est plaisant, c’est rassurant. Oui, c’est incompréhensible pour nous mais bon, on y est passé aussi ;-) Du coup, quand on montre notre dégoût par rapport à ses « productions », ça peut être comme si on avait du dégoût pour lui. Attention à ne pas en faire trop et à mettre les mots…

     On sait que ce n’est pas facile. Il y a la pression par rapport à l’école, l’entourage… et même les médecins ! Une amie me racontait que son généraliste lui a dit concernant sa petite âgée de 29 mois environ qu’elle avait loupé le coche. Non, il aurait fallu lui enlever la couche entre 20 et 22 mois ! Super culpabilisant et totalement faux !!! Sur quoi il se base ? Pas sûre qu’il se soit mis à la page et ait lu les dernières études sur le développement de l’enfant. Si j’avais su, je l’aurais invité à la réunion ;-) Nanméo ! Courage, confiance ! Confiance en votre loulou et confiance en vous ! J’vous jure, ce genre de discours… Mode grizzli on !

     Le risque quand l’échéance par rapport à la rentrée scolaire se réduit, c’est de suivre les bons conseils du genre « c’est l’été, mets-le cul nu ». Bah oui, bien sûr ! On lui impose donc. Pas d’alternative. Rapport de force, risque de conflits… Et aussi risque de perdre en estime de soi et confiance en soi si le petit se fait dessus. C’est angoissant de ne pas maîtriser !  »Cul nu » : oui, s’il le veut bien. Disons qu’en été, on peut plus facilement les laisser en slip, ça leur évite d’avoir à baisser pantalon + culotte et le linge sèche plus vite ;-) Mais ça n’empêche qu’il doit rester acteur et être d’accord.

     Il faut le temps que l’idée chemine. C’est pour ça qu’un pot dans les WC aux alentours des 18 mois du loulou, ça peut être un début. Il le voit, il se familiarise avec. Et puis tout doucement, l’intérêt va être grandissant. Peut-être avec un passage à la culotte rapide ou juste avant l’école.

     Il y a quelques livres jeunesse qui en parlent. J’avais écrit un article sur « Qu’y a t’il dans ta couche ? » mais il y en a d’autres. Après, attention à ne pas l’inonder avec ce thème dans l’espoir de faire passer le message :-)

     Où mettre le pot ?

    C’est important que l’enfant se familiarise avec cet objet et qu’il soit dans un lieu repère. Afin d’inculquer à l’enfant ce qu’est le respect de son intimité, on préférera le mettre aux toilettes. Certes, à la maison, c’est la sphère privée. Certains sont nus devant leur enfant et ça ne les dérangerait pas d’avoir le pot dans le salon par exemple. Je crois que chacun fait comme il veut concernant l’intimité et la nudité mais il y a des codes sociaux à transmettre : on ne se déshabille pas n’importe où, devant n’importe qui. A réfléchir donc. A verbaliser en tous cas.

     Plutôt réducteur ou pot ?

    ça dépend de l’enfant. Certains préféreront le pot parce qu’ils touchent le sol avec leurs pieds, que c’est moins haut et parce que dans les WC, il y a un trou. Un trou dans lequel le loulou peut avoir peur de tomber. Et puis quand on fait dans le trou et qu’on tire la chasse d’eau, tout s’en va. Le petit peut croire que s’il tombe, il partira dedans aussi. Et où ça va ??? (Attention, on a parfois tendance à répondre « dans la mer », ne soyons pas surpris si plus tard, ils ne veulent plus s’y baigner ;-) )
    Du coup, le pot peut rassurer.
    Et puis, d’autres enfants préféreront le réducteur, pour aller sur les toilettes, comme le reste de la famille.
    Comme tout à l’heure, pouvoir proposer deux alternatives au loulou, c’est le rendre acteur dans le processus.

     Parfois, il arrive que le loulou ait des « accidents » à la crèche, alors qu’à la maison, ça se passe bien. Chez lui, ses parents sont plus disponibles que les professionnels (qui essaient pourtant mais prennent en charge un groupe). En structure, l’enfant fait peut-être moins attention parce qu’il est en train de jouer avec ses copains. Peut-être aussi que s’arrêter dans son jeu pour aller aux toilettes, c’est prendre le risque de « perdre » son jouet. C’est du vécu, ça :-) A la crèche, on propose aux enfants de mettre le jouet

    de côté pour qu’ils le récupèrent en revenant dans la salle. ça le rassure.
    Il faut se dire que l’enfant peut avoir un comportement différent selon le lieu.
    L’endroit change, les adultes aussi. Chacun peut avoir une manière de faire différente. Le seul « point » qui ne bouge pas, c’est  l’enfant. C’est donc lui l’indicateur. Il faut le suivre, lui.

     

    Je finirai sur ça : il faut le suivre : LUI.

     Pour compléter cet article, je vous invite à lire le compte-rendu de l’intervention d’Isabelle Gien, kinésithérapeute spécialisée dans la rééducation périnéale des ENFANTS et des adultes et de Lucie Larcin, Educatrice de Jeunes Enfants sur le site VAE EJE. Archi intéressant !!

    Il y a aussi un pdf à télécharger : « Charlotte dans « Quand je serai propre… » Cliquer sur : moutard_quand je serai propre
    Un super document à lire et à partager ! Il y en a d’autres d’ailleurs sur différents thèmes pour soutenir la parentalité (colère, etc.). Une mine d’or !


    votre commentaire

  • votre commentaire